Guerre en Ukraine : les prix des matières premières explosent et les bourses chutent. Quid du Maroc?
Les marchés du pétrole, du gaz et du blé ont tous battus des records face à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. L’escalade de la violence dans le Donbass et le reste de l’Ukraine, à l’origine des troupes russes annonce d’importantes conséquences économiques en Europe mais aussi dans tout le monde. Notamment, concernant la flambée des prix du gaz.
La directrice générale du FMI Kristalina Georgieva s’est inquiétée jeudi de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, alertant sur « un important risque économique pour la région et le monde », alors même que l’économie mondiale tente de se relever de la crise liée au Covid-19. La panique suscitée par l’invasion russe de l’Ukraine se ressent aussi sur les marchés financiers. Les prix des matières premières se sont envolés alors que les principaux indices boursiers mondiaux ont fortement chuté, jeudi 24 février. La Russie est la plus durement touchée. La Bourse de Moscou s’est effondrée de plus de 30%, et la monnaie russe a atteint sa valeur la plus basse, à 90 roubles pour un dollar. Une situation qui pourrait encore empirer avec les nouvelles sanctions que préparent les Etats-Unis et l’Union européenne.
Lire aussi | Retour des supporters dans les stades de foot à partir du 5 Mars
Mais la panique a concerné toutes les places boursières mondiales, comme Paris, Francfort, Milan et Londres qui ont perdu plus de 3%, une des pires séances depuis mars 2020 et le début de la crise du Covid-19. Les prix des matières premières ont quant à eux flambé, alors que l’inflation touche déjà plusieurs ménages européens. Le baril de pétrole a dépassé les 100 dollars, une première depuis 2014, et le marché européen de référence du gaz naturel a bondi de 50%. L’aluminium, le blé et le colza ont aussi battu des records. La Russie est également le premier exportateur mondial de gaz naturel. Le Vieux continent importe environ 40 % de ses besoins depuis la Russie. Malgré cette dépendance au gaz russe, l’Europe a cependant « assez de stocks pour passer l’hiver », a assuré mercredi le secrétaire d’État français aux Affaires européennes Clément Beaune.
Les prix des céréales ont atteint, jeudi matin, des niveaux record en séance sur le marché européen, avec un pic inédit pour le blé à 344 euros la tonne sur Euronext, ont indiqué des analystes et courtiers à l’AFP. Les cours du blé et du maïs, dont l’Ukraine est le quatrième exportateur mondial, se sont envolés dès l’ouverture, quelques heures après le début de l’invasion russe de l’Ukraine. Autres actifs plébiscités en période de risque accru : l’or montait de 2,31 % à 1.953 dollars l’once et les obligations d’Etat étaient recherchées. Le rendement de la dette américaine à 10 ans grimpait à 1,87 %, contre 1,99 % mercredi. Le bitcoin baissait pour sa part de 5,74 % à 35.380 dollars.
Qu’en est-il du Maroc? Tout d’abord la première crise à gérer au niveau local est le retour et la prise en charge des nombreux ressortissants marocains présents en Ukraine qui n’ont cessé d’exprimer leur mécontentement sur les réseaux sociaux quant au silence du gouvernement marocain. Aussi et selon le porte parole du gouvernement, la crise russo-ukrainienne n’aura aucun impact sur l’approvisionnement du marché national, a assuré, jeudi à Rabat, le ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement, Mustapha Baitas.
« Ce conflit n’aura aucun impact sur l’approvisionnement du marché marocain et la disponibilité des aliments nécessaires », a déclaré Baitas lors d’un point de presse à l’issue du Conseil de gouvernement, notant à cet égard que le gouvernement a pris l’initiative d’importer de grandes quantités de blé au cours des mois de janvier et février. Le stock national de blé tendre et de blé dur a été renforcé, a-t-il dit, ajoutant que le gouvernement prendra les mesures nécessaires pour réduire l’impact de la hausse des prix de certains produits. Concernant la possibilité de promulguer une loi de finances rectificative en rapport avec le contexte géopolitique international, Baitas a écarté cette hypothèse. « Il n’est pas nécessaire de modifier la loi de finances », a-t-il déclaré.Il a expliqué que le gouvernement « dispose d’une marge de manœuvre pour faire face à un ensemble de contraintes imposées par la situation internationale et suivre de près les prix des produits alimentaires. »
Lire aussi | Investissement. Le Marocain Gaia Energy et l’Israélien Gandyr s’allient
Des réunions d’urgence sont prévues dans plusieurs pays : le G7 s’est réuni en visio-conférence, les 27 pays de l’Union européenne se réunissaient jeudi après-midi en sommet à Bruxelles, tandis que l’Otan convoquait un sommet en visioconférence pour vendredi. Le président américain Joe Biden doit s’exprimer à 12H30 (17H30 GMT).