Du foot … coûte que coûte ? !
Les désarrois du Président Fouzi Lekjaa.
Le Président de la FRMF, Fouzi Lekjaa restera dans l’histoire du football marocain comme un responsable investi et qui n’a ménagé ni son temps, ni ses efforts. Une fois qu’il sera parti vers d’autres aventures, nul doute que le monde du football regrettera ce dirigeant venu de Berk ane, comme aujourd’hui, on regrette feu Abderrazak Mekouar, ou encore feu Abdellatif Semlali, et tant d’autres qu’il serait trop long de citer ici.
Certes l’action de ces illustres disparus aura connu ses imperfections et ses ratés, comme toute œuvre humaine, mais la mémoire collective retient l’implication, la rigueur, la justesse dans les choix tout autant que les exploits et les titres.
Cela s’appelle la justice du temps qui passe et qui donne à l’ex-responsable une aura qu’on lui refusait de son vivant ou lors de son mandat.
Dans le feu de l’actualité, l’on juge sur les émotions du moment, ensuite à la réflexion, on oublie les rancœurs et les colères et on respecte les bonnes intentions et la bonne volonté. C’est ainsi que l’on parlera toujours du bon vieux temps, en mythifiant des actions qu’à l’époque on avait raillées, voire combattues. Pour l’instant en ce mois de mai 2020, Fouzi Lekjaa est dans la tourmente, car en pleine crise de Covid-19, le voici encore contraint de traîner, au tribunal, un autre technicien du foot national. La raison de cette action judiciaire ? Toujours la même, car c’est un procès en diffamation, tout comme pour l’international Youssef Rossi en 2018, ou le journaliste Maghoudi, et encore Boudrika l’ex-président du Raja.
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Une succession de demandes de réparation que Lekjaa a, jusqu’à présent, toujours remportée. Il est vrai que les propos tenus à son encontre étaient plus que désobligeants, carrément outranciers. Cependant, il est d’autres obser vateur s qui qualifient Lekjaa d’hyper sensible et même de super susceptible, n’admettant ni critique, ni contestation et soutiennent même que chacun est libre de parler, surtout à l’encontre d’un personnage public. Or, s’il est vrai qu’un président de fédération sportive, de surcroit en football, est un personnage particulièrement exposé, rien ne saurait justifier l’insulte et le dénigrement. Et si chacun est libre de parler, la contrepartie est aussi vraie : chacun restant libre d’ester en justice, les tribunaux sont faits pour ça.
Youmir, coach qu’on a connu plus calme et plus réservé, a traité Lekjaa de président inexpérimenté : « Il n’a que quelques jours d’expérience dans le foot, et il favorise les uns au détriment des autres, sans souci de critères de compétence », et Youmir qui est aussi président de l’Amicale des entraîneurs, association concurrente de celle que préside Abdelhak Mendoça, a aussi sorti quelques réflexions désagréables sur la gestion dispendieuse de la direction technique fédérale. De quoi donc pousser le plus conciliant des hommes, se sentant of fensé, à vouloir laver son honneur en exigeant réparation.
Alors faut-il attendre que la justice passe et que la vérité se fasse ?
Peut-être, et d’ailleurs c’est vers cela que l’on se dirige, puisque les chambres d’accusation ont été saisies ainsi que les procureurs et avocats ; on répètera néanmoins, peut-être. Il y a une autre voie, celle de la conciliation, des excuses et de la reconnaissance des torts. Dans le cas de Youmir, tout sympathique qu’il puisse être, il doit reconnaître, que les mots ont dépassé sa pensée, et qu’il n’a rien à gagner dans cette bataille du pot de fer contre le pot de terre. Même si beaucoup de gens, plus malins et plus prudents que Youmir, et qui se gardent bien de parler en public sont d’accord sur le fait que le football national coûte plus cher qu’il ne rapporte et qu’en ces temps de crise virale, les moyens octroyés au foot ne seront peut-être plus aussi disponibles.
Lekjaa fera comme il voudra dans cette histoire avec Youmir, mais il doit réfléchir au-delà de l’affaire judiciaire. Réfléchir sur le fait que le foot doit être budgétisé au lieu d’être budgétivore afin de remplir un rôle de producteur de richesse et de développement humain. Actuellement au vu de la situation des clubs, de tous les clubs, on est loin de cet objectif et les additions deviennent de plus en plus lourdes.
Alors qu’il y aurait moyen de faire autrement.