France : L’intermède Macron [Par Jamal Berraoui]
Même Marine Le Pen était convaincue que le Président français aurait la majorité absolue, parce que tel était le cas depuis l’adoption du quinquennat. Les électeurs ont déjoué les pronostics. La France est ingouvernable, à moins d’une alliance de Macron avec les Républicains, à laquelle ceux-ci n’ont aucun intérêt.
L’échec du «macronisme» n’est pas qu’électoral. Par son exercice personnel du pouvoir, le Président a empêché ses troupes de dégager des chefs capables de lui survivre. Car c’est de 2027 qu’il s’agit déjà. Si les Républicains ne veulent pas d’une alliance, c’est parce qu’ils savent que la «macronie» n’a pas de candidat qui s’impose et que donc toutes les cartes seront rebattues.
Les électeurs ont pris un malin plaisir à enterrer tous les barons du gouvernement en même temps. Ferrand et Castaner, respectivement Président de l’Assemblée et chef du groupe parlementaire sont passés à la trappe face à d’illustres inconnus. Les péripéties du quinquennat qui s’ouvre seront liées aux perspectives du prochain.
Dans sa configuration actuelle, l’Assemblée nationale n’annonce que l’immobilisme. Aucune réforme d’importance ne peut passer. Bien sûr, le Président peut prononcer la dissolution de l’assemblée, mais s’il le fait et qu’il n’obtient pas la majorité, cela équivaudrait à une démonétisation absolue pour lui, une démission de facto.
Des gens comme Edouard Phillipe ou Laurent Wauquiez savent que leur avenir personnel se joue dans les mois qui viennent. L’extrême droite, malgré le scrutin majoritaire à deux tours, a vaincu le fameux front républicain et croit désormais la victoire possible. Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, quelques jours à peine après les législatives, c’est le prochain scrutin présidentiel qui règle les horloges politiques.
Emmanuel Macron promettait de changer la politique. Il l’a fait, mais en pire. Par son comportement hautain, il a fragmenté la société, renforcé les extrêmes, la gauche et la droite reviennent en force, mais sur leurs flancs les plus raides. Le «macronisme», et de gauche et de droite, aura vécu ce que vivent les fleurs, à moins que cela ne soit un pot-pourri.
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Cette parenthèse fermée, la politique française se remettra à la recherche d’un bloc central gaulliste social ou réformiste de gauche, les extrêmes revenant à leur rôle tribunitien.
Macron est le produit de l’emballement médiatique. Cela suffit pour gagner une élection en période de crise, mais pas à manquer l’histoire. Il lui reste à soigner sa sortie, sachant qu’il n’a pas d’héritier faute d’héritage. Il est jeune, il pourrait revenir chez Rothschild et fermer lui aussi la parenthèse.