France : Macron au service de Le Pen
L’histoire s’accélère sous nos yeux ; la France est probablement la prochaine conquête du populisme en vogue. Emmanuel Macron endosse une grande responsabilité historique dans ce danger, puisque l’hypothèse d’une victoire de Marine Le Pen n’est plus du tout exclue, le fameux plafond de verre étant largement fissuré.
La conviction qu’en 2022 il y aura un remake de 2017 a poussé le Président français à multiplier les erreurs, pour siphonner les voix de la droite, il a abandonné ceux qui, à gauche, l’ont soutenu dès le premier tour. Diminuer les aides au logement pour les plus pauvres et abolir l’impôt sur la fortune est un marqueur politique, il est le Président des riches désormais.
Ses défauts personnels, son chapelet de petites phrases méprisantes, la volonté de casser les corps intermédiaires ont fini par l’éloigner d’une majorité de Français. Il n’a plus qu’un socle réduit aux retraités et aux puissances d’argent.
Les gilets jaunes symboles de toutes les colères
Ce divorce va s’exprimer d’une manière inédite. Les gilets jaunes, mouvement spontané, vont manifester pendant près d’une année. Leurs revendications sont très éparses et souvent contradictoires. Mais le fond est une contestation des élites symbolisées par Macron. Celui-ci a fini par lâcher des milliards d’euros, oublier l’objectif de réduire les déficits et ouvrir un débat national pour tenter de retisser les liens.
Mais voilà qu’il lance une réforme des retraites qui accentue les divisions. Plusieurs semaines de grève ont paralysé les transports surtout en Île de France. Les avocats, les médecins libéraux sont mobilisés de manière significative, les professeurs et le personnel hospitalier rejoignent le mouvement. Il recule sur ses promesses initiales. C’est une réforme qui va passer grâce à sa majorité de beni oui-oui, mais les traces qu’elle laisse portent un risque incalculable.
Emmanuel Macron n’a pas saisi les changements qui s’opèrent dans la société française. L’assimilation de Marine Le Pen à l’extrême droite est de moins en moins présente. Elle est même moins radicale qu’un Eric Zemmour qui colonise les plateaux télé. L’électorat de gauche refuse le piège qui consiste à soutenir la casse du modèle social pour faire barrage au Rassemblement national.
Selon les sondages, les 2/3 des électeurs de Mélenchon sont prêts à voter Marine Le Pen au second tour, cela aurait suffi pour la faire élire en 2017. Plus grave, les socialistes bon teint déclarent opter pour l’abstention en cas de remake de 2017.
La détestation du Président est devenue un marqueur puissant de la vie politique française et il ne fait rien pour arranger les choses. Dans ces conditions, une victoire du populisme devient possible voire probable.