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Le volet produit de la Vision 2020 est quasiment bouclé. Quatre territoires touristiques se positionnent sur le culturel, deux sur le balnéaire et les deux restants sur la nature. Les détails des produits de chaque zone.
Depuis quelques mois, on ressent une volonté d’accélérer les chantiers du secteur du tourisme. Le département de tutelle s’active pour faire avancer les projets déjà entamés, pour en lancer d’autres et se prépare aussi aux assises du Tourisme qui auront lieu le 5 décembre sous le thème des grands pôles touristiques. L’une des principales nouveautés consiste en la signature des contrats programmes régionaux (CPR) qui définissent les grandes orientations du développement touristique de chaque région, instaurent les moyens à mettre en œuvre et établissent les projets structurants à réaliser pour l’opérationnalisation de la Vision 2020. La Société Marocaine d’Ingénierie Touristique (SMIT) a été chargée de mener les concertations au niveau communal, provincial et régional pour l’établissement de ces documents qui, aujourd’hui, sont presque finalisés. Ce bras armé du ministère du Tourisme, responsable de la conception et du développement des différentes composantes du produit touristique marocain, a l’ambition de donner un souffle nouveau dans le secteur par la stimulation de l’initiative privée et l’encouragement du partenariat public-privé. Après les phases de planification et de mise en œuvre, de concertation du volet produit…qui durent depuis le début de l’année 2011, les acteurs publics se sont mis d’accord sur le positionnement des huit territoires touristiques. Pour Imad Barrakad, directeur général de la SMIT, tous les territoires sont importants et seront suivis avec le même degré de vigilance et d’implication. Il précise néanmoins que « des territoires (Agadir et Marrakech) nécessitent une consolidation et un enrichissement du produit. D’autres nécessitent plus d’efforts pour les faire émerger». C’est le cas par exemple du pôle Fès/Meknès ou Rabat/Casablanca. En peaufinant alors cette nouvelle politique « produit », le Maroc espère, entre autres, améliorer les durées de séjours et le taux de retour des touristes après un premier voyage. A Marrakech, pour ne prendre que celle ville en exemple, c’est l’animation (théâtre, piscines…) qui devra être mis au centre des investissements plutôt que la construction de nouveaux établissements. Il y en aurait d’ailleurs déjà assez. C’est ce qui fait dire à ce professionnel que l’Etat devrait mieux réguler ce marché en maîtrisant ou limitant momentanément les autorisations de construire des hôtels. Un avis que ne partageraient pas forcément d’autres opérateurs.
Les projets, c’est bien, les exécuter, c’est mieux
C’est donc aussi dans l’esprit de l’aménagement du territoire que le ministère du Tourisme, avec la collaboration des acteurs publics de chaque région, a dressé une feuille de route assez ambitieuse pour les huit années à venir. Sachant que par le passé, beaucoup de projets ont été annoncés sans pour autant être réalisés, quelle garantie peut-on accorder à cette nouvelle stratégie touristique déclinée au niveau régional ? Rappelez-vous les retards accusés dans le Plan Azur que certains qualifiaient d’échec. « Les auteurs de ce plan n’ont pas eu tort de le confectionner. Son esprit est à saluer. Par contre, l’échec est dans l’exécution des programmes », juge un hôtelier. Le privé avait une bonne part de responsabilité, mais l’Etat également du fait qu’il a manqué, selon certains, de moyens financiers, de maîtrise du volet juridique (transferts de terrains…). Concernant ce dernier, il faut savoir que la réserve foncière est un élément essentiel. Si les terrains ne sont pas apurés, les projets tombent à l’eau. Un opérateur en a fait les frais dans la région de Témara. Depuis quatre années, il a obtenu toutes les autorisations nécessaires pour lancer son projet, mais le foncier n’est pas encore apuré. Il voudrait jeter l’éponge. Avec le financement, le foncier est alors un volet extrêmement important qu’il ne faudra pas négliger. En tous les cas, les acteurs publics sont confiants quant à la réalisation du volet produit la Vision 2020. « La décentralisation des pouvoirs dans les régions, les mécanismes mis en place pour l’amélioration des conventions et d’exécution, la convergence des acteurs et responsables… nous permettent de croire que les choses évolueront différemment», lance un professionnel. Et de poursuivre : « L’Etat aujourd’hui ne joue plus seulement le rôle de régulateur mais il devient aussi actionnaire dans divers grands projets structurants. Il partage donc les rôles avec le secteur privé». Dans ce cas-là, il devient juge et parti. Il y aurait conflit d’intérêt. Non, rétorque Imad Barrakad : «le rôle de l’Etat est d’amorcer les projets et de créer les conditions favorables au développement du secteur selon une approche territoriale. Le risque de conflit d’intérêt est maîtrisé du fait du cloisonnement et de l’indépendance des outils et structures de l’Etat utilisés pour initier certains projets et pour assurer leur suivi». L’exécution des projets est donc primordiale. « La mobilisation des acteurs locaux, l’anticipation, l’innovation et un suivi rapproché sont nos principaux leviers pour réussir une exécution optimale du volet produit de la V.2020 », rassure le DG de la SMIT. Qui vivra verra !
Avis d’expert
Imad Barrakad, DG de la SMIT
> Sur le foncier et le financement
Des efforts considérables ont été déployés afin de maîtriser ces deux composantes. Le Contrat programme est réellement l’outil de planification nous permettant de disposer d’un tableau de bord détaillé concernant l’identification et la réservation du foncier, ainsi que sur la mobilisation des financements publics et le placement des projets a caractère privé. Par ailleurs, les banques et la Direction des domaines privés de l’Etat nous accompagnent de très près, respectivement pour la mobilisation de la dette et du foncier.
> Sur le rôle que le privé doit jouer
Le secteur privé est l’un des principaux partenaires dans la réalisation de la V2020. Son input devra se manifester principalement par la réalisation d’investissement répondant aux besoins de la V2020 et de la demande. Il devrait également nous accompagner pour la réalisation de nos objectifs à temps. Le privé est également appelé à innover en matière de réalisation des investissements et de pertinence dans la concrétisation du produit touristique.
> Sur les avantages à accorder au privé
En plus de l’accompagnement et de l’expertise offerts, le secteur privé bénéficiera de plusieurs avantages :
– la visibilité sur le long terme à travers les contrats-programmes
– Les mécanismes d’accompagnement prévus par la charte d’investissement et les primes à l’investissement
– ainsi que d’autres mécanismes permettant de rendre le secteur compétitif (amélioration compétitivité PME, financements, promotion, etc.)