Diplomatie: La fondation OCP s’implique
Le Maroc part à la conquête des pays de l’Atlantique et la fondation OCP se positionne en chef de file dans cette offensive aux enjeux diplomatiques.
Le Maroc cherche une méthode pour attirer l’attention sur le poids économique que représentent les pays du Sud. L’OCP se positionne en chef de file dans cette quête. Voilà en gros, la toile de fond de la 2ème édition du forum «Dialogues Atlantiques» dont les travaux se sont déroulés à Rabat du 28 au 30 septembre 2012. En effet, pas moins de 300 personnalités du monde politique, économique et universitaire représentant 45 pays ont assisté à cette rencontre de haut niveau. Organisé conjointement par la fondation OCP et le German Marshall Fund (GMF) des États-Unis, cet évènement a été une réelle plateforme d’échanges destinés à promouvoir et renforcer la coopération politique, socio-économique et culturelle entre les pays du bassin atlantique. A ce niveau, et grâce aux efforts de la fondation OCP, le Maroc veut jouer le rôle catalyseur au sein de ces pays émergents. A cette occasion, Saâdeddine El Othmani, ministre des Affaires étrangères a déclaré, que «les pays du bassin Atlantique connaissent des évolutions sans précédent. D’où la nécessité de renforcer les coopérations et les partenariats Sud-Sud». En fait, il s’agit d’un renversement d’optique et de vision, il ne s’agit plus de penser au développement du Nord au Sud, mais de l’Est à l’Ouest des deux rives de l’Atlantique, en transversal. Autrement dit, plus entre «l’Europe et l’Afrique, mais entre l’Afrique et les Amériques», a souligné Thomas Shannon, ambassadeur des Etats-Unis au Brésil. En effet, le renversement de tendance auquel on assiste depuis quelques années avec la montée en puissance du Brésil, devenu la 5ème puissance émergente du monde avant la Grande-Bretagne et l’Italie, ouvre de nouvelles perspectives en termes de développement global pour les pays des deux rives de l’Atlantique Sud. Les débats ont porté pendant trois jours sur les différents aspects sectoriels comme l’énergie, l’environnement, l’agriculture, l’éducation, la femme, le trafic humain, la drogue, la santé et les droits de l’Homme. Le cadre, l’esprit et la méthodologie choisis confèrent à cet évènement un caractère interdisciplinaire d’Université d’automne.
L’Afrique au cœur de la réflexion mondiale
Au plan conceptuel, le choix du thème de l’Atlantique sud dans ses composantes géopolitiques tombe à point nommé. Thomas Shannon s’est fait fort de rappeler que «autant l’Atlantique Nord (OTAN) a été la conséquence de la guerre froide et de la rivalité militaire avec l’Union soviétique, autant l’Alliance de l’Atlantique Sud et la nouvelle alliance Atlantique constituent le produit des possibilités offertes, en ce sens, pour repenser l’Atlantique». Le mot fétiche est lâché, il invite les responsables à reconfigurer l’espace de coopération jusque là dominé par un «dialogue unilatéral»…dans lequel des pays entiers, voire des continents, sont des laissés pour compte. La crise mondiale n’a-t-elle pas révélé les fragilités insoupçonnables d’Etats considérés jusqu’il y a peu comme des citadelles solides ? C’est dans ce sens que Mostafa Terrab, président de l’OCP, a tenu à prévenir en ouvrant la session que «l’Afrique est la nouvelle zone émergente, alors que les politiques et les stratégies commerciales des pays du Nord continuent à la considérer comme un problème et non pas comme une opportunité»…! Or, l’Afrique en faveur de laquelle un plaidoyer général, sans discontinuité, a été prononcé n’est-elle pas devenue malgré elle l’enjeu géoéconomique et, demain peut-être la sphère à influences croisées ? C’est un panel tout entier qui a été consacré dimanche matin à l’Afrique, avec des interventions riches et multiples où les problématiques majeures ont été passées en revue et examinées : développement, environnement, sécurité alimentaire, sécurité tout court, drogue, emploi des jeunes, gouvernance, corruption, droits de l’Homme, etc…Changer de perception à l’égard de l’Afrique ! Tel est le leitmotiv, cesser de la considérer comme un problème, telle encore l’interpellation.