Festival Mawazine : Histoire d’une réussite marocaine
Permettre un accès élargi à l’art est un pas de géant pour un pays qui veut franchir les portes de la modernité. Les musiques, sous leurs différentes expressions permettent de communiquer avec l’autre et de comprendre ses messages. La diversité est une réalité dans la sphère culturelle et le pluriel reste le seul moyen pour lire, écouter, comprendre et forger des comportements d’ouverture sur l’autre… sur tous les autres. S’ouvrir, c’est aussi construire des remparts contre l’exclusion, l’extrémisme et contre les idéologies réductrices de l’homme et de son contexte. C’est le sens vers lequel va le festival Mawazine et l’institution qui le porte et qui n’est autre que «Maroc-Cultures». Le Maroc accueille les cultures et crée pendant toute la période du festival une dynamique sociale et économique. Un public dont le nombre dépasse les deux millions et demi, des artistes qui viennent des cinq continents et un rayonnement du pays grâce à sa capacité d’accueillir et d’offrir des lieux à l’expression. par Driss Al Andaloussi
Une réussite qui dure
Lors du commencement de cette aventure ambitieuse en 2001, personne n’avait prévu la dimension qu’allait prendre ce festival. Si Aouita et Nawal El Moutawakil ont permis à un large public épris des valeurs du sport de mieux connaitre notre pays, le festival Mawazine est en train d’ancrer notre pays parmi les lieux les plus prestigieux de l’expression artistique. Transformer la capitale du Royaume en un bouquet de scènes et offrir aux millions de spectateurs les créations les plus diverses et toutes les couleurs du monde, n’est pas un projet qu’on peut inscrire dans un cadre normal. Lorsqu’on s’adresse à la diversité à travers la chanson marocaine, orientale, amazighe, jazz, bleues, rock et ray, on ne peut qu’augmenter le nombre de ceux qui font le voyage de l’intérieur du Maroc et depuis le monde entier.
Un modèle économique et une notoriété internationale
Mawazine est aussi une entreprise économique qui a permis à notre pays de développer une expertise en matière de structures liées aux scènes, à l’ingénierie du son et de la lumière et à l’organisation des circuits à l’intérieur des espaces de représentations. Tous les lieux sont professionnellement préparés pour offrir les spectacles selon les normes les plus performantes au niveau international. Les Scènes OLM Souissi, Bouregreg, espace Nahda, théâtre Mohammed-V, Villa des arts, Chellah, Yaâcoub El-Mansour, grandes artères, plage de Salé, permettent un accès à toutes les formes de musique. Les chaînes de télévision orientales et occidentales ont mis leur sceau de reconnaissance sur le festival et le considèrent comme l’un des meilleurs dans le monde. La chaine MTV a considéré le festival lors de la session de 2013, comme le deuxième plus grand festival du monde.
Le pilotage professionnel : M.M. Majidi et la grande mutation
Après la première période du festival, lors de laquelle Abdeljalil Lahjomri pilotait le festival, l’année 2006 allait enregistrer le tournant le plus grand au niveau de la dimension de la programmation et de l’organisation. Les structures organisationnelles allaient connaitre avec Mohamed Mounir El Majidi un bouleversement très grand. Organiser n’est plus une question épisodique, mais une fonction permanente et hautement professionnelle. Les plus grands journalistes du monde de la culture soulignent les performances des équipes qui gèrent l’organisation. Une séparation des tâches selon les spécialités et une symbiose entre les équipes, permettent aux artistes et au public de goûter à la perfection de la création musicale. Retourner à Mawazine est le vœu que formule chaque artiste qui a goûté à la communion avec son public marocain et international. La liesse est totale et l’appropriation par le public des différentes formes musicales et notamment, les paroles dans toutes les langues infligent à certains artistes ne connaissant pas notre pays, un frémissement surprenant.
