Essaouira sur des airs romantiques
Printemps Musical des Alizés. Du 23 au 26 avril dernier, Essaouira-Mogador a vécu au rythme des notes et symphonies de sa 15ème cuvée de musique classique. Concerts suivis, avec recueillement, par un public mélomane. par Mohamed Ameskane
E n attendant le festival Gnaoua et Musiques du Monde (du 14 au 17 mai) et les Andalousies Atlantiques (du 29 octobre au 1er novembre), Essaouira, la ville qui célèbre toutes les musiques, vient clôturer sa 15ème édition de son Printemps Musical des Alizés. Rendez-vous devenu, au fil des ans, incontournable pour les mélomanes d’ici et d’ailleurs.
Un japonais à Mogador
Yusuke Nochi, est un jeune Japonais qui a débarqué au Maroc pour la première fois. Le hasard a voulu que mon ami Mikhael Toumi le croise à Meknès et lui propose de l’accompagner à Essaouira. En arrivant dans la cité des vents, notre hôte fut tout simplement ébloui. Ebloui par l’air, l’ambiance, le cosmopolitisme et cette joie de vivre chère aux habitants de la cité fondée par le roi visionnaire, Sidi Mohamed Ben Abdallah qui, ainsi, depuis des siècles, accueille l’autre à bras ouverts. Yusuke s’attendait à tout sauf à un festival de musique classique digne des grands rendez-vous internationaux. Comme beaucoup d’autres «étrangers», il nous a promis de revenir en famille. Décidemment, Mogador est ensorceleuse !
Concert après concert
Pour cette édition, qui restera dans les mémoires, les organisateurs ont concocté une programmation alléchante pour rendre hommage aux trois titans de la musique allemande. Ludwig Van Beethoven, incontournable génie qui a marqué pour l’éternité l’histoire de la musique mondiale, suivi par Schumann et, pour le dernier, le romantique Brahms. Pas moins de 12 concerts furent offerts dans trois lieux emblématiques : Dar Souiri et son acoustique exceptionnelle, l’église d’Essaouira, toujours lieu de culte mais aussi de culture avec ses icônes et statues, et enfin la salle Omnisports, transformée avec beaucoup de professionnalisme pour accueillir l’Orchestre Philharmonique du Maroc avec, à sa tête, le chef et violoniste Farid Bensaid. Hélas, la ville de la musique, de toutes les musiques, ne possède pas de salle de spectacles, ni amphithéâtre !!!
Les jeunes du quatuor Hermès, quatuor à cordes, ont ouvert, et de quelle manière, le bal de cette cuvée. Au programme, Schubert et Schumann.
Le jeune Marc Coppey, violoncelliste, nous a interprétés le «Triple concerto» de Beethoven, accompagné par le nominé aux Victoires de la Musique dans la catégorie «Révélations» de l’année, Ismaël Margain, soliste instrumental, ainsi qu’avec David Petrlik, couronné par de nombreux prix internationaux de violon.
Le ténor Yanis Benabdallah (né à Rabat) et la soprano Odille Heimburges, accompagnés au piano par Sébastien Joly, nous ont bercés au matin du vendredi 24 avril avec des opérettes austro-hongroises, entrecoupées de lectures. Belle manière de choisir des morceaux et des airs légers pour faire goûter la musique à un large public.
A l’église d’Essaouira, c’est l’ensemble des équilibres qui a rendu de vibrants hommages à Mozart, Finzi et Brahms. L’Orchestre Philharmonique nous a invités à deux soirées mémorables à la salle Omnisports. Au programme : Brahms, Puccini, Beethoven ainsi que des morceaux autour de Porgy and Bess de Gershwin, accompagnés par les voix d’Axelle Fanyo, Louis Zaïtoun et Edwin Fardini. Comment oublier la virtuosité de David et Alexandre, deux frères qui arrivent du Pérou, nous jouant le «Double concerto» pour la première fois au Maroc ?
Matinées jeunesse et créations
Chaque année, les jeunes talents sont conviés, pour notre grand plaisir. «Le beau Danube» fut de la fête, célébré avec les jeunes du programme socio-culturel Mazaya et Yanis Benabdellah. Le compositeur Graciane Finzi, natif de Casablanca, a créé à l’occasion de cette édition une pièce inédite, une «Fantaisie Toccata», dédiée à Essaouira. Un concert de piano à quatre mains avec Dina Bensaid et Joseph Birnbaum ou l’art du dialogue et de la convergence de toutes nos identités. L’honneur de clôture de cette édition revient à l’Amérique Latine avec Respiro Tango, groupe argentin. Un dernier concert mélangeant avec jubilation les rythmes tango et des airs classiques. Des notes consignées dans nos oreilles dans l’attente de la prochaine édition.