Entrepreneur avant le Bac, businessman accompli avant 35 ans
C’est une sucess story comme on les « aime ». Ce businessman « précoce » a déjà fondé 4 entreprises, une holding avant ses 35 ans. Ses débuts ont commencé à 14 ans, lorsqu’il se produisait comme DJ dans les clubs « prestigieux » du Maroc. Aujourd’hui, il a décroché la carte NRJ Maroc, sur le web, dans la production de contenu et l’organisation d’événements, son autre métier.
« « Un fou furieux » prétend avoir obtenu l’accord du célèbre club de football, le Barça, pour venir jouer au Maroc, contre une équipe locale ». C’est en ces termes incrédules et moqueurs, que sa prouesse a été accueillie, il y a quelques années, lorsqu’il portait ce projet. Lui, c’est Hakim Chagraoui, un « businessman multicartes », qui use ses baskets sur la place des affaires, depuis l’âge de 14 ans. Sa première entreprise, il l’a fondée à 16 ans, sous la tutelle de son père, puisqu’il n’était même pas majeur. Un âge, où l’on passe le plus de son temps disponible devant une « Super Nintendo » ou une table de billard, et que lui gagnait déjà un salaire confortable. Indépendant? Absolument! Et cela fait des années.
Hakim est né en 1982, à Kénitra. Ce fils d’un cadre moyen, a quitté la ville industrielle, petite «Smallville» marocaine, dès l’âge de deux ans. Mais son ancrage à sa ville natale, reste profond. « La famille de ma mère est native de Kénitra. A l’époque la base américaine était encore en activité. La ville était réellement « hors du temps », et où l’on vivait « l’american way of life », entre musiques US et des produits locaux de grande consommation », se remémore-t-il. Kénitra, c’est « sa mère et sa famille ». A chaque période de vacances, la famille rendait visite aux grands parents et à la parentèle sur place.
Hakim se revendique « casablancais », avant tout. « Pour moi, Casa c’était le Maarif. C’est là où j’ai grandi. J’étais scolarisé dans le système privé marocain, mais ce n’est que lorsque j’ai intégré le Lycée My Idriss que j’ai découvert l’envers de Casablanca », confie-t-il. En jean, avec une chemise et un pull, on le prendrait plus pour un éternel étudiant plutôt qu’un businessman « aguerri ». L’habit ne fait pas le moine, et il a eu souvent l’occasion de le vérifier, à son détriment: « On prend rarement les jeunes au sérieux. C’est dommage, mais j’ai toujours pu m’appuyer sur un réseau solide. Et puis, on me connaît dans le milieu », admet-il, entre deux messages sur son téléphone. Preuve en est, qu’il ramène au Maroc, la carte de la 1ère radio française, , et la nouvelle crée le « buzz ».
Le milieu? C’est la musique, et plus précisément la House Music. L’envie lui vient en 1998, à un moment où les chaînes de TV musicales ont « façonné » une génération. MTV, Viva ou encore Jalil sur Médi1, avaient donné aux jeunes le goût de la musique en « vogue », de par le Monde. Hakim, lui veut mixer: « Ma mère m’a acheté une table de mixage, pour me récompenser d’avoir tenu parole. Je devais en effet atteindre une certaine moyenne en classe. Ce que j’ai fait », explique-t-il. Il dispose alors d’une table de mixage, mais pas de platines. Il doit alors apprendre par lui même, par le « système D »: « J’ai d’abord branché un walkman, des câbles pour faire passer le son. C’était beaucoup moins facile qu’on ne le pense de nos jours », développe-t-il.
Artiste et manager
Nous sommes en 2000 lorsque Hakim s’est « fait un nom » dans la scène. De « boums » de lycéens, il est passé à la phase supérieure : il mixe dans les clubs du Nord du Maroc. C’est à Marina Smir, au Kabila, que sont les lieux de villégiature d’une certaine « élite économique » de l’époque. Il travaille lui, lorsque les autres font la fête : « Mais pour moi, c’était tout de même des vacances payées. J’étais au soleil, en bord de mer, dans un cadre idyllique, et je travaillais la nuit », lance-t-il, dans un éclat de rire franc.
Puis, dès l’année suivante, on lui propose de travailler comme DJ dans les deux clubs «branchés » de la ville, la Réserve et le Petit Rocher. « J’ai d’abord décliné l’offre, soucieux de ne pas perturber ma scolarité d’abord, l’accord parental incertain ensuite », affirme-t-il, dans un soudain accès de « sérieux ». Mais finalement les parents de Hakim acquiescent à condition qu’il « réussisse ses études ». Commence alors pour lui la vie professionnelle. Le soir, il mixe dans deux clubs, et dès le matin, le voilà en classe. Ce sont alors deux mondes qui se côtoient dans sa vie : celui des noctambules et celui des lycéens de l’école publique.
Mais la demande est forte, et il lui vient l’idée de se lancer dans le booking d’artistes. Il commence par placer des DJ dans des clubs partenaires, puis se diversifie et se lance dans la location de matériel de sons et lumières. « J’ai acquis mon matériel à crédit. Au bout d’une année seulement, et grâce aux produits des locations, j’en suis devenu propriétaire. Cependant, la conjoncture devenant défavorable et les boîtes ayant fermé d’un coup, je me suis retrouvé sans activité », reconnaît-il. Mais qu’à cela ne tienne, Hakim se réoriente vers un nouveau créneau, l’organisation d’événements.
« J’ai toujours été plus attiré par le côté « gestionnaire ». Dans un sens, j’avais besoin de me lever le matin, travailler la journée et avoir une vie « normale ». Je n’ai jamais touché, ni à l’alcool ni à la cigarette. Tout cela ne m’a jamais intéressé », rétorque-t-il, lorsqu’on le titille sur le « monde de la nuit ». Signe des temps, il commence réellement à « percer ». Il booke des DJ internationaux pour des évènements de « prestige ». Et c’est un succès. Son dernier coup de maître, sera d’inviter Carl Cox au Maroc: « C’était le plus « beau coup » de ma carrière de booker. Les négociations ont pris trois années avant qu’il n’accepte de venir au Maroc », explique-t-il, avec une fierté « non feinte ». C’est également son « chant du cygne » dans ce métier. Il lui faut à nouveau se diversifier, et cette fois, ce sera dans une entreprise institutionnelle.
Businessman international
Hakim lance alors une « holding ». Il cumule différentes activités, un restaurant, un café, un service de nettoyage entre autres. Mais l’événementiel l’intéresse encore, et il sait qu’il y a des choses à faire. Il sera à nouveau « précurseur » et booke des « stars de la chanson arabe ». Là encore, la recette prend, et il se construit un « solide » carnet d’adresses. Cela lui sera profitable par la suite: « Dans tous les domaines, il faut avoir une « crédibilité ». L’accès aux négociations internationales n’est pas à la portée de tout le monde. Le fait d’avoir travaillé avec des « stars » arabes m’a ouvert des portes », explique-t-il.
Encore une fois, il développe ses activités. Cette fois, dans le domaine de la production de stars du R’n’B que le club « la Cage » a rendu populaire. Il booke alors Kelly Roland, la soeur de Beyoncé et ancienne de Destiny’s Child et d’autres rappeurs de la place tels que Busta Rhymes. Mais là l’aventure tourne court: « La conjoncture n’était pas bonne. Les gens ne sont pas prêts à payer pour un spectacle. En ce qui me concerne et dans toute ma carrière, à ce jour, je n’ai eu que trois annulations. Ce qui est tout de même fort « honorable », au regard de la durée », se défend-il.
Hakim n’a que 26 ans, et son parcours de booker, ainsi que son carnet d’adresses, lui ouvrent les portes de Mawazine, le plus prestigieux festival du Maroc. Pour le concert « géant », il fait venir des artistes arabes, mais déjà il prépare l’avenir: « Rien n’est éternel dans ce domaine. A peine a-t-on « concrétisé » quelque chose, qu’il faut déjà « préparer la suite », sans attendre », analyse-t-il. Dans son discours, il fait preuve d’une « grande maturité », celle qu’on apprend en perdant de l’argent, mais en se relevant pour gravir de nouveaux sommets.
Puis le « coup de maître » arrive en 2013, justement au moment où il fait venir le Barça au Maroc, pour un match amical. Au début, personne ne le prend au sérieux, en raison de sa jeunesse, mais finalement, un « coup de pouce du destin » met tout en marche. Le club barcelonais affronte le Raja, gagne, et Hakim se voit confier l’organisation de la Coupe du Monde des Clubs, qui a lieu au Maroc : « On nous a fait beaucoup de reproches, mais la vérité c’est que nous nous sommes tenus à notre contrat », explique-t-il. Aujourd’hui, Hakim Chagraoui, a décroché la carte NRJ pour le Maroc. Et au vu de son parcours, on devine déjà que là encore, il va oser!
BIO EXPRESS
1982 : Naissance à Kénitra
1998 : fonde Casa Event
2000 : Bac S au Lycée My Idriss
2002 : se lance dans le booking
2008 : fonde sa Holding
2013 : fonde Moroccan Talent Agency
2015 : fonde Radio Planet
2017 : lance NRJ Maroc sur le web