Tribune

Elections législatives, un enjeu capital pour notre démocratie [ Par Mohamed Elkhoulassa ]

Dans une semaine, le 8 septembre 2021, nous sommes appelés à voter, en tant que marocains, lors des élections législatives, régionales et communales, visant à renouveler les sièges de la Chambre des représentants. L’enjeu de ce scrutin n’échappe à personne, surtout quand on le met en perspective avec le contexte de pandémie, et surtout, nous semble-t-il, avec la perte de confiance dans la politique chez une large tranche de la société.

L’enjeu est d’autant plus grand encore que notre pays aspire, plus que jamais, à rompre avec l’ancien modèle  de gestion de la chose publique, et partant, à apporter des réponses aux mille maux dont souffre le marocain ordinaire, sur le plan économique comme sur le plan social. Le pari est  donc on ne peut plus crucial puisqu’il engage, in fine, le rétablissement du lien de confiance entre les citoyens et les élus (si tant est que ce lien ait jamais existé auparavant, hélas!). 

Or,  il y a loin entre de la coupe aux lèvres, comme on dit, quand on opère une lecture, même profane, des profils des candidats représentant les différents partis engagés dans le scrutin. On s’en tiendra ici à ce seul point (profil des partis et des candidats qui les représentent), puisque les plus belles aspirations seront toujours des voeux pieux quand les hommes investis de la responsabilité de les mettre en oeuvre ne peuvent être à la hauteur des défis à surmonter.

Chez nous, et c’est là un secret de polichinelle, les partis sont depuis longtemps en panne de démocratie et de crédibilité, et ne sauraient donc proposer que des candidats qui leur ressemblent. Ces partis, censés coopter des candidats capables de mener à bien leurs missions, sont déjà eux-mêmes incapables de comprendre jusqu’au nouveau modèle de développement qui représente un référentiel indépassable, pour peu qu’on ait des mouvements politiques forts et un espace, au sein de ces derniers, aussi libre et démocratique que possible.

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 Et c’est là où le bât blesse vraiment. Nous manquons cruellement de vrais cadres politiques, intègres, et porteurs d’idées et de projets. Si on ajoute à cela (et peut être l’un explique l’autre) l’incapacité des partis à encadrer les militants qui leur sont affiliés, on devine alors le degré du crédit dont ils peuvent jouir auprès des citoyens. Comment s’étonner après de voir les gens se désintéresser de la chose publique, et les personnes animées de bonne volonté (qui pourraient beaucoup donner si elles s’avisaient de se présenter en tant que candidats), tourner le dos aux élections et même au vote parfois? Corruption, nomadisme électoral, ambition personnelle, rupture de contrat avec le citoyen, démagogie et incompétence, tels sont les « vertus » politiques qui animent par contre nos partis et leurs représentants.


 Et cela ne date pas d’hier, hélas! La réalité de ce drame est trop connue pour qu’on ait besoin  de donner des exemples ici. Certes, la « médiocratie » (détention du pouvoir par les médiocres) a été érigée partout dans le monde comme une stratégie de gouvernance pour mieux abêtir les masses, mais là chez nous, les responsables excellent décidément dans cet art, au point qu’on ne sait  plus s’il faut en rire ou en pleurer.

C’est devenu si ubuesque, au regard notamment de certains candidats (toutes obédiences politiques confondues) qui semblent, dans leur analphabétisme et leur ignorance, descendre d’une autre galaxie. Cela fait d’autant plus mal, que les hommes et les femmes de bonne volonté ne manquent pas chez nous, eux qui ont déserté le champ du politique, écoeurés par les intrigues, les malversations et les magouilles que génère notre logique électorale. 


Et puisque nous sommes sur le chapitre du trafic et des fraudes, restons-y un peu, juste pour illustrer notre propos par des exemples concrets, à Marrakech notamment, une ville qui, au regard de son prestige culturel et civilisationnel , ne mérite pas le sort qu’on lui inflige dans ce domaine. Quand un repris de justice, qui a fait déjà l’objet d’une condamnation pénale, jouit encore de la liberté de présenter sa candidature, où va-t-on, on se le demande. Imaginez un candidat condamné par la plus haute instance juridique (constituée notamment du Parquet et de la Cour des comptes), encore libre de se présenter de nouveau comme candidat, et vous aurez une idée sur le sujet. 

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 On aurait aimé voir, dans une ville comme Marrakech, des figures autres, associant le charisme à l’éthique et au professionnalisme, le sens de la communication au souci d’écouter, de comprendre et d’agir. Madame F.Z Mansouri (PAM), qui a investi la scène politique en devenant la première femme-maire, connue pour sa droiture, son professionnalisme et ses compétences, nous en a donné l’exemple, quand elle assumait les lourdes tâches qui étaient les siennes. Les marrakchis ont de la mémoire et ils se souviennent. Aussi, la réalité de nos partis politique étant ce qu’elle est aujourd’hui,  on est en droit de s’alarmer et de se poser des questions, fussent-elles dérangeantes et incommodantes. 


D’une manière encore plus générale, il suffit de regarder, dans cette ligne droite qui nous sépare de l’échéance du scrutin, les tracts et les slogans stupides (puisqu’il n’y a ni programme ni projet) auxquels ont recours nos partis politiques pour être édifié sur la question. Si on ajoute à cela la culture du soudoiement des électeurs (« zar9alaf » est devenu un terme en vogue en pareille situation), et sans même parler du profil des candidats, dont certains sont experts dans leur nomadisme électoral, on a là de quoi être éclairés sur cette mascarade qui ne trompe plus grand monde. L’ enjeu en définitive, pour chacun d’entre nous et selon ses propres moyens, est de faire en sorte que les élections ne soient plus l’occasion, pour les scélérats et les corrompus, de duper encore et toujours la majorité ignorante et résignée.

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