Dounia Taarji : « La confiance, c’est ce qui nous manque »
En marge de la seconde journée de l’Université d’été de la CGEM ce 14 septembre, Dounia Taarji a soulevé dans son intervention un point clé : le manque de confiance. La Présidente du Fonds Hassan II pour le Développement Économique et Social est en effet revenue sur les mutations sociales que le Maroc a ces 20 dernières années, et a remarqué que la confiance avait disparu, alors même que c’est le moteur du développement.
« Autrefois, 70% des Marocains vivaient à la campagne, aujourd’hui c’est tout le contraire. Le Maroc d’aujourd’hui est un Maroc connecté. Il y a une classe moyenne qui a émergé. C’est une classe moyenne qui se cherche et qui a un appétit légitime de consommation, mais elle est très frustrée. L’ascenseur social est en panne, les opportunités de carrières ne suivent plus. Nos jeunes ne trouvent pas de travail. Ils rêvent d’immigrer pour avoir une vie meilleure. Pourquoi sommes-nous arrivés là ? », a-t-elle souligné.
« Parce que notre croissance n’est pas assez suffisante pour créer assez ? Pourtant ces 20 dernières années, l’investissement public a été très important », a-t-elle poursuivi. Pour elle, l’ingrédient secret qui manque, c’est la confiance. « Le lien entre la confiance et la croissance a été établi par plusieurs études », a-t-elle assuré. Et, elle a appelé le Marocain à recommencer à croire en l’autre.
« La confiance, c’est ce qui nous manque, c’est ce que nous avons perdu. Aujourd’hui, nous croyons dans notre cercle proche, dans nos amis, mais où est notre niveau de confiance au-delà de ce cercle ? », s’est-elle demandé. « Notre niveau de confiance en l’autre est très bas. Par exemple, beaucoup d’entreprises familiales ne recrutent que dans l’entourage familial pour des postes de manager ou de responsabilité », a fait remarquer Dounia Taarji. Elle a plaidé pour que le Marocain tende de plus en plus la main à l’autre pour lui donner confiance.
« Qui tendra la main à ce jeune homme qui loue des parasols ? Qui l’aidera à sortir de l’informel ? Qui l’accompagnera auprès d’une administration pour avoir les autorisations nécessaires ? », a-t-elle demandé à l’assistance. « Dirigeants, et chefs d’entreprise, est-ce que vous avez la capacité à tendre la main ? Faire confiance à ces jeunes, à ces porteurs de projets est vital pour notre pays », a conclu Dounia Taarji.