Blog de Jamal Berraoui

Egalité par ( Jamal Berraoui )

Driss Lachgar a fait une sortie importante. Lors de l’ouverture du Congrès de l’organisation de la femme USFP, il s’est engagé sur deux questions épineuses : l’héritage et la polygamie. Pour ma part, sur la question de l’héritage, j’ai une réserve et elle est de taille. C’est une question régie par le texte du Coran. Sur le plan des principes, il est évident que l’égalité doit être la règle. Lachgar propose l’ouverture du débat, il faut y aller avec beaucoup de conviction parce que le conservatisme n’est pas un vain mot.

Sur la polygamie, c’est plus facile, l’interdire comme en Tunisie, ne touche pas au texte. Il ne s’agit pas de la déclarer illicite (Haram) mais illégale. Le mariage dans le cadre de la polygamie devient un délit aux yeux de la loi, sans perdre son caractère religieux et ses effets. Habib Bourguiba l’a fait il y a 60 ans avec le soutien des Oulémas éclairés.

Les réactions des Islamistes, virulentes, laissent entendre que le combat sera âpre. On ne transforme pas une société sans mener ce genre de combat, de manière claire et en acceptant les clivages. Il est salutaire qu’un dirigeant politique s’engage publiquement sur ces thèmes. Reste à savoir si son parti va en faire des revendications centrales.

Le combat pour l’égalité exige un long souffle. Même dans les démocraties mûres, il est toujours d’actualité. La parité a du mal à se réaliser en France, certains partis préférant payer l’amende plutôt que de l’appliquer. Dans une société comme la nôtre, où les archaïsmes perdurent, les avancées se font plus lentes, les acquis sont plus durs à arracher. Mais ce n’est pas une raison d’abandonner le combat, au contraire, il faut en faire une priorité.

La presse a un grand rôle à jouer dans l’enrichissement de ce débat, cela commence mal, parce qu’elle est allée chercher des déclarations insultant Driss Lachgar intuitu personae. Des théologiens en faveur de l’interdiction de la polygamie, il n’y en a pas beaucoup mais cela existe. Derrière ce débat, il y a bien évidemment la question de la sécularisation et qu’il faudra trancher un jour ou l’autre. La vertu du débat démocratique réside justement dans la possibilité d’expression de divergences, d’oppositions marquées. Lachgar a ouvert un débat qu’il faut mener, sans anathèmes, sans faux-fuyants.

 
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