Farid Belkahia nous quitte : L’adieu au maître
Une figure emblématique de l’histoire de l’art moderne et contemporain au Maroc décède jeudi soir à l’âge de 80 ans. Natif de Marrakech, imprégné de l’ambiance de la ville rouge, ses couleurs et lumière, il cultiva, dés sa tendre enfance, le goût des arts. son père ne fréquentait-il pas le milieux des peintres artistes étrangers visitant le pays ou y séjournant à l’instar de Jeannine Teslar et Nicolas de Staël ? A peine sorti de l’adolescence, il s’envole pour Paris où il s’inscrit à son école des beaux arts en 1959. C’était l’époque de où la ville lumière accueillant les artistes en provenance des quatre coins de la planète, de l’effervescence des débats autour de l’école de Paris. Après un stage à l’académie du théâtre de Prague où il s’initia à la scénographie, le voilà de retour au bercail. Instituteur à Ouarzazte, il est nommé en 1962 directeur de l’école des beaux arts de casablanca. En compagnie des Melehi, Chebaa, El Baz, Azema, Toni Maraini et autre Bert Flint, c’est tout un mouvement qui venait de naître, remettant en question jusqu’â la vision des arts au Maroc. Débat autour de la peinture « coloniale », refus d’exposer dans l’enceinte des missions étrangères et surtout retour au patrimoine artisanal pour le questionner et s’en inspirer dans l’objectif de la création d’une école marocaine. L’un des événements phares de cette époque reste la fameuse exposition en plein air de la place de Jamaâl Fna à Marrakech. Jeune j’en garde un souvenir frais au fin fond de ma mémoire visuelle. C’est peut-être même le déclenchement de ma passion pour les arts ? Difficile de résumer, en quelques lignes le parcours atypique d’un grand artiste qui a marqué l’histoire de la culture marocaine. Q’il utilise le cuivre, la peau, la toile ou autre support, Farid Belkahia se distingue par une recherche éternelle, un questionnement perpétuel et en fin, une marque indéniable originale. Pour conclure je laisse la parole à sa femme, Rajae Benchemsi, qui évoque « .. . l’obsession du cercle et de la flèche apparaît déjà comme une sorte d’alphabet personnel. Alphabet qui, tout au long de son œuvre fonctionnera comme un repère nécessaire à l’expression d’une conception particulière de l’être. Très tôt il considère que l’être est un ensemble de forces terriennes qui, par une communication très forte avec les éléments dans leur immense diversité doit tendre, (d’où l’une des premières significations de la flèche), vers une sorte de plénitude mystique… » Farid Belkahia tire sa révérence au Moment où le musée d’art moderne et contemporain Mohammed VI s’apprête à ouvrir ses portes le 9 octobre prochain, au moment où Paris célèbre la culture marocaine (Louvre et l’Institut du Monde Arabe). Son « militantisme », en compagnie de ses amis artistes, y sont pour quelque chose. En guise d’adieu, admirons, avec recueillement, son œuvre.Par Mohamed Amekane
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