Gouvernement. Vers un libéralisme social [Par Jamal Berraoui]
Il faut croire que la pandémie du Covid a, quand même, du bon. Les libéraux de par le monde ont remisé leurs dogmes. Plus personne ne parle du musellement, pourtant mythe fondateur de cette doctrine. Pour les équilibres fondamentaux, on attendra un jour. Il faut bien payer la dette publique, mais cela peut attendre.
L’urgence, c’est d’éviter le déclassement social de couches de plus en plus larges. Protéger les plus vulnérables, devient un crédo des libéraux, divine surprise ! Le Maroc n’est pas en dehors de ce mouvement. D’abord, parce que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Aucun être sensé ne peut croire que la reconstruction économique peut se faire sur les décombres d’une crise sociale, ne serait-ce que parce qu’il faut maintenir un marché intérieur.
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Mais, il y a aussi des raisons endogènes. L’une des grandes faiblesses du Maroc, ce sont les écarts sociaux qui n’ont cessé de se creuser au fil des ans. Le Chef de l’Etat s’en est ému dans son fameux « où va la richesse ». Le chantier de la généralisation de la protection sociale répond à cette préoccupation. L’école ne jouant plus le rôle d’ascenseur social, cela ne pouvait que déboucher sur des tensions, parce que si la destinée est fixée à la naissance, il n’y a plus de sens à l’émancipation des individus.
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Protéger les plus faibles, renforcer la classe moyenne, performer les services publics, la Santé et l’Education, voilà le programme du gouvernement libéral. Difficile de ne pas reconnaître la nouveauté. Ce virage des libéraux pose des questions politiques aux sociaux-démocrates qui sont obligés de se rabattre sur l’extension des droits, la construction démocratique pour exister. A la limite, c’est leur problème. Ce qui est important, c’est que ce virage social passe dans les faits et que la confiance populaire dans les institutions se renforce. C’est le meilleur atout pour le développement intégré.