Emploi : Et si la flexibilité au travail était une chance pour le Maroc !
La flexibilité pourrait-elle réveiller le marché marocain du travail ? Le patronat qui appelle depuis des années à la réforme du code du travail, en est convaincu. Du côté des syndicats, l’on estime que la flexibilité au travail risque de fragiliser la situation des salariés. Pourtant, de plus en plus de pays adoptent ce modèle social pour réformer leur marché du travail et créer des emplois à la pelle. Et si le Maroc franchissait le pas ?
Parmi les huit panels organisés par la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) lors de sa 2ème Université d’été, tenue les 13 et 14 septembre dernier, celui consacré au code du travail a été certainement le plus animé. Dans une salle pleine, Hicham Zouanat, président de la Commission Relations avec les partenaires sociaux de la CGEM, Miloudi Moukharek, secrétaire général de l’Union Marocaine du Travail (UMT) et Salima Admi, directrice du Travail au ministère du Travail et de l’Insertion professionnelle, devaient intervenir sur trois pistes de réflexion : « le code du travail est-il un levier ou, au contraire, un frein pour l’entrepreneuriat ?», «Où en sommes-nous ? Refonte générale ou changements minimes ?», « Quelles mesures concrètes mettre en œuvre pour lever les blocages ?».
Le choix du patronat de débattre de ces questions n’est pas certainement pas anodin. En effet, la CGEM appelle depuis des années à la réforme du code du travail et ne compte pas, vraisemblablement, lâcher prise. Autrement dit, pour le patronat, cet outil de régulation sociale et du marché de l’emploi, entré en vigueur le 8 juin 2004, commence à prendre de l’âge. « Le Code du travail est le fruit d’un consensus entre le gouvernement, le patronat et les syndicats. Il avait nécessité six mois de négociation. Au final, tout le monde avait trouvé que c’est un bon code du travail et très moderne également. Il faut veiller à son application plutôt que de penser à son amendement», a lancé Moukharek, lors de sa première intervention. Et cela suffisait pour lancer d’emblée le débat.
« L’actuel code du travail représentait certes une avancée majeure. La CGEM qui a été l’interlocutrice principale le soutiendra encore. Mais, quinze ans après son entrée en vigueur, le texte doit s’adapter à l’économie et à ses défis. Et cela bien sûr, sans sacrifier les droits des salariés et l’agilité de l’entreprise. L’économie s’est ubérisée. Le renforcement de la compétitivité nécessite l’amélioration du climat social au sein des entreprises marocaines par la réglementation du droit de grève et la réforme du Code du travail. Il faut instaurer une flexibilité responsable au service de la compétitivité et de l’emploi et en phase avec les nouveaux enjeux de l’économie marocaine et les attentes des opérateurs économiques, à commencer par le volet contractuel. Dans la procédure de licenciement, par exemple, une simple audition du salarié par l’inspecteur du travail suffit pour faire passer l’entreprise à la trappe », rétorque Zouanat qui estime que les rigidités législatives dissuadent les recruteurs. « La flexibilité revient tout simplement à licencier quand on veut et comme on veut en octroyant aussi l’indemnité qu’on veut », s’insurge avec ironie le chef de file de l’UMT. Voilà qui campe le panel autour de la flexibilité du travail.
Pourtant, de nombreux pays, comme le Danemark, la Suède ou encore la France, par exemple, ont adopté la flexibilité au travail. Rappelons que le patronat et les syndicats français ont réussi en 2008 à se mettre d’accord et à instaurer un contrat à durée déterminée et à objet défini même si celui-ci est réservé aux cadres et ingénieurs. Ce contrat à durée déterminée (CDD) permet à l’employeur d’embaucher un salarié pour une période de 18 à 36 mois sur une mission définie non renouvelable. Il pourra être rompu pour un motif sérieux par l’employeur ou le salarié à chaque date anniversaire de la signature. En cas de rupture, le salarié aura droit à une prime de précarité égale à 10 % de sa rémunération totale brute et pourra ainsi prétendre à l’assurance-chômage.
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