Gabon : échec d’une tentative de coup d’État
Une tentative de coup d’Etat menée par une poignée de soldats a échoué ce matin au Gabon, pays dont le président, malade, est absent depuis deux mois et demi et où le gouvernement n’assure plus que les affaires courantes.
Pour la première fois dans l’histoire du Gabon, un groupe de militaires est apparu lundi à l’aube à la radio-télévision nationale, à Libreville, appelant à un soulèvement et annonçant la prochaine formation d’un « Conseil national de restauration » de la démocratie.
Quelques heures plus tard, le calme était « revenu » et la situation était « sous contrôle », selon le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Guy-Bertrand Mapangou.
Les autorités ont repris le contrôle des bureaux de radiodiffusion de l’Etat et d’une voie de communication majeure dans la capitale, Libreville, qui étaient les seules zones occupées par les comploteurs.
Les forces de sécurité ont été déployées dans la capitale et elles le resteront pour les prochains jours afin de maintenir l’ordre, a-t-il ajouté, mais, selon lui, les frontières du pays restent ouvertes. En revanche, internet était coupé dans Libreville.
L’Union africaine (UA) a « fermement » condamné « la tentative de coup de ce matin au Gabon », réaffirmant « le rejet total par l’UA de tout changement inconstitutionnel de pouvoir ».
Paris a également condamné cette tentative de coup d’Etat, appelant au « strict respect » de la Constitution dans cette ancienne colonie française et pays producteur de pétrole.
Victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC) le 24 octobre dernier en Arabie saoudite, le chef de l’Etat, âgé de 59 ans et dont la famille est au pouvoir depuis 1967, a été transféré ensuite à Rabat, au Maroc, où il poursuit depuis sa convalescence sans qu’aucune date n’ait été fixée pour son retour au Gabon.
La vacance du pouvoir n’a pas été déclarée en l’absence du chef de l’Etat. La Cour constitutionnelle a transféré une partie de ses pouvoirs au Premier ministre et au vice-président. Le gouvernement ne fait qu’assurer les affaires courantes.
« Si vous êtes en train de manger, arrêtez. Si vous êtes en train de prendre un verre, arrêtez. Si vous dormez, réveillez-vous. Réveillez vos voisins (…), levez vous comme un seul homme et prenez le contrôle de la rue », a encore déclaré le militaire à la radio.
Il a invité « tous les hommes du rang et les sous-officiers » à se procurer « armes et munitions » et à « prendre le contrôle » des points stratégiques du pays comme les édifices publics et les aéroports.
Il a appelé la population à les soutenir, « pour sauver le Gabon du chaos ».
Le 31 décembre, le président Bongo, affaibli, avait pris la parole depuis Rabat pour la première fois depuis son hospitalisation. Sa déclaration du nouvel an a été qualifiée par les militaires du MPJFDS de « honte » pour un « pays (qui) a perdu sa dignité ».
Dans leur message, les militaires putschistes ont dénoncé la « confiscation du pouvoir par ceux qui le 31 août 2016 ont fait assassiner nos jeunes compatriotes », en référence aux troubles qui avaient suivi la dernière élection présidentielle qui avait vu la réélection, contestée par l’opposition, d’Ali Bongo.
Le président a succédé en 2009 à son père Omar, à la mort de ce dernier, et a été réélu en 2016. Omar Bongo a dirigé le Gabon de 1967 à sa disparition.