Sport

Equipe nationale de football : Et si on arrêtait ces polémiques schizophrènes ?

Mardi 19 novembre 2019 à 14 heures …

Les oreilles et les regards se tendent vers le Burundi et sa capitale, Bujumbura. Si l’attention des Marocains est aussi attisée en cet après-midi pluvieux de novembre vers ce coin éloigné de l’Afrique, c’est qu’il va s’y jouer une rencontre de football entre le Maroc et le Burundi.

Cette rencontre comptant pour les éliminatoires de la CAN (Coupe d’Afrique des Nations) est seulement la deuxième sur le chemin des éliminatoires qui en compte six (6), c’est dire qu’elle n’est ni vitale ni décisive. Après ce match du Burundi, il restera encore quatre autres rencontres qui se joueront en 2020 et où les prochains rendez-vous des Lions de l’Atlas sont programmés pour Août prochain.

Alors pourquoi cette fièvre et cette attente exacerbée, pourquoi l’homme de la rue, alors qu’approche l’heure du match, considère qu’il n’y a pas lieu d’être optimiste et, partout, il se plait à clamer que nos Lions de l’Atlas nous ont déjà déshonorés? Déshonneur ! Bigre le mot est fort, trop fort, à la limite de l’acceptable parce que si le prestige national reposait sur les épaules des footballeurs et bien on serait plutôt mal barrés. Une victoire ou une défaite en football ne peuvent ni ajouter, ni retirer quoique ce soit de la réelle dimension d’une Nation. Le Brésil, par exemple, qui a le record de victoires en finales de Coupe du Monde, serait-il plus fort économiquement, socialement, culturellement pour cause de trophées en football, que n’importe quel autre pays qui n’aurait jamais gagné la moindre Coupe du monde ?

On devrait en discuter, et le plus sérieusement du monde, alors peut être qu’on remettrait les victoires et exploits sportifs à leur juste place. Ceux-ci peuvent flatter l’orgueil d’un pays, mais jamais ils ne peuvent influer sur son développement véritable. Bien sûr, ils provoquent enthousiasme et liesse, et cela est toujours bon pour le moral des foules, mais à contrario, les défaites et contre-performances qui plongent l’opinion publique dans un stress et une détresse mortifères sont déplorables et dangereuses pour la santé morale des citoyens. 

Juste avant le match Burundi-Maroc de ce mardi, il y a eu, le vendredi précédent, un résultat nul face à la Mauritanie. Un résultat normal et qui n’a rien d’humiliant vu les progrès affichés ces dernières années par le football Mauritanien, mais ce « zéro-zéro », qui, en réalité, n’est que simple broutille pour le parcours vers la CAN 2021 où il reste encore 15 points à gagner (ou à perdre), a été considéré comme catastrophique par une partie de l’opinion publique et des médias. Les grandes orgues manœuvrées par ceux qui ont toujours des couteaux cachés quelque part pour dénoncer, dépecer et condamner se sont mises à l’œuvre et du coup, on en est arrivé à remettre en cause tout le mode de fonctionnement du football, voire du sport national et cela dériva parfois vers les propos les plus déplacés.

Cette attitude est déplaisante et condamnable à plus d’un titre, d’abord elle révèle une large part d’incompétence et de méconnaissance dans les choses du football. En football, sur un terrain, chaque équipe à ses chances de l’emporter et la Mauritanie, on le répète, n’a rien d’une victime expiatoire. Elle s’est qualifiée à la CAN précédente et elle a toutes les allures de favori dans notre groupe, en outre depuis quand un match nul peut-il être considéré comme catastrophique, surtout en début de parcours, dans les éliminatoires ? Vociférer, juger, condamner, demander des comptes ou pire encore, vouloir régler d’autres comptes, en réclamant des échafauds et en dressant des potences relève tout simplement d’une attitude schizophrène.

Selon tous les bons dictionnaires, la schizophrénie est une attitude caractérisée « par l’incohérence mentale et une rupture de contact avec le monde extérieur ».

En clair, c’est l’attitude de quelqu’un dont le raisonnement n’a rien à voir avec la vérité. Alors quand ce « déphasage » se répand sur les canaux d’informations et autres réseaux sociaux, on est alors au bord de la véritable catastrophe où un résultat banal de football autorise des bourreaux autoproclamés à lapider des victimes innocentes.

On veut bien que le football soit un domaine populaire par excellence, où se conjuguent émotions et passions mais de grâce, sachons raison garder afin d’analyser posément et tranquillement pour que les progressions, auxquelles nous aspirons tous, puissent se réaliser.

Rien de bon ne sort de commentaires jaloux, voire haineux.

Ils ne font que souligner, un peu plus le déclin de ce que l’on croit protéger.

Qu’a gagné notre football, que d’aucuns qualifiaient de pionnier en Afrique, dans tous ces bûchers allumés pour un oui ou pour un non et en dépit de tout bon sens ?

Et mardi donc, un canard du coin se permettait de titrer « Le match contre le Burundi, siège éjectable de Halihodzic ». Rien que ça.

Or, au Burundi, le Maroc de Halihodzic et Lekjaa a gagné haut la main et s’est replacé dans une course qu’il n’avait jamais d’ailleurs quittée.

Le score de 0-3 de Bujumbura, vaut son pesant d’or, surtout en ce jour où nos amis Mauritaniens ont gagné 2 à 0 face à la République Centre Africaine (RCA) et partagent la tête du groupe avec le Maroc qui a l’avantage d’un meilleur goal average. 

Qu’on se le dise, les Lions de l’Atlas sont plus que jamais en pleine forme, et on va attendre jusqu’à l’été prochain, Inchaa Allah, pour la suite des évènements.

Et d’ici là, que tous ceux qui n’ont rien à dire, si ce n’est des bêtises, nous fassent le plaisir et la politesse de ne pas nous accabler avec leurs propos désobligeants et ravageurs pour les hommes de bonne volonté.

Parce que ces derniers existent et ils sont plus nombreux, dans notre pays, que certains veulent bien le croire.

 
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