DSK en maître à penser ( Par Jamal Berraoui )
La convocation par la commission du Senat français de DSK pour parler de l’évasion fiscale a constitué une vraie surprise. L’homme, catalogué comme un prédateur sexuel était considéré hors-jeu, sauf que son expertise est reconnue par tous.
Il a usé et abusé de ce statut, lors de cette audition. Il a d’abord expliqué que le système financier échappe totalement aux puissances publiques. « A chaque fois qu’on interdit des produits, qu’on réglemente des niches, le système en produit d’autres, tout aussi dangereux, ou carrément nocifs » a-t-il dit.
Il est le premier à dire, officiellement, que le gendarme est nu. « Les personnes chargées du contrôle n’ont pas les mêmes moyens que celles qu’elles sont censées contrôler. Les meilleurs sont dans le système financier, parce qu’elles gagnent jusqu’à 200 fois plus ». Le gendarme n’intervient qu’une fois la catastrophe actée, parce qu’il n’a pas les moyens de la prévenir.
Il a aussi mis à plat le plus grand problème, celui de l’inexistence d’un contrôle supranational, alors qu’il s’agit d’un système mondialisé. « Les contrôleurs nationaux préfèrent mettre la poussière sous le tapis ». Il a révélé qu’alors que l’U.E estimait les besoins des banques en recapitalisation à 3 milliards d’Euros, le FMI, sur la base des mêmes chiffres, estimait le besoin à 70 milliards d’Euros. Les banques irlandaises à elles seules ont eu besoin de 17 milliards d’Euros.
Il est très pessimiste sur la question des paradis fiscaux. « Les discours n’ont pas d’effet parce qu’il y a une réalité. Les Etats les plus puissants ont besoin de transférer de l’argent pour financer des interventions militaires, ou paramilitaires et utilisent ces paradis fiscaux ».
Enfin, il a clairement affirmé que les politiques actuelles étaient incapables de juguler les risques financiers, parce qu’elles ne sont pas unifiées. Une vraie leçon experte, qui atténue le coup porté à son image, par ses frasques sexuelles. Il en a profité pour lancer des piques à Sarkozy, mais aussi à François Hollande. Du grand art.