Hécatombe chez les artistes
Quarante-huit heures après Hammadi Tounsi, Aziz Saadallah a rendu l’âme. Auparavant, nous avons perdu Abdeljabbar El Ouzir, Anouar El Joundi, Chama Zaz et bien d’autres. C’est une hécatombe, un dépeuplement massif de la scène artistique.
On n’y peut rien, il y a des hasards dans la vie et c’est une série peu compréhensible. Mais on peut dire qu’une génération est en train de tirer sa révérence. De manière précipitée pour certains.
Ces douloureux faits doivent nous appeler à deux devoirs. Le premier c’est d’assurer à nos artistes, à tous nos artistes, une couverture sociale et médicale élargie. Nous sommes, trop souvent, face à des situations innommables où d’anciennes stars meurent dans l’indifférence générale, face à une misère qui contraste avec la joie qu’ils ont procurée à un très large public.
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Notre second devoir est celui de la mémoire. Il nous faut trouver des modules pour sauvegarder non seulement les noms mais aussi les œuvres. Il n’est pas du tout constructif d’oublier les artistes décédés parce que c’est l’accumulation qui permet d’avancer, pas la négation du passé.
Ce satané coronavirus n’a pas permis des funérailles dignes, des commémorations publiques, des représentations en leur mémoire. Il faut dès à présent réfléchir à un moyen technique permettant de leur rendre hommage.
Il n’est jamais facile de parler de la mort d’un artiste. Parce que la mort c’est très triste, c’est lugubre, alors que l’art c’est lumineux, même quand il relate des drames.
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Aziz Saadallah a laissé une veuve, l’excellente actrice Khadija Assad. Ils ont partagé les planches et les studios durant toute une vie puisqu’ils se sont connus au conservatoire. Qu’elle trouve ici l’expression d’une profonde compassion.
Prions pour que cette hécatombe s’arrête et que la tribu des artistes puisse s’atteler à la création, plutôt qu’à une succession d’enterrements.