Fuite des médecins marocains à l’étranger : les derniers chiffres alarmants de l’OCDE
On savait déjà que les médecins alimentent, à leur tour, et de plus en plus hélas, la fuite des cerveaux marocains vers l’étranger mais l’ampleur du phénomène était mal cernée avec des estimations éparses et peu fiables. Or, une étude de l’OCDE intitulée « Recent Trends in International Migration of Doctors, Nurses and Medical Students » est venue y jeter un éclairage plus précis. Et il n’est guère rassurant pour notre pays et plus particulièrement notre système de santé qui souffre déjà de tous les maux.
Selon un travail minutieux de l’OCDE qui met en exergue une pénurie chronique mondiale de médecins dont les premières victimes sont, bien évidemment les pays du sud, le Maroc compte, à fin 2018, pas moins de 5.300 blouses blanches ayant déjà émigré vers les seuls pays de l’OCDE. Les deux tiers de cette manne ont pris la direction de la France (ce qui se comprend pour des raisons culturelles et linguistiques), mais d’autres pays comme l’Allemagne qui, depuis un moment, recrute à bras-le-corps des médecins étrangers sans conditions préalables (ni examen d’équivalence, ni durée de probation minimum…), exercent un attrait de plus en plus grandissant parmi ceux au Maroc qui ont fait le serment d’Hippocrate ou s’apprêtent à le faire. D’ailleurs, dans certaines facultés marocaines de médecine, une part importante d’étudiants finissant suivent en parallèle des cours d’allemand !
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Rapporté au nombre de médecins exerçant (encore) au Maroc, la part de ceux qui ont succombé aux sirènes d’autres pays leur offrant, au-delà des conditions matérielles, un cadre social plus valorisant et de bonnes conditions pour exercer leur métier, est de près de 20%, soit le taux le plus élevé en Afrique du nord voire parmi les cinq premières économies africaines (incluant l’Afrique du Sud et le Nigéria). Un constat d’autant plus déplorable quand on sait qu’avec moins de 25.000 médecins, notre pays affiche un ratio d’à peine 7,2 médecins pour 10.000 habitants alors que l’OMS recommande un minimum de 23 médecins. D’où un besoin global de près de 80.000 médecins (donc une pénurie de 55.000 médecins !) pour avoir un système de santé qui se respecte.