Les retombées économiques sont indéniables
L’impact sur le tourisme est sûr. Les commerçants de Rabat et de Salé attendent Mawazine, autant que les hôteliers et les restaurateurs. Un grand nombre d’emplois occasionnels sont créés dans le domaine de la communication, de la sécurité et de l’entretien des scènes. Les emplois directs ou indirects ont été estimés à 3000 et plus de 40 entreprises sont concernées par le déroulement du festival. Les traiteurs tournent à plein régime lors de soirées organisées par les sponsors du festival. Certains groupes de musique marocaine non programmés au niveau du festival, se produisent lors de soirées desdits sponsors. Le secteur du transport touristique et le transport urbain via les bus et les taxis connait une intensité particulière et partant, un chiffre d’affaires additionnel.
Le festival est aussi un moment où la sécurité enregistre une grande performance. Gérer des flux humains au niveau des scènes, et des principales artères de Rabat et de Salé n’est pas une tâche anodine. Ce sont des centaines d’éléments de la sécurité publique qui assurent l’ordre et les quiétudes des artistes et du public. Même au moment du printemps arabe et après le mouvement du 20 février 2011, le festival a fait le plein et le public est venu nombreux pour apprécier la création musicale et applaudir la beauté des musiques et des voix. La protection civile, les commandements sécuritaires sont toujours à l’œuvre au niveau des différentes scènes.
L’art est une expression qui a besoin de liberté et d’un ensemble de choix qui ne peuvent être renfermés dans des modèles de pensée unique. Accepter l’ouverture, c’est permettre à l’autre de chanter et de danser autrement et dire des mots que sa culture lui a inculqués. Heureusement, que l’ouverture a permis de rehausser le niveau de beaucoup de systèmes de référence. Personne n’est amené de force pour assister à un spectacle et pourtant, l’afflux est de plus en plus grand. C’est là le succès de Mawazine.
Et que la fête commence !
9 jours de fiesta non-stop, 40 pays représentés, 5 continents, 7 scènes, 125 spectacles, 1.500 artistes… Décidément, Mawazine est un festival extraordinaire !
par Mohamed Ameskane
Lancé il y a 14 ans par Abdeljalil Lahjomri et Chérif Khazandar, Mawazine, le festival rbati qui accueille les sons de la planète, ne cesse de grandir au fil des ans, transformant la capitale du Royaume, à l’aube de chaque été, en un gigantesque carnaval festif et populaire. 2ème plus grand festival du monde en termes d’affluence, la dernière cuvée 2014 a drainé plus de 2.600.000 festivaliers et pas moins de 38 millions de téléspectateurs ! Les deux chaînes nationales se mobilisent pour transmettre en live ou en léger différé presque la totalité des concerts, permettant ainsi aux Marocains des autres villes, ainsi qu’à nos compatriotes du monde via satellite, de suivre leurs stars préférées.
Outre les ateliers, les manifestations parallèles dont les expositions des précédentes éditions, telles celles des photographes Michel Nachef, Fouad Maazouz ou les dernières tendances des arts plastiques dans le monde arabe, concoctées par Brahim Alaoui, les soirées du festival débutent par des parades dans la rue. Tout au long de la semaine, le public est invité à admirer et à participer aux cortèges qui sillonneront les artères de la cité, en compagnie de troupes en provenance d’Inde (danse du paon), de France (ceux qui marchent debout), du Brésil (Batucada Nilo de Portela et Brincadeira) et du Maroc (fanfare et autre Beat That). Belle manière de se réchauffer et de se préparer pour les concerts qui débutent vers 17h30. Le festivalier a l’embarras du choix, tellement la carte est riche et variée avec les stars mondiales, les musiques africaine, orientale et marocaine, sans oublier les découvertes et les musiques dites du monde.
