Dossier

Enseignement : Le grand défi

L’éducation, et plus précisément l’enseignement, est devenue, de fait, « la priorité des priorités nationales ». En effet, et malgré les grands progrès réalisés, c’est le grand défi qui reste à relever. 

Des percées synonymes d’un « We can do it »

Le taux de scolarisation au niveau du primaire s’approche des 100 %. Au cours de l’année scolaire 2018-2019, ce taux a pu atteindre les 99,7%, alors qu’il était auparavant, 10 ans avant, en 2007/2008, de 94,6 %.

Quant au budget du ministère de l’Education nationale, en plus important des budgets, il a représenté pour l’année 2017/2018, 18,7 % (fonctionnement et investissement) du budget général de l’Etat.

On évoquera par ailleurs les taux de réussite au baccalauréat, qui vont de record en record. Au fil des dix dernières années, ils n’ont cessé de grimper. Moins de 45 % des candidats arrivaient à décrocher leur diplôme en 2008. Aujourd’hui, presque 8 sur dix y parviennent, et plus de la moitié avec mention. 

Puis, il y a la nouvelle dimension qualitative voulue pour l’enseignement supérieur, qu’on ne saurait ignorer. Une dimension qui se traduit notamment par le souci de coller l’école à la réalité économique nationale et internationale. C’est l’esprit du grand projet de l’université Mohammed VI Polytechnique (UM6P).

Située au cœur de la future Ville Verte Mohammed VI à Benguerir, cette institution d’enseignement supérieur à vocation internationale, est engagée pour un système éducatif basé sur les plus hauts standards en matière d’enseignement et de recherche dans des domaines cruciaux pour le développement économique durable du Maroc et plus largement de l’Afrique.

Financée par l’OCP et déployée sur 16 hectares, l’UM6P est un cas d’école. Ses programmes de recherche ciblés veulent apporter des réponses aux principaux défis et enjeux auxquels est confronté le continent africain, tels que la sécurité alimentaire, le développement économique, l’industrialisation durable et la politique publique. En contribuant à la formation d’une nouvelle génération de chercheurs, d’entrepreneurs et de leaders d’origines marocaine et africaine, l’Université Mohammed VI Polytechnique entend devenir une véritable tête de pont entre le Maroc, l’Afrique et le monde.

A terme, quelque 12.000 étudiants, encadrés par 1.000 enseignants-chercheurs y sont attendus. Les plus méritants, particulièrement les étudiants issus de familles modestes auront également droit à cette formation grâce à un système de bourse.

Dans la même optique, l’université Al Akhawayn vient d’obtenir une aide financière de 2,4 millions de dirhams pour développer des projets socio-environnementaux. 

Cette nouvelle vision a inspiré nombre d’universités publiques et privées pour entamer une ouverture sur leur environnement et créer une nouvelle dynamique.

Le préscolaire en socle d’un enseignement pour tous

Le préscolaire, phase fondamentale dans la scolarité des enfants, a, lui fait l’objet d’une attention particulière du Souverain. Un préscolaire qui connait une faiblesse due aux faibles efforts de l’Etat. En 2017/2018, l’effectif des enfants préscolarisés a atteint à peine 699 265 enfants, avec 37,3 % dans le « préscolaire moderne ». Or c’est déjà à ce stade que réside le risque de reproduction, voire d’aggravation des inégalités sociales si des réformes radicales ne sont pas entreprises.

Aussi, les récentes Directives Royales ont été des plus claires pour accorder une priorité à cette étape de la scolarisation, et créer des conditions favorables aux enfants issus des couches populaires afin de garantir l’égalité d’accès à l’école, garantissant de facto l’égalité des chances à tous les citoyens. 

Franchir la montagne Education nationale, le grand défi

Aujourd’hui, l’éducation, en « priorité des priorités nationales » est un sujet majeur au sein de toutes les familles marocaines.

Ecole privée ou publique ? Ecole marocaine, française, belge… ? Langue arabe ou française, ou encore anglaise ? Etudes supérieures au Maroc ou à l’étranger ? La liste des interrogations, des inquiétudes est longue. Les familles marocaines la doivent à une école marocaine en panne. 

C’est là un aveu d’échec officiel. Les réformes dans ce domaine s’enchainent, avec de faibles résultats. Une prise de conscience collective émerge. La question de l’éducation/enseignement est perçue par le Souverain en question stratégique et prioritaire. Ainsi, en 2018, l’inopérance de la formation professionnelle a reçu un traitement urgent, grâce à l’intervention Royale.

La prédominance de calculs politiciens fait obstacle à un traitement sérieux et conforme à l’intérêt général de la Nation.

Et l’occasion faisant le larron, un système d’éducation défaillant, fragile, servirait avant tout les intérêts de fanatiques et extrémistes, qui en feraient une « arme de destruction massive ».

Le Conseil Supérieur de l’Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique, sous les Directives Royales, a élaboré plusieurs rapports faits de diagnostics et de recommandations pertinents pouvant nourrir les politiques gouvernementales en matière d’éducation. Or les gouvernements ont souvent fait preuve de carences dans ce domaine, d’emprisonnement dans des questions marginales, la plus récurrente ayant trait à l’intégration des langues étrangères. Pourtant, il est clairement établi et reconnu officiellement que la réforme de l’enseignement est le point de départ de toutes les réformes, paradigme qui revient aussi clairement dans tous les discours Royaux qui ont abordé la question de l’éducation. 

Le Maroc est devant un défi majeur à la veille de la troisième décennie de ce troisième millénaire, la refonte du système de l’éducation nationale.

Le relever n’est pas un choix mais une obligation, un devoir. L’avenir de bien des générations en est tributaire, et c’est incontestablement la pression Royale qui agira sur tous les porteurs de cette responsabilité. Le ‘’wait and see’’ ne vaut pas ici, mais plutôt un ‘’just do it’’ ! 

Une pression Royale qui aura finalement agi plus vite que prévu. La refonte est engagée. La commission de l’enseignement, de la culture et de la communication à la Chambre des représentants ayant adopté, mardi 16 juillet 2019, à la majorité, le Projet de loi-cadre n°51.17 relatif au système de l’éducation, de l’enseignement, de la formation et de la recherche scientifique. Une loi qui confirme l’introduction des langues étrangères pour l’enseignement de certaines matières, notamment scientifiques et techniques, comme elle confirme le maintien de la gratuité totale de l’enseignement public.

‘’L’approbation de ce projet de loi-cadre constitue un « moment historique », a indiqué le ministre de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Saïd Amzazi, soulignant que c’est pour la première fois que le secteur de l’éducation et de la formation dans le Royaume sera doté de sa propre loi-cadre, ce qui constituera le premier pas vers un décollage réel de l’école marocaine.’’

 
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