Hors-Cadre. Nawal Sfendla quitte la vie de bureau pour s’attaquer au #7summitsChallenge
Hors-Cadre est un nouveau concept lancé par Challenge Maroc pour mettre en exergue le parcours exceptionnel d’hommes et de femmes qui ont décidé de vivre hors-cadre et de se défaire d’une vie pré-configurée par la société en choisissant leur propre voie. Nawal Sfendla a tracé son chemin en hauteur à travers les plus hauts sommets du monde.
Trouver du confort dans un emploi, avoir des revenus qui permettent de vivre confortablement et de s’épanouir dans sa carrière… Voici le Graal que cherchent beaucoup de personnes, sauf que Nawal Sfendla a choisi de vivre hors-cadre comme alpiniste à plein temps. Interview d’une lionne qui impressionne par son vécu et surtout par son courage ! Nawal Sfendla, marocaine, âgée de 32 ans se lance à la conquête des 7 plus hauts sommets du monde. Après avoir conquis les neufs plus hauts sommets marocains en seulement six jours, l’appel à l’aventure résonne encore plus fort. En pleins préparatifs de sa prochaine expédition, elle nous accorde une interview où elle dévoile sa vie hors-cadre.
Challenge Maroc: Qui est Nawal Sfendla ?
Nawal Sfendla: Jeune femme marocaine qui a décidé aujourd’hui de se dédier entièrement à sa passion, l’alpinisme et le trekking, avec un projet majeur qui est l’ascension des septs plus hauts sommets au monde. J’ai à mon actif aujourd’hui 3 sommets qui sont : le Kilimandjaro qui est le toit de l’Afrique (5 895 m), l’Aconcagua qui est le colosse de l’Amérique du Sud (6962m) et le mont Elbrouz qui est le plus haut sommet d’Europe (5 642m). Durant le confinement et étant donné que les frontières étaient fermées, j’ai fait le choix de réaliser un challenge à part et qui sort un peu de l’ordinaire, histoire de profiter des paysages marocains qui sont juste incroyables. J’ai pu donc faire les 9 plus hauts sommets du Maroc, de plus de 4000 mètres d’altitude en six jours.
Challenge Maroc: Comment s’est déroulée cette aventure ?
Nawal Sfendla: au début, il s’agissait de 10 sommets, sauf que l’un des sommets se trouvait en dehors du parc de Toubkal. J’avais toujours envie de découvrir cette région, mais en ayant comme challenge la rapidité, l’endurance et la technicité aussi. J’ai pris le temps de faire des recherches avec mon guide à Marrakech, qui est d’ailleurs mon guide depuis toujours. C’était très dur et intense, on se levait très tôt aux alentours de 3 h du matin, il y a eu des jours où j’enchaînais 2 à 3 sommets avec des conditions assez extrêmes. Le vent est l’aléa le plus contraignant au Maroc, mais j’ai eu le soutien de mon guide, et malgré la fatigue, cela s’est vraiment bien passé.
Challenge Maroc: pourquoi l’alpinisme ?
Nawal Sfendla: Il faut savoir que le sport que j’ai toujours pratiqué, depuis l’âge de 11 ans d’ailleurs, est la course à pied. A l’époque, je me rappelle bien que ma première course faisait 5 Kms. Par la suite j’ai continué sur cette voie que ce soit au niveau national ou à l’internationale également, avec des courses professionnelles allant jusqu’au semi-marathon. Après mon retour au Maroc, et une expérience professionnelle en communication, je sentais qu’il y avait quelque chose qui me manquait en tant qu’être humain, en tant que femme. Un certain épanouissement qui n’était pas complet. La course à pied m’avait suffisamment apporté au niveau personnel, mais ce n’était pas assez.
Je me suis alors intéressée à d’autres activités sportives et des amis m’ont finalement proposé le Toubkal en 2019. Et là c’était le déclic, une expérience inoubliable qui invite au dépassement de soi. En toute honnêteté, c’était très dur pour moi surtout au niveau de la phase finale où le mal de l’altitude et le mal-être général sont amplifiés. Et c’est là que j’ai découvert l’ampleur de notre force mentale. J’ai décidé par la suite un mois plus tard de faire le Kilimanjaro avec une seule promesse. Si j’y arrive, je me lance dans le 7 summits Challenge. Et c’est ainsi que je me suis lancée dans l’aventure.
Challenge Maroc: Un moment de doute et de peur que tu as traversé ?
Nawal Sfendla: les moments de doute et de peur, je les traverse constamment. Ce serait vous mentir de dire que c’est relatif à un sommet ou à une aventure exacte. Le domaine sportif dans lequel j’exerce est un domaine à risque. Donc je me prépare psychologiquement à faire face à ce risque et à connaître les limites de mes limites. Je suis pour le dépassement de soi, mais il faut connaître ses limites et ne pas risquer sa vie. L’Aconcagua par exemple, nous avons attendu une fenêtre de tir pour de meilleures conditions météorologiques, pour pouvoir compléter l’ascension. Sauf qu’on s’est retrouvé coincés dans une tempête à 6 300 mètres d’altitude ce qui a beaucoup joué sur nos capacités physiques. L’ascension finale m’a pris 13 heures de temps, c’était éprouvant et c’est là où on sent réellement le risque. Mais c’est justement là que se révèle cette excitation à la confrontation continue de la peur.
