Ghali Chraïbi, DG de CAFPI : « L’impact de la pandémie s’est fait ressentir à partir du deuxième trimestre »
Les transactions immobilières ont pris un coup durant ces derniers mois, notamment à cause de la pandémie. Comment s’annonce le redémarrage sur ce segment, après près de trois mois de confinement ? Ghali Chraibi, Directeur général de CAFPI Maroc, spécialiste du courtage en crédits immobiliers dans le royaume, analyse la reprise.
Quel a été l’impact de la pandémie sur les transactions dans le secteur ?
Les premières mesures de confinement étant intervenues mi-mars nous pouvons considérer que le premier trimestre a connu une activité pleine. L’impact du confinement sur le marché immobilier et son financement s’est fait ressentir lorsque les promoteurs immobiliers et les agences immobilières ont dû fermer leurs showroom et que les études notariales ont été contraintes de stopper leur activité. Dans ce contexte, les opérateurs se sont concentrés à clôturer, dans la mesure du possible, les transactions initiées avant confinement. L’impact de la pandémie s’est donc fait ressentir à partir du 2e trimestre de cette année. Cela est d’autant plus malheureux que depuis le mois de décembre et notamment suite à la baisse du taux directeur opéré par la Banque centrale, nous avons eu un trimestre de baisse des taux et une phase de croissance du marché immobilier.
Lire aussi| Coronavirus: baisse de 25,1% des livraisons de ciments entre janvier et mai 2020
Quelles sont les perspectives pour la reprise ?
Aujourd’hui où nous vivons les premiers jours de déconfinement, l’analyse des transactions nous permet d’être serein sur l’engouement et le retour des acheteurs sur le marché. L’enjeu sera de s’assurer que les promoteurs immobiliers d’une part réussissent notamment en termes de gestion financière à surmonter cette crise et à reprendre les travaux sur les chantiers de manière dynamique. Bien sûr qu’un effort consenti sur le prix des bien affichés actuellement sera de nature à accélérer les transactions, fluidifier le marché et réduire les délais de décision des clients acheteurs. D’autre part, le secteur bancaire et son régulateur, Bank Al-Maghrib, sont, bien entendu, en première ligne non seulement pour anticiper les mouvements de marché mais surtout pour influer sur le sens de l’économie d’ici la fin de l’année.
Les signaux, ces dernières semaines, de la Banque centrale et les annonces qui ont suivi ont montré un souhait affiché de contrôler la transmission à l’économie réelle des avantages et des facilités offertes aux établissements bancaires par la Banque centrale. Les outils de politique monétaire utilisés, qui nous importent, tels que la baisse du taux directeur ou encore la baisse des réserves obligatoires ont pour le crédit immobilier deux objectifs principaux. Premièrement, il s’agit de permettre au secteur bancaire de réduire son coût de financement tout en intégrant une prime de risque plus élevée des marges à reconstituer et un marché de l’immobilier à soutenir.
Il est évident que cette équation est bien plus simple pour les établissements bancaires disposant d’un encours de crédit historique à des conditions de taux ne se pratiquant plus aujourd’hui. Cela leur permet d’amortir les chocs de taux. Ce qui est plus complexe pour les établissements n’ayant pas ce portefeuille historique ou les dépôts clientèles suffisants. Nous pensons, bien entendu, que c’est par la concertation entre les différents acteurs (régulateur, banque, notaire, promoteurs) pour une action concertée financière et non financière pour redonner confiance dans le secteur surtout aux primo accédants pour leurs résidences principales. Par ailleurs, cette crise a également remis au premier plan l’importance pour certains d’être propriétaires de leur résidence secondaire.
En effet, ce marché important, il y a quelques années, a perdu de son intérêt (offre hôtelières, multiplication des destinations…). Il nous apparaît aujourd’hui que ce segment est en passe de redevenir une niche de croissance du secteur.
Lire aussi| Coronavirus : l’opération Marhaba 2020 annulée mais les MRE pourront regagner le Maroc
Comment CAFPI compte-t-il remonter la pente ?
Aujourd’hui chez Cafpi, nous pensons que notre expertise et notre savoir-faire seront présents à l’esprit des acquéreurs en recherche de financement pour profiter des meilleurs taux disponibles. Durant cette phase de confinement, nous avons maintenu un service de gestion des reports d’échéance, des demandes de franchise et de conseil au particulier en situation financière difficile due à la baisse de leurs revenus salariaux ou autre.
Ce rôle a été très apprécié par notre clientèle notamment résidente à l’étranger et a permis d’identifier cafpi comme acteur résolument positionné sur les Particuliers. Sans oublier l’importance durant cette phase des outils digitaux de simulation, de demande de prêt, ou de traitement banque qui nous ont permis de rester opérationnels.
Un autre élément joue en notre faveur. Il s’agit de l’asymétrie d’information que nous constatons sur le marché: De propositions de relance publique au plans de chaque institution, les acteurs économiques et les particuliers acquéreurs ne savent plus à quelle information se fier. Cette situation risque d’être contre-productive, les acquéreurs commencent à anticiper des actions de relance qui n’arrivent pas et à reporter leurs transactions, ce qui a pour conséquences de ralentir les effets de la relance.