Education : les écoles privées en danger ?
Belmokhtar « sonne-t-il le glas » des écoles privées de « qualité » ? Lors de son passage dans l’émission de Luxe Radio, « avec ou sans parure », le ministre de l’Education Nationale a « jeté un pavé dans la mare » en « remontant les bretelles » des écoles privées dispensant un enseignement francophone. Elles sont 7 à être concernées, et à l’heure où le « schooling business » devient un « enjeu d’avenir », les politiques semblent prêts à « reprendre la balle » pour tailler un Maroc nouveau, où l’enseignement est « public et bilingue » dans un souci d’égalité des chances pour tous.
Les parents d’élèves des écoles privées francophones n’ont pas hésité à « monter au créneau », lorsque le ministre de l’Education Nationale, Rachid Belmokhtar a sonné la « fin de la récréation » et compte remettre les « compteurs à zéro ». Les écoles privées dispensant un « enseignement français » sans homologation se verront-elles fermées? Rien n’est encore officiel, mais déjà, la « grogne gronde ».
Elles s’appellent l’ORT, Léon l’Africain, la Résidence, Maïmonide, l’Ecole Normale Hébraïque, l’Ecole Française Internationale, ou encore l’Ecole Internationale de Rabat et devront être soumises à une « homologation » du ministère de tutelle.
Sur les réseaux sociaux, les parents d’élèves s’insurgent et ont lancé une pétition (peu suivie par les membres): « 700 personnes ont signé c’est très peu, ou alors les parents d’élèves ne sont pas là », regrette Marouane Abed sur le groupe Facebook du « Mouvement Libre des Parents d’élèves ». Ce n’est pas encore une association, mais déjà, elle réunit plus de 13 000 membres et s’inquiète pour le développement de « l’homologation des écoles privées ».
« Je suis persuadé que la quasi-totalité des parents sont affectés par ce système défaillant qu’est l’éducation nationale… On est arrivé à « rêver » de choses qui sont censées être « acquises » dans tout pays qui se respecte… Assurer un bon niveau d’études à nos enfants ni plus ni moins », assène Abed, toujours sur ces mêmes réseaux. On en arrive à se demander: « D’où provient cette nouvelle polémique? »
La réponse se trouve sur le site « The Global Initiative » qui révèle à la date du 25 avril dernier que « Le Comité des Droits Economiques Sociaux et Culturels de l’Organisation des Nations Unies (CDESC) a récemment publié une liste de questions au Maroc, auxquelles le gouvernement doit répondre, par écrit dans les prochains mois. Le CDESC demande au Maroc de « fournir des renseignements » sur la mise en place d’écoles privées et sur l’impact que la privatisation aurait sur le système éducatif. En particulier pour prévenir la déperdition scolaire, les inégalités dans l’accès à l’éducation et assurer la pleine application du principe de « l’enseignement primaire obligatoire et gratuit pour tous ». Le Comité s’inquiète dans le même temps de l’état de l’enseignement public et demande au gouvernement marocain de « donner des renseignements sur les mesures prises pour améliorer la qualité de l’enseignement public, y compris dans le secteur de l’enseignement préscolaire ».
Toujours selon la même source, un collectif d’associations a saisi le comité du CDESC en s’inquiétant de la privatisation de l’enseignement au Maroc. « Le collectif d’organisations (la Coalition Marocaine pour l’Education Pour Tous, la Fédération Nationale des Associations de Parents d’Elèves du Maroc, la Global Initiative for Economic Social and Cultural Rights, le Mouvement Anfass Démocratiques, Bayti, l’Union des Etudiants pour le Changement du Système Educatif, Zaynoo pour l’Egalité des chances, ainsi qu’ATTAC Maroc) s’inquiètent notamment que le Maroc s’inspire des PPP (partenariats publics privés) tels qu’ils ont été développés au Chili, alors que le système éducatif chilien est un des plus inégalitaires au monde. Le système chilien a été un échec, au point que le Comité des droits de l’enfant a récemment « souligné » la « ségrégation » que cause ce système. Le Chili lui-même est en train de revenir sur ce système de PPP pour développer un système éducatif public « fort », seul à même d’assurer une éducation de qualité pour tous.»
Changement de décor. Nous sommes à Rabat, dans le bureau d’un «sage» qui explique: « Clairement, c’est un « coup » contre My Hafid Elalamy. Après s’être attaqué aux cliniques privées, il allait « traire » les parents d’élèves qui se « saignent aux quatre veines » pour l’éducation de leurs enfants ». Dans les « salons feutrés », on désigne le « super ministre » businessman comme la réelle cible. Ses « appétits » seraient dirigés vers ce créneau et il ne semble pas avoir les coudées franches…
Du côté des écoles privées, une responsable répond: « Il n’y a (pour le moment) rien d’officiel », tandis que les parents eux mêmes avancent : « Ok pour l’éducation publique! Mais qui nous « garantit la qualité » de ce même enseignement! L’école est en train de couler et vous voulez qu’on mette l’avenir de nos enfants entre les mains d’incompétents? », tempêtent certains parents.
Pourtant, d’autres « sages », militants de la première heure, expliquent: « Il faut un « projet de société ». Il est évident que si on travaille à un « vouloir vivre ensemble », il faut un minimum de « liants sociaux » entre les enfants. Quelles que soient leurs origines sociales, ethniques ou religieuses: si vous êtes marocain ou vivez au Maroc, vous devez avoir des « points communs » avec les autres! ».
Dans un article précédent, dédié à l’éducation nationale justement, nous citions l’analyse suivante: « L’élite sera formée dans les écoles américaines, britanniques ou belges, les cadres moyens à l’école française, espagnole et italienne et les simples cadres dans les écoles bilingues. La « plèbe » dans le public! ». C’est justement contre cela que s’insurgent les « politiques », mais c’est également la réalité : la privatisation de l’enseignement à tous crins. Concrètement, et cela même dans les systèmes « 100% privés », tels qu’au Japon, les études primaires et secondaires sont gratuites jusqu’au Bac! Cela aussi est une « réalité ». Hard facts, a-t-on envie de dire. Et l’expérience a prouvé que les écoles Léon l’Africain, El Jabr, et la Résidence ont, par moment « performé » mieux que les établissements français, selon les enseignants de « soutien ». L’ORT quant à elle, reste une école de la « seconde chance » pour de nombreux « cas difficiles » recalés du système classique…
Allons-nous sacrifier notre jeunesse? Il semble que non! C’est ce même ministre décrié, Belmokhtar, qui a pris des « initiatives fortes » soutenues par le Roi pour mettre fin à « l’arabisation » du système éducatif public. Clairement, cela signifie que toutes les écoles seront bilingues. De là à ce qu’elles soient de « qualité » égale aux privés, cela reste loin d’être « évident »…