Edito. Les frontières n’existent plus que dans les têtes
Après la 2ème guerre mondiale (1939-1945), l’ONU a eu pour mission principale de veiller à l’émergence d’un monde régi par la paix. A sa naissance, cette organisation regroupait 55 Etats. Aujourd’hui, le nombre d’Etats-membres a presque quadruplé. Dans l’ONU, ces Etats sont juridiquement égaux au sein de l’Assemblée générale, mais inégaux dans le Conseil de sécurité, instance suprême du système onusien, seul organe réellement décisionnel. En fait, pendant plus de sept décennies, l’ONU a surtout géré un équilibre, jamais statique, garantissant avant tout un statu quo international. La décolonisation de nombreux pays a presque toujours été arrachée par les armes. De nombreux « points chauds » persistent sur la planète. Nombreuses sont les séquelles coloniales. La fabrication des armes est la première industrie mondiale. Avec le nombre actuel de têtes nucléaires, l’être humain ressemble beaucoup plus à son propre fossoyeur.
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En 2020, la pandémie de Covid-19 a été un grand test pour l’humanité. Au lieu de constituer un front commun face à cette menace éminemment mondiale, les Etats, en général, ont préféré le « chacun pour soi ». Le concept de souveraineté nationale a même gagné des galons en plus. Puis, 2021 a été presque comme un petit rayon de soleil, pour rapidement céder la place, en 2022, à de gros nuages gris, en Europe de l’Est. Ce fut le début d’une « guerre impensable » mais finalement durable, en Europe même. Cette « impensabilité » est synonyme de la banalisation de la guerre, « ailleurs », là où vivent les « damnés de la terre », pour emprunter à Frantz Fanon, cette expression historique. En fait, tant que l’Europe n’aura pas remis en cause son « européocentrisme », le monde se maintiendra dans un déséquilibre géré par un certain paternalisme, conservateur des inégalités structurelles, source de conflictualités. La mondialisation marchande a créé et développé une forte interdépendance entre les Etats, à tel point que le moindre « éternuement » dans un coin du monde résonne dans l’autre coin de la planète.
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Le Royaume du Maroc a pris conscience de cette réalité, évolutive mais discontinue, et s’y prépare. L’avenir est dans l’intégration active dans l’économie internationale en pleine mutation. Les partenaires traditionnels du Maroc tels que la France devraient bien le comprendre et faire preuve d’innovation politique. Bien que le global et le local soient fortement imbriqués, le Maroc a bien compris que c’est le développement des forces endogènes, dans tous les domaines, qui détermine la création d’une dynamique de changement, afin d’enraciner et de rendre irréversibles les grands chantiers stratégiques que sont, en particulier, la généralisation de la protection sociale et la réforme du système de santé et du système d’éducation. L’accueil royal et populaire des Lions de l’Atlas illustre bien, simultanément, cette symbiose nationale et l’ouverture du Royaume sur le monde. N’est-ce pas finalement un simple retour aux principes humanistes universels qui reçoivent une application différente d’une formation sociale à une autre ? Que l’année 2023 soit celle de la paix durable et du développement de l’amitié entre tous les peuples.