En sport, c’est comme la vie, il y a ceux qui rêvent, ceux qui réalisent et ceux qui détruisent
10 ans… déjà
Le communiqué diffusé cette semaine est éloquent, à la limite un tantinet pompeux, mais la circonstance est importante et donc on peut comprendre les excès de style. Il s’agit d’une journée d’étude sous le thème : «Dix ans après les Assises nationales sur le sport, la stratégie nationale du sport au Maroc, bilans et perspectives ».
C’est l’Institut Royal de Formation des Cadres (IRFC) en coordination avec l’Association Marocaine de la Presse Sportive (AMPS), qui organise ces débats le vendredi 15 février au Centre National des Sports Moulay Rachid à Salé.
Comment tout cela se passera-t-il ? Le communiqué nous le révèle : «Cette manifestation scientifique sera animée par les étudiants du master management et gouvernance du sport (M.G.S) de l’I.R.F.C qui vont présenter et débattre, avec un ensemble de chercheurs universitaires et intervenants dans le domaine sportif, leurs travaux d’analyse de la stratégie nationale du sport, vue sous divers angles, à commencer par les réalisations enregistrées, les chantiers en cours et les perspectives d’avenir ».
Les organisateurs espèrent pouvoir «faire un bilan de la vision 2020 pour le sport, analyser l’état d’avancement de la mise en œuvre des recommandations et propositions formulées dans ladite stratégie et débattre des réalisations effectuées, ainsi que des limites qui empêcheraient la concrétisation de cette stratégie nationale ». Fin de citations.
Rien que d’écrire ces grands mots et aligner toutes ces perspectives éblouissantes, le stylo a failli nous en tomber des mains. On n’en croit pas nos yeux, ainsi donc il existe encore des personnes pour rêver d’un avenir meilleur, et non contents d’en rêver, elles (ces personnes) veulent venir en parler, débattre et trouver des solutions. C’est beau et on encourage, on soutient et on applaudit.
Néanmoins, on se permettra de poser quelques questions et d’émettre quelques réserves.
Derrière les organisateurs de ce rendez-vous, il y a, bien sûr, le département de tutelle, ce fameux ministère de la Jeunesse et des sports qui, en principe, devrait réfléchir à toutes ces questions et problématiques. C’est son travail, et sa responsabilité au quotidien. Si cet honorable département a besoin d’une Journée de débats-bilans, c’est qu’il y a quelque chose qui cloche. Le ministère, ses cadres, ses conseillers, ses chefs de département et directeurs de ceci et cela devraient nous fournir dossiers et études sans avoir besoin de réunir quiconque viendrait pour s’entendre parler.
Parce que comprenons-nous bien, il y en a eu beaucoup des conférences, des journées d’études, des séminaires sur ces mêmes questions qui seront exposées le vendredi 15 Février. Qu’ont-elles donné, à part de laisser l’occasion à des débatteurs professionnels, surtout pros dans les discours et le « copier/coller» (merci google), de venir étaler leur «science » ou leur suffisance.
Cette journée du 15 février 2019 est organisée, précise-t-on, pour marquer les 10 ans de la Lettre Royale adressée aux Assises du Sport organisées à l’époque par Nawal El Moutawakil, alors ministre des Sports.
Convoqué en grande pompe par la ministre, tout le petit monde du sport vint au rendez-vous de Bouznika pour disserter et proposer autant que faire se peut. Le Premier ministre d’alors, Mr. Abbas El Fassi, avait même préparé le discours de circonstance.
La vérité historique est que tous se retrouveront, comme on dit trivialement, le bec dans l’eau. La Lettre Royale qui ouvrait lesdites Assises, était tellement précise, tellement explicite, en un mot « vraie », que, plaçant le sport national devant sa triste réalité, elle allait glacer l’assistance. On avait là un véritable réquisitoire, où les termes aussi forts que corruption, incompétence, laisser aller, gabegie et refus de toute transparence plaçaient beaucoup face à leurs propres insuffisances et carences. Tatbi, alors président de la FRMHB (Hand Ball) murmura autour de lui : « Fichtre, quelle baffe, on n’a plus rien à dire. Tout a été dit ».
Le Premier ministre lui-même, fort sagement, choisit de renoncer à son allocution. Et il fit fort bien, car elle était toute en courtoisie diplomatique et encouragement à mieux faire.
C’était il y a 10 ans. C’est peu et beaucoup en même temps, mais assez de temps pour que le ministère ait songé à dresser un bilan. Ce sera donc le 15 Février prochain. Qu’en sortira-t-il ?
Ceux qui n’ont rien fait, ou plutôt ont continué à « défaire » durant ces dix dernières années, vont-ils revenir pérorer encore pour nous dire «il faut que» et «il n’y a qu’à » ?
On espère que la quintessence du Message Royal, enfin assimilée et comprise nous épargnera d’assister à l’habituel « enfonçage » de portes ouvertes.
Qu’une seule petite lueur d’espoir luise en ce vendredi et la partie pourrait être gagnée.
On peut rêver et espérer que le sérieux, la responsabilité, l’honnêteté citoyenne éclaireront la génération à venir.
Horizon 2020 dites-vous ? Chiche c’est tout juste demain, l’heure n’est plus aux ratages.
Le Qatar plein gaz !
Coup de force du Qatar, lors de la récente Coupe d’Asie des Nations.
Le petit Etat gazier, dont on se gaussait il y a peu et dont l’attribution du Mondial 2022 avait fait lever quelques soupçons de corruption, le Qatar donc a remporté haut la main le trophée en engrangeant tous les prix et les honneurs. Il se paya, au passage, le plaisir et le luxe de prendre le meilleur sur l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis qui lui mènent une guerre souterraine, mais non moins dérangeante.
Victoire du Qatar qui footballistiquement, existe désormais par lui-même, et non plus à travers le PSG (Paris St Germain) devenu depuis quelques temps « son » club vitrine.
Les primes pour les heureux joueurs Qataris qui ont réussi l’exploit, sont à l’image du pays où le gaz lui procure une richesse féérique.
Entre voitures, villas, actions en bourse, les footballeurs recevront chacun, la coquette somme de 500 000 euros, soit pour chaque paire de godasse, l’équivalent d’une subvention ministérielle d’une fédération marocaine.
Mais comparaison n’est pas raison. Et il y a une justice sportive. Lundi, les jeunes du Raja ont été vaincus à Doha par leurs homologues du célèbre centre de formation, le célébrissime «ASPIRE». Ne bombons pas trop le torse cependant. Rien ne garantit que dans quelques années, les jeunes vaincus d’aujourd’hui ne viendront pas donner une leçon à leurs vainqueurs. A moins qu’ils ne les achètent tous, comme cela s’est déjà vu par le passé, où toute une équipe minime rajaouie a été « engloutie » dans les mirages du désert qatari.
Pas de pot !
Les lecteurs sportifs avertis (vous en êtes sûrement), ne peuvent pas ignorer le magazine «So Foot». Ce mensuel chic, informé et complet qui a aussi un site électronique exceptionnel s’est raté dans les grandes largeurs.
Son numéro 162 daté de Janvier 2019, avait consacré un reportage magnifique sur Emiliano Sala, le joueur argentin qui trouva la mort dans cet avion qui l’emmenait vers Cardiff.
L’horreur est que le mensuel sportif est arrivé dans certains kiosques de pays autres que la France, et donc avec un certain retard, a titré pour le reportage : «Emiliano Sala, la meilleure viande argentine du moment ». Avec ce retard de lecture « So Foot » faisait sans le vouloir, un jeu de mots qui est devenu lugubre et sinistre.