Energie éolienne : Nareva profite du vent
Au moment où le Maroc est en train de finir de réaliser son projet de production de 2000 MW d’électricité propre, NAREVA organise une visite guidée de ses centres de production propre dans le Sud. L’occasion de faire le bilan.
7
h du matin un lundi à Laâyoune. Progressivement aux portes du désert, la ville s’éveille dans une fraîcheur matinale. Nous nous préparons pour une visite des parcs éoliens de production d’énergies renouvelables de NAREVA, filiale du groupe SNI. Depuis la libéralisation de la production d’énergie, loi 13-09, n’importe qui, en mesure de produire et de revendre de l’énergie au Maroc, peut le faire. N’importe qui? Non! Lorsqu’on sait que le coût d’une éolienne se monte à plus de 22 millions de dirhams, on réalise que peu nombreux, sont les groupes qui peuvent y prétendre. Les investissements dans ce cas d’espèce sont lourds, et les clients qui y recourent ont besoin de sécuriser leurs approvisionnements en électricité et d’en faire baisser le coût. Mohamed Sajid, Directeur Financier de Nareva, explique tout au long de la visite, que les clients sont des mastodontes de l’industrie. C’est Lafarge à Bouskoura et Tétouan, Managem à Marrakech et Ouarzazate, l’OCP dans la région de Laâyoune, la SAMIR, Air Liquide et la Sonasid. Les projets de développement des champs d’éoliennes au Maroc ont également un coût: 3 milliards de dirhams. Le financement est assuré au quart par la CIMR et le reste à la charge de NAREVA. C’est que les installations prennent des allure de travaux d’Hercule, dans des paysages lunaires qui se succèdent, à mi-chemin entre les dunes désertiques et les quelques terres arides. Quelques irréductibles végétaux bravent les rigueurs d’une nature hostile au bénéfice des troupeaux de chameaux qui parcourent la région. On nous parle, de cette source de viande pour la consommation locale, mais nous ne verrons pas les pâturages. Lorsque nous abordons la question du risque écologique, Ahmed Nakkouch PDG de Nareva plaisante : “la population locale nous a acceptés sans problème, et les chameaux s’abritent même à l’ombre des éoliennes.” Le trajet dure longtemps, mais le temps clément ne nous incommode pas outre mesure. A l’arrivée au champ d’éolienne d’Akhfennir, un vent violent sévit et de fait, explique le choix du site. Les éoliennes ont besoin d’un vent de 4 mètres par seconde (4m/s) au minimum pour produire de l’électricité et peut atteindre 25 m/s, explique Nawfal Mejdoubi, chef de projet chez NAREVA. Au delà de ces intensités, les turbines s’arrêtent. Quant au risque écologique, qui, en fait, se limite à des nuisances sonores inaudibles, pour Ahmed Nakkouch il est minime: “nous sommes dans des régions désertiques. Du reste, nous avons une certification aux normes de l’ONU, la MDP (Mécanismes de développement propres). Nous sommes au dessus des standards”.
500 MW produits par NAREVA dans le Sud
Arrivée sur les lieux. C’est un champ de terres semi-arides, balayées par la poussière que charrient les vents. Le site d’Akhfennir se compose d’un champ de 61 éoliennes et d’une station de conversion de courant électrique. Un hameau se trouverait dans la région, mais il n’est nulle part visible depuis le site. Hormis une usine OCP, l’activité économique autre que pastorale est quasiment inexistante. La visite continue et nous voilà dans le site de Tarfaya. Ce sera le site le plus impressionnant, puisqu’il se compose de quelques 131 éoliennes. “La plus grande ferme éolienne d’Afrique”, affirme Ahmed Nakkouch. La référence à Don Quichotte est récurrente, sauf qu’il s’agit plutôt d’Ulysse qui a reçu le don du Dieu de la mythologie grecque Eole pour soumettre le vent à ses besoins. Nous sommes au terme de notre visite et à 21h nous regagnons notre “base” de Laâyoune, après un bref tour de la ville.
Le lendemain, nous prenons la route pour le site de Foum El Ouad, non loin de la plage de Laâyoune. Cet autre site de NAREVA est bien plus modeste en taille que les précédents, et ne compte “que” 22 éoliennes.
Au détour d’une présentation, Ahmed Nakkouch présente les autres projets de la filiale de la SNI. Une centrale à charbon “propre” à Safi pour un montant de 22 milliards de dirhams. Un site en production dans le Nord du pays, et des projets de développement durable sur les lieux de production.
Lorsqu’on titille Ahmed Nakkouch sur les dangers d’un investissement dans le greenfield, dont la technologie risque de devenir obsolète dans les dix ans, -durée que nécessitera le projet pour être rentabilisé-, il balaye ces réserves d’un geste de la main : “les technologies n’évoluent pas aussi vite dans ce domaine. Cela est pris en compte dans le montage financier, car même si c’est un partenariat public privé, nous maximisons la rentabilité de l’investissement”. Il précise qu’au bout de 25 années, durée de la concession, le projet reviendra à l’Etat, sans contrepartie.
Mais tout a une fin et notre visite aussi. En laissant Laâyoune derrière nous, on ne peut s’empêcher de se dire qu’avec une augmentation des besoins de 8% par an, il faudra recommencer la prochaine décennie. D’où les calculs… Le mythe de Sysphe somme toute!