Jennifer Lopez, Sting et Avicci à l’OLM Souissi
Comme à chaque édition, l’OLM Souissi accueille les grandes stars de la scène internationale. Rares sont les festivals au monde qui peuvent rivaliser avec Mawazine sur ce point ! Cette année, la programmation est plus qu’alléchante. On ne peut les citer tous. Cette année, le public est au rendez-vous, entre autres, avec Jennifer Lopez, la reine du R & B qui a vendu pas moins de 55 millions de disques et joué dans 25 films, faisant tourner la tête à des millions de fans ! Le concert de la plus célèbre des artistes latinos s’annonce chaud, chaud ! Compositeur, chanteur et acteur, Sting, figure emblématique de The Police, est aussi militant en faveur des libertés et des droits de l’homme. Outre ces deux têtes d’affiches, on annonce des noms tels que Pharrel Williams, Sean Paul, Avicci, Placebo… Surprise : une Marocaine, du nom de Ghita, sera de la fête à l’OLM Souissi. A découvrir.
Assala, Elyssa et Fadwa Malki à Ennahda
L’espace Ennahda accueille les vedettes de la scène arabe en provenance d’Egypte, du Liban et de Syrie. Cette année, on attend Khalid Hajar, Saâd Attar, Maher Zain, Melhem Zein et les indémodables Nabil Shuail, Assala Nasri (une habituée de Rabat) et la voix suave d’Elyssa. Quant à la participation marocaine, c’est Fadwa Malki qui la représentera.
Yuri Buenaventura et Yannik Noah à Bouregreg
L’Afrique, berceau de l’humanité et des rythmes, est à l’honneur, comme chaque année, au Bouregreg. Outre Yuri Buenaventura, Les Ambassadeurs, Blak M et Méta Méta, on attend avec impatience l’ex-champion de tennis Yannick Noah qui s’est converti, depuis quelques années, à la chanson et avec quel talent ! A ne pas rater aussi le duo Aziz Sahmaoui et Mamori Keta.
La diversité des musiques marocaines à Salé
Nouveaux talents, gnaoui, amazigh, nouvelle scène, ayta, fusions… Cette année, la scène de Salé nous propose un large panorama des musiques traditionnelles et actuelles marocaines. Comme vedettes, il y a au programme Daoudi, Tahour, Oum, Essiham…
Barbara Hendricks au Théâtre National Mohammed V
L’espace historique du Théâtre national Mohammed V ouvre ses portes à une série de concerts éclectiques. Des découvertes à ne pas manquer. Outre les hommages prévus (voir encadré), seront au programme Majda Roumi, une habituée, Flavia Coelh, Mesut Kurts… et surtout la grande dame du blues, la diva des divas, Barbara Hendricks ! Un moment qui s’annonce plus qu’émouvant.
Du Tarab à La Renaissance
Le cinéma La Renaissance, depuis sa restauration et la transformation de l’ensemble de l’immeuble en espace culturel par la Fondation Hiba, est l’un des espaces les plus adéquats pour concerts intimistes. Mawazine y programme cette année, entre autres, les frères et fils Akkaf, Malek, Haim Botbol, Batoul Marouani, Najet Attia, l’Algérien Samir Toumi et la troupe tunisienne Inanna. Située au centre de Rabat, La Renaissance est fréquentée par tous les mélomanes. Récemment rénovée, cette salle de concerts propose chaque année un panorama complet des plus belles musiques traditionnelles.
Chellah ou l’escale des ports du monde
Dans le cadre ombragé des vestiges de Chellah, classée monument historique par l’UNESCO, on est convié à l’un des concepts les plus originaux du festival. Sous l’intitulé d’une musique dans chaque port, le festivalier est invité au voyage, son bateau faisant escale à chaque port pour apprécier les musiques des villes mondiales. Au programme, Maria Berasarte et le fado de Lisbonne, Debora Russ, ainsi que le Tango de Buenos Aires, Luis de la Carrasca, et le flamenco de Malaga, le Sirtaki d’Athènes avec Katerina Fotinaki… Bon voyage !