Gazoduc GME : l’Algérie cessera d’approvisionner le Maroc à partir du 1er Novembre
C’est officiel. Après des mois d’attentes, de pourparlers et d’études le gazoduc Maghreb-Europe (GME), qui alimente la péninsule ibérique en gaz algérien via le Maroc, cessera officiellement de fonctionner dans 5 jours.
L’Algérie, qui a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc, cessera de fournir du gaz naturel au pays via le gazoduc Maghreb-Europe à partir du 1er Novembre, ont déclaré à l’agence Reuters trois sources algériennes ayant une connaissance directe du dossier(deux gouvernementales et une au sein de Sonatrach). Le gazoduc Maghreb-Europe de 13,5 milliards de mètres cubes reliant l’Algérie à l’Espagne via le Maroc serait ainsi abandonné au profit du gazoduc sous-marin Medgaz, d’une capacité annuelle de 8 milliards de m3 et qui ne passe pas par le Maroc, ont indiqué les mêmes sources.
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Plusieurs sources algériennes avaient fait part durant tout l’été de l’intention d’Alger de ne pas renouveler le contrat, en réaction aux « actes hostiles » et « provocations » du Maroc qui ont mené à la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays le 24 août. L’Algérie avait fait allusion, en août, à la possibilité de mettre fin aux exportations de gaz naturel vers le Maroc, soit un milliard de mètres cubes, utilisé pour produire environ 10% de l’électricité du royaume.
L’option du non-renouvellement du contrat se précisait de semaine en semaine, au fil des sorties de hauts responsables algériens, dont le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, qui mettaient à chaque fois en avant l’alternative de renforcer les capacités de l’autre gazoduc (le Medgaz) qui relie l’Algérie à l’Espagne, sans passer par le Maroc.
Les analystes estiment que les problèmes techniques liés aux projets algériens d’extension de la capacité du Medgaz pourraient aggraver la crise énergétique en Espagne à un moment où les factures de gaz montent en flèche à travers l’Europe. Reuters a également rappelé qu’il y a quelques jours, un haut responsable marocain a déclaré que son pays discutait avec l’Espagne de la possibilité d’inverser le flux du gazoduc, au cas où l’Algérie ne renouvellerait pas l’accord d’approvisionnement.
L’Algérie était jusque-là le plus grand fournisseur de gaz de l’Espagne, couvrant près de la moitié de sa demande de gaz via le gazoduc Maghreb-Europe. Un haut responsable du gouvernement algérien a assuré, dans ce sens, qu’Alger pourrait utiliser des navires pour transporter du gaz naturel liquéfié (GNL) vers l’Espagne. Mais selon les analystes, cela signifierait que Sonatrach devrait affréter plus de navires, alimentant de nouvelles hausses des prix du GNL en raison des tarifs d’expédition ayant plus que doublé par rapport au début du mois.
En Août dernier, Anas Abdoun, consultant analyste en risque géopolitique dans le secteur des énergies hydrocarbures, nous disait « qu’il était clairement question de séquelles du conflit politique existant. Fermer le gazoduc traversant le Maroc n’est clairement pas favorable aux intérêts économiques de l’Algérie d’autant plus que ce gazoduc ne coûte pas très cher. Maintenant, ils peuvent le faire parce que toutes les décisions qui viennent d’Alger sont toutes irrationnelles ».