Blog de Jamal Berraoui

Financer la santé ( Par Jamal Berraoui )

Le discours royal du 20 août a mis en exergue, une nouvelle fois, la faillite de l’école publique et la nécessité d’une réforme profonde. Il y a un autre secteur qui est en crise endémique. Il s’agit de la santé publique.  Les citoyens ont tous une histoire glauque à raconter au sujet des hôpitaux. Des défaillances humaines, organisationnelles existent, mais c’est le problème des moyens qui est le plus prégnant. Si un malade doit attendre six mois pour se faire opérer, ce n’est pas parce que les médecins sont méchants.

Un professeur en cardiologie a quitté la santé publique parce qu’on lui a diminué le nombre de  lits alors que son service accueillait la population de Casablanca à El Gouira. Il a vécu cela comme une blessure parce qu’il pratique.

La médecine comme un Sacerdoce. Ce genre de médecin militant existe et c’est ce qui permet aux hôpitaux de continuer à fonctionner, mal certes, mais ils existent tout de même.

Les ressources de l’Etat sont limitées et ni l’AMO, ni le RAMED n’ont réglé la question de la prévoyance sociale. Trop de Marocains vivent sans aucune couverture médicale. C’est cette question qu’il faut trancher en premier. Ensuite, il faut briser le tabou de la concentration. La solution réside dans l’autonomie des hôpitaux, une autonomie totale et non pas édulcorée.

Le problème de la santé publique ne sera pas résolu tant que l’opinion se limite à critiquer le fonctionnement. Refuser la marchandisation de l’acte thérapeutique est noble. Mais la réalité c’est que la médecine coûte très chère. Le seul moyen d’offrir un service de qualité c’est de lui trouver les financements nécessaires. Les expériences réussies sont celles qui ont mis en place un système de prévoyance sociale solidaire et efficient. Il faut s’y atteler et arrêter les jérémiades. Oui, il y a de la corruption, où certains médecins travaillent peu, mais ce n’est pas l’essentiel. Nos infrastructures sanitaires ne peuvent pas répondre aux besoins de 30 millions de personnes. C’est dramatique pour un pays qui se veut démocratique. Point à la ligne.

 
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