Challenge Maroc : Quelle est votre perception de l’alpinisme en tant que femme ?
Nawal Sfendla: lorsque je me suis lancée dans ce domaine-là, j’avais quelques appréhensions surtout que quand on cherche, c’est effectivement un domaine qui est majoritairement masculin. Je craignais qu’on ne me respecte pas ou qu’on ne m’apprécie pas à ma juste valeur. Ce que je cherchais à travers cette aventure, ce n’est pas seulement le 7 summits challenge, mais c’est surtout le dépassement de soi. Le début était un peu dur, mais au fur et à mesure, on remarque que notre peur n’a pas lieu d’être, et que tout le monde accepte autrui qu’il soit homme ou femme, jeune ou moins jeune. Maintenant le fait d’être une femme et de tout laisser pour se consacrer entièrement à sa passion, alors qu’on a la trentaine alors qu’on attend de vous une carrière et une famille, c’est un choix qui est assez dur. Mais je sais que cette passion va m’aider à m’épanouir en tant que femme et en tant qu’individu à part entière.
Challenge Maroc: Quel était le déclic qui vous a poussé à quitter votre carrière pour vous lancer à l’aventure ?
Nawal Sfendla: Il faut savoir que quand j’ai entamé le 7 summits challenge, notamment avec le Kilimandjaro, je travaillais encore. C’était toute une négociation pour avoir 15 jours et pouvoir finalement me lancer dans l’ascension qui a, justement enclenché le déclic. À mon retour à Casablanca, j’ai repris ma vie de bureau normalement, mais je n’étais plus la même. Il y avait un changement qui s’était opéré quelque part, il y a un tri qui avait lieu dans ma vie tout naturellement. J’étais beaucoup plus apaisé, j’avais à proprement parler pris de la hauteur. Je commençais à me dire, peut-être que c’est cela dont j’avais besoin dans ma vie. Je me suis donc lancée à la recherche de sponsors, j’avais fait le choix de ne plus compter sur ma famille. C’était assez difficile, j’ai pu me trouver un sponsor pour m’accompagner sur le deuxième sommet. C’est un choix à assumer.
Challenge Maroc : est-ce que vous vous sentez prête pour l’Everest ?
Nawal Sfendla: chacun son Everest comme on dit. C’est un sommet qui impressionne et qu’il ne faut absolument pas sous-estimer. On parle quand même de 8 849 m, il s’agit de deux mois d’expédition, et pas tout le monde peut faire l’Everest. Il faut être suffisamment préparé. Ce sommet, c’est le rêve ultime de tout alpiniste. J’ai vraiment hâte de le faire, j’ai déjà fait le camp de base de l’Everest avec mon frère et c’était l’un des plus beaux moments de ma vie.
Challenge Maroc : un message au personnes qui désirent se lancer dans l’alpinisme ?
Nawal Sfendla: se lancer dans n’importe quelle activité ou dans l’alpinisme peut faire peur, ça m’a fait peur. J’ai pleuré, j’ai paniqué et j’ai même regretté mon choix des fois, mais j’ai su prendre du recul et me dire pourquoi pas. Le conseil que je peux vous donner est de ne pas vous limiter par des freins et se dire par exemple qu’on a le vertige, je ne sais pas comment m’habiller sur place, j’ai peur du froid… Il faut y aller petit à petit. Si vous voulez vous lancer dans l’alpinisme, le but n’est pas de viser l’Everest, mais d’apprendre tout au long de votre évolution dans ce domaine sportif et de vous nourrir de chaque chose que vous allez ressentir. Restez à l’écoute de votre corps, de votre instinct et croyez surtout que vous avez en vous tout ce qu’il faut pour le faire. On a la chance que l’activité du trekking au Maroc ne coûte pas aussi cher qu’à l’étranger. Commencez par notre pays qui a quand même des parcours incroyables, la nature est magnifique, les montagnards sont généreux et bienveillants…. Moi, je m’entraîne au Maroc avant de partir à l’étranger.
Challenge Maroc : qu’est-ce que cela fait de vivre Hors-cadre ?
Nawal Sfendla : ça fait du bien ! L’alpinisme est mon oxygène, et tant que vous voyez des conséquences positives découler de vos actions, et même si vous vivez hors-cadre, il n’y a que du bon qui peut vous arriver.
Nawal Sfendla a besoin de vous pour conquérir l’Everest
L’alpinisme à un certain degré de professionnalisme peut s’avérer onéreux et demander un investissement conséquent pour assurer le matériel adéquat et aussi les permissions nécessaires pour effectuer le parcours escompté. Voir nos alpinistes marocains conquérir les plus hauts sommets du monde est gage de représentativité pour notre nation, et pour voir les couleurs de notre drapeau orner monts et montagnes. Nawal Sfendla lance un appel à sponsoring, pour pouvoir sécuriser le reste de l’investissement nécessaire au 7 summits challenge. Si vous voulez voir les couleurs de votre marque sur les plus hauts sommets du monde, c’est une occasion à saisir ! Contact : [email protected]