Bayt Dakira : le Souverain immortalise la mémoire judéo-marocaine
«Bayt Dakira», la « maison de la mémoire », est un espace spirituel et patrimonial de préservation et de valorisation de la mémoire judéo-marocaine, unique en son genre au sud de la Méditerranée et en terre d’Islam. La visite de ce lieu par le Souverain est un acte hautement symbolique, confirmant la pluralité de la formation sociale marocaine.
Notre mémoire est plurielle. Elle est le fruit de cette diversité historique qui a fait la vraie richesse du Maroc. La visite historique du Pape au Maroc, en 2019, va dans le même sens. Le premier texte fondamental qu’est la Constitution, adoptée en 2011 par les Marocains, a définitivement consacré cette pluralité.
Il y a des résistances extraordinaires contre l’oubli. Parmi ces résistances, la restauration de la Synagogue «Slat Attia», avec la maison de la mémoire et de l’histoire «Bayt Dakira» et le Centre international de recherches Haim et Célia Zafrani sur l’histoire des Relations entre le Judaïsme et l’Islam. C’est là un espace historique, culturel et spirituel, preuve concrète que la société marocaine n’est pas une société qui a choisi la « morbidité ». Dans cette lutte contre l’obscurité, André Azoulay a joué un rôle fondamental.
“Cette maison est celle de la mémoire et de l’histoire. Elle est aussi celle de cette boussole marocaine dont le monde a besoin aujourd’hui, un monde en quête de repères, un monde qui tourne le dos à toutes ces valeurs qui sont celles de notre pays sous le leadership de SM le Roi, Amir Al-Mouminine”, a ajouté Azoulay. C’est aussi une maison d’où peut rejaillir la lumière pour éclairer les consciences et mettre fin aux « vérités absolues » à la base des fanatismes destructeurs d’âme et de conscience.
En effet, au moment où les vents poussent dans le sens contraire de l’histoire, au moment où ressurgissent des tendances qui ont été à l’origine de « deux grandes boucheries mondiales » au 20ème siècle, l’espoir ne doit pas disparaître.
« Bayt Dakira », qui est une trace ineffaçable de la vie juive à Essaouira, de la naissance au décès et de la Bar Mitzvah au mariage, est également devenu un haut lieu de pédagogie grâce au Centre de Recherches Haim et Célia Zafrani sur l’histoire des Relations entre le Judaïsme et l’Islam. C’est un espace d’échange et de réflexions entre les chercheurs de divers horizons et un espace de partage, de transmission et de résistance à l’amnésie.
Mais c’est aussi un exemple d’espace à agrandir, à étendre à toutes les régions du Maroc, à Séfrou, à Demnate (…), là où pendant des siècles, voire des millénaires, des êtres humains ont su vivre ensemble, se respecter, s’aimer, s’entraider, partager sans jamais se haïr. C’est de cette source-là dont les générations actuelles ont tant besoin pour faire échec aux discours empoisonnés de la haine.
Très significative est la présence d’Audrey Azoulay, directrice générale de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), lors de la visite du Souverain. A travers cette organisation, c’est la rencontre entre le local et le global, le spécifique et l’universel qui s’articulent et se complètent pour signifier à tous les humains que l’unique n’existe pas. Seule la diversité, l’acceptation de toutes les différences doivent permettre aux humains de vivre ensemble, dans la paix et le bonheur.
Les anciennes générations peuvent reposer en paix. Les nouvelles générations veilleront à sauvegarder ce riche héritage humain. La mémoire juive marocaine a ses résistants et ses gardiens, toutes confessions confondues. Elle est et restera toujours vivante comme toutes les autres composantes de notre mémoire collective. L’humanisme est le meilleur rempart contre les préjugés. De toutes générations et de toutes confessions, ces Marocains de naissance ou de cœur sont désormais mobilisés, chacun à son échelle et dans son espace de vie, pour préserver, perpétuer et faire rayonner le judaïsme marocain, composante singulière et souvent exemplaire de l’identité plurielle du Maroc.