Huit bâtons dans les roues des PME
Le 12 février prochain, l’ex-président de la Fédération PME-PMI de la CGEM présentera à Bruxelles les résultats d’une enquête commandée par l’Union européenne pour mieux cerner les handicaps qui freinent le développement des PME. Si le constat demeure à peu près le même que celui dressé par la Banque mondiale, les enseignement diffèrent quelque peu. PAR ABDELALI DARIF ALAOUI.
68% des PME à fort potentiel de croissance pâtissent du manque d’accès au financement et 58% de la non disponibilité sur le marché local de compétences. A côté de ces deux freins au développement des PME, deux autres ne sont pas à négliger. Il s’agit de l’environnement légal et fiscal (56%) et des problèmes avec les clients et les fournisseurs (44%). La corruption et la concurrence déloyale du secteur informel sont pointées également du doigt par 52% des PME.
Recoupements avec les constats de la Banque Mondiale
Tels sont les principaux enseignements de l’enquête que s’apprête à présenter le 12 février prochain, Hammad Kassal, ancien président de la Fédération PMEPMI à la CGEM à Bruxelles. Cette enquête a porté sur les freins au développement des PME à fort potentiel. Cette étude a été diligentée à la demande de l’Union européenne pour le Maroc par le Pr. Hammad Kassal, mais elle a été également de manière concomitante menée en Égypte, en Tunisie et en Algérie. Au Maroc, elle a concerné une population cible de 125 PME à fort potentiel de croissance dans divers secteurs. La méthodologie adoptée par les enquêteurs s’est basée sur des entretiens directs de 60 minutes. Les face à face ont porté sur six thèmes.
Outre les caractéristiques générales des sociétés et de celles de la main-d’oeuvre, les discussions à bâtons rompus ont concerné les informations financières et comptables, l’environnement des affaires et l’impact des politiques adoptées en faveur des PME. Cette enquête avait été présentée en avant-première à Marrakech devant le Comité des experts qui regroupe tous les pays de la Méditerranée. Sa déclinaison officielle le 12 février prochain à Bruxelles permettra à l’un des principaux bailleurs de fonds de mieux cibler l’emploi des aides, laisse entendre Hammad Kassal. Dans le détail, l’enquête a montré une récurrence de six freins à la croissance qui sont évoqués par plus de 60% de l’échantillon.
Le textile et l’automobile durement touchés
L’analyse des résultats a démontré que 75% des entreprises sondées rencontrent un grand mal à accéder au financement. Une donne qui risque de s’aggraver avec la crise de liquidités que traverse actuellement le secteur bancaire et l’exigence de caution personnelle qui menace le patrimoine personnel du gérant qui opte dans la majorité des cas pour la forme de SARL. Parmi les secteurs les plus touchés on trouve en tête ceux du textile et de l’habillement, de l’imprimerie et de l’édition et de la plasturgie. Autre mal dont souffrent les PME qui ont du potentiel, le manque de personnel qualifié. Selon Hammad Kassal, les principaux obstacles sont liés au manque de personnel ayant des habilités de leadership, de communication ainsi qu’au braconnage de personnel qualifié par d’autres employeurs. Les secteurs les plus touchés sont l’offshoring, les nouvelles technologies de l’information et de la communication et l’automobile.
En outre, et comme relevé par la Banque mondiale, le cadre juridique et fiscal constitue une entrave au développement des PME. 56% des PME interrogées « citent l’enregistrement des terrains, la sécurisation des droits des propriétés, la législation du travail et la législation fiscale » comme freins au développement. La concurrence déloyale du secteur informel et la corruption jettent une chape de plomb sur les relations des PME avec leur environnement. 52% des PME se déclarent concernées par la concurrence des entreprises informelles, les cadeaux informels pour décrocher les marchés publics et les coûts du travail associés à l’embauche d’employés formels. Enfin, les entrepreneurs souffrent des conséquences des accords de libre-échange signés par le Maroc notamment en termes de dumping, de fausses factures et de variabilité de la demande étrangère et des retards de paiement. ■