Haro sur les fraudeurs par ( Jamal Berraoui )
Le ministre de la Santé a déclaré que deux cent mille personnes bénéficient de la RAMED sans y avoir le droit parce que non démunies et bénéficient souvent de l’AMO. On savait qu’il y avait des resquilleurs, mais pas à ce nombre astronomique qui représente le quart de tous les bénéficiaires, alors que de nombreuses personnes âgées, n’ont pas obtenu le sésame, pour des tracasseries administratives.
Le ministre menace de réclamer le remboursement des montants perçus. C’est la moindre des choses. Il pointe une incohérence majeure, l’instance qui paye et celle qui contrôle sont distinctes.
Il ne faut cependant pas s’arrêter là. La responsabilité des autorités est engagée. Cette fraude à large échelle n’a été possible que parce que dans les arrondissements il y a eu des complicités. C’est vrai pour la RAMED comme c’est vrai pour les constructions sauvages. C’est dramatique parce qu’il s’agit d’un acquis social qu’on a plombé dès sa mise en place. C’est aussi dramatique parce que cette situation, nous ferme la voix vers d’autres réformes. On peut penser en particulier, à la compensation de la décompensation, à l’aidedirecte aux citoyens en dessous du seuil de pauvreté. S’ils ont été 200.000 à tricher, et à trouver des complicités pour le faire concernant la RAMED, combien seront-ils pour une éventuelle aide directe ?
La confiance des citoyens, déjà ébranlée, ne risque pas de s’améliorer à l’annonce de tels chiffres. Or, il n’y a eu aucune sanction, alors même que les protestations ont été très fortes dès le début de l’opération d’inscription pour la RAMED. Ni l’administration locale, ni les élus ne sont crédibles, dès lors qu’il s’agit d’avantages sociaux en faveur des citoyens. La corruption et le clientélisme reprennent rapidement le dessus. Comme on ne peut pas créer des agences spécifiques à chaque fois, il n’y a qu’une solution : sévir, nettoyer les écuries d’Augias.