Son objectif est clair : créer un front moderniste capable de s’opposer à la déferlante conservatrice. Driss Lachgar s’y emploie dans des conditions difficiles.

Le nouveau premier secrétaire de l’USFP est chahuté. Zaïdi et ses amis continuent à contester son élection et la manière dont le neuvième congrès s’est déroulé. Pourtant,  lui que l’on dit sanguin, refuse de répondre, d’entretenir une polémique, même si les médias l’y incitent. Lors d’une rencontre avec un groupe de militants à Casablanca,  militants loin d’être acquis à sa cause, il a exposé ses vues. Sa démarche consiste en un objectif : réinstaller le Tihad dans la société.  Il affirme bien connaître l’organisation et l’appareil. Il ne se fait aucune illusion sur leur état. « C’est une situation catastrophique, les blocages sont partout, les intérêts  individuels souvent très petits, bloquent tout ». Fort de ce constat, il a préféré revigorer, redonner vie aux secteurs. Il a déjà réuni les avocats, les ingénieurs  etc….Il compte multiplier ces contacts dans une approche qui reste empirique. « Si nous reprenions pieds dans ces secteurs l’organisation sera  renforcée et les blocages gommés petit à petit. » Il a des idées novatrices. Contrairement à ce qu’annoncent ses adversaires, il ne veut pas construire une chabiba à l’identique. L’expérience est très malheureuse, la jeunesse devenant un parti à l’intérieur du parti, sans grande influence dans la société.

Son  projet ce n’est pas de reconstituer des instances avec des affidés mais une véritable rénovation. Il voudrait que la chabiba organise les jeunes  entre 15 et 25 ans, qu’elle s’ouvre sur les milieux scolaires et estudiantins, qu’elle sorte du débat partisan, pour mieux répondre aux attentes de la jeunesse. Il compte  organiser un débat national sur la question pour aboutir à une forme d’organisation consensuelle. De son point de vue, il préfère des structures  régionales aboutissant à une forme de fédéralisme. Mais il n’est plus question de calquer l’architecture organisationnelle du parti avec un secrétaire  général, un bureau national et une commission administrative, organisation qui aboutit à une dualité handicapante. 

Le front social 

Driss Lachgar a entamé son  mandat par une initiative impossible à imaginer il y a quelques mois. Il a fait la tournée des syndicats les plus représentatifs, y compris  et surtout l’UMT. «La classe ouvrière est l’élément déterminant de la résistance sociale face au conservatisme libéral et l’UMT est une force réelle». Les  vieux clichés stigmatisant la première centrale syndicale sont effacés. Curieusement à part El Azzouzi, le secrétaire général de la FDT, syndicat maison du parti, tous les syndicalistes  apprécient l’approche. FDT-CDT et UMT entameront des négociations dans les prochaines semaines pour une plus grande coordination  et l’USFP devrait redevenir la caution politique de ce triptyque. C’est en tous les cas le voeu de Driss Lachgar. Sur le front culturel, le nouveau secrétaire de  l’USFP compte développer des structures d’accueil. « Cela passe par notre capacité à nous ouvrir sur les nouvelles technologies et à révolutionner nos  modes de communication ».

 Pour le moment, Driss Lachgar ne veut pas entendre parler d’alliances. « Il faut d’abord créer un front social  moderniste autour d’un projet clair. C’est sur la base de ce projet, défini, décliné, que l’USFP pourra tisser des alliances en position de leader et non pas de  complément ». Depuis son élection, Driss Lachgar multiplie les contacts pour expliquer sa vision et entraîner les militants, au delà d’un appareil qu’il sait  sclérosé, dans une démarche qui voudrait rendre à l’USFP son rôle de force motrice du projet moderniste. Il croit, dur comme fer, que les réticences de ses adversaires s’estomperont.  «Ce sont des Tihadis sincères pour la plupart, ils s’impliqueront quand ils verront qu’un nouveau processus est enclenché. » ■