Environnement: 30 projets pour dépolluer casablanca
Le département de l’environnement planche sur un plan d’action pour en finir avec la pollution au niveau du grand Casablanca. Détails.
L
e ministère de l’Environnement veut dépolluer le grand Casablanca. Il est en train de finaliser une étude relative à la réalisation d’un diagnostic sur l’état des lieux de la pollution industrielle et l’élaboration d’un plan d’action, prévenir et lutter contre elle au niveau du grand Casablanca. Arrivé à la phase finale, le rapport dont Challenge détient une copie dresse un état des lieux des plus accablants de la situation environnementale du Grand Casablanca et met en avant un plan d’action ambitieux qu’élus, organismes publics et entreprises privées sont sensés mettre en place pour venir à bout de ce fléau. L’étude estime qu’il faut une enveloppe budgétaire de 4,5 milliards de dirhams à court, moyen et long termes afin de «traiter la plus grande part de la pollution produite dans la région et fournir des solutions aux différents générateurs de pollution et les aider à se conformer le plus rapidement possible aux exigences environnementales nationales et locales». Ce ne sont donc pas moins de 30 actions que les experts préconisent pour que la capitale économique ne soit plus un antre de pollution liquide, solide ou atmosphérique (Voir encadré). Le rapport avance 11 projets à caractère transversal et 19 à caractère spécifique.
Un plan d’action ambitieux
Au niveau des actions transversales, plusieurs volets ont été passés en revue. Parmi les plus importantes mesures, «la surveillance et le suivi de la pollution dans la Région du Grand Casablanca» semble être l’action de départ selon les concepteurs du rapport. Ces derniers préconisent également «la mise en place d’une police de contrôle de la conformité à la réglementation environnementale, son opérationnalisation et le renforcement de ses capacités sur les plans organisationnel, matériel et humain». Un projet qui nécessiterait selon le rapport une enveloppe de 9,5 millions de dirhams. Le plan d’action avance également comme projet la mise en place des audits industriels et énergétiques inscrits dans le cadre de la loi sur l’efficacité énergétique mais qui «réduirait généralement la pollution de 10 à 20% à moyen terme». La réduction de la pollution atmosphérique par l’efficacité énergétique n’élimine pas totalement la pollution de l’air dans le Grand Casablanca sans s’attaquer à la qualité du fuel lourd utilisé dans l’industrie marocaine. L’action proposée dans ce sens est une réflexion «sur l’amélioration de la qualité du fuel lourd au niveau de sa production par Samir et du charbon utilisé dans la centrale thermique de Mohammedia». Les résultats escomptés sont la réduction à long terme (10 ans) du taux de soufre dans les combustibles utilisés dans l’industrie et la centrale thermique, avec comme alternative le lavage des gaz de la centrale thermique, en cas d’impossibilité à changer de combustible. La prévention de la pollution passe également par l’application des textes juridiques et par des actions de sensibilisation des industriels aux opportunités offertes pour l’élimination de leurs déchets.
Des actions sur le long terme
Par ailleurs, des actions spécifiques à chaque type de pollution sont recommandées. C’est la pollution liquide qui s’accapare la part du lion du total des mesures proposées. Le rapport pointe du doigt l’efficacité des stations de traitement de différents acteurs industriels casablancais qui sont la SNEP, le CMCP, Lesieur, Coca Cola, les Brasseries du Maroc, Somaca, St Microélectronique, Fagor et Manar. «Afin de mettre en place une culture de prévention, dans le cadre du plan d’action, il est préconisé de vérifier la bonne performance des stations d’épuration. Suite à ces contrôles, on établira un rapport et des recommandations sur la conduite à observer vis-à-vis de ces unités», peut-on lire dans l’étude. D’autres actions sont prévues pour réduire à moyen terme la pollution au niveau du secteur des IMME et des industries du textile de 50%, prévenir la pollution chez les artisans mécaniciens ou encore la mise à niveau des systèmes de traitement des abattoirs.
Du côté de la pollution solide et atmosphérique, le plan d’action propose quatre actions : le respect des bonnes pratiques de gestion des solvants dans l’industrie des peintures, vernis, colles, adhésifs ; la gestion des déchets de la société Univers Aciers à travers la réalisation d’une plateforme de stockage des poussières ; la gestion des déchets produits par les Stations services à travers la mise en place d’un système de collecte et d’élimination des huiles usées par co-incinération ; et enfin, la gestion des déchets produits par les mécaniciens et les menuisiers en accompagnant ces derniers pour l’organisation de la collecte de leurs déchets et leur acheminement vers des opérateurs de collecte comme les cimentiers.
Tout ce plan d’action ambitieux reste finalement tributaire des moyens financiers et de l’adhésion des différents opérateurs pour sa réalisation. Quoi que l’on parle de quelques 4,5 milliards de dirhams, les experts tiennent à rappeler que ce «budget total estimé pour atteindre les objectifs escomptés représente environ 2,9% de la production industrielle du Grand Casablanca pour l’année 2011». Ils ajoutent, «les besoins en financement sont faibles pour l’horizon à court terme (1,2%) et moyen terme (5,6%), le reste de l’investissement est ventilé sur le long terme». Cette ventilation permet au secteur productif de prendre en compte de manière progressive et douce, la prévention de la pollution dans ses charges de production. Et in fine, les 4,5 milliards ne représentent que 3% de la production industrielle. Pour défaire les dégâts que cette même industrie et autres sources de pollution ont causés, ce n’est finalement pas cher payé !