Hydrogène Vert : le train en marche !
Suite à la réunion de travail, présidée, mardi 22 novembre 2022, à Rabat, par Sa Majesté le Roi Mohammed VI portant sur la mise en œuvre d’une feuille de route nationale de production d’hydrogène vert et ce, au travers d’une « offre Maroc » attractive et incitative, les membres du Cluster Green H2 se sont réunis hier à Rabat pour définir une feuille de route en droite ligne avec les orientations royales.
Depuis la première révolution industrielle, jusqu’à aujourd’hui, l’énergie a toujours guidé l’action économique des différents pays dans le monde. Et dans ce nouveau siècle du capitalisme marqué par l’urgence climatique sur fond de défi énergétique, le choix pour des alternatives de développement durable s’impose aux Etats, ainsi qu’à tous les acteurs qui font vivre le marché. C’est dans ce contexte que la technologie de l’hydrogène vert s’est positionnée ces dernières années comme une véritable solution en réponse aux enjeux liés à la décarbonation des différentes économies. A la récente Cop 27 tenue en Egypte, l’Europe s’est démarquée sur ce sujet, notamment les pays comme l’Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique qui ont annoncé de gigantesques programmes de développement de l’hydrogène vert au sein du Vieux continent.
Au Maroc, cette technologie représente l’avenir. Et la récente réunion portant sur la mise en place d’une « offre Maroc » dans ce secteur est un signal éloquent qui démontre la priorité de cette question au sein des arcanes de gouvernance. Aujourd’hui, tous les acteurs sont mobilisés pour accompagner cette transition au couleur de l’hydrogène. C’est ce fil d’Ariane qui a donc poussé le cluster Green H2 à se mettre en marche en s’inscrivant dans cette ligne droite tracée par la vision royale. En effet, s’est à l’occasion d’une réunion stratégique avec ses membres que cette institution a renouvelé son ambition et surtout sa volonté de porter cet objectif, notamment celui de placer le Maroc dans le club des pays à fort potentiel dans cette filière d’avenir et de militer pour l’émergence d’une « offre Maroc » opérationnelle et incitative, couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur de la filière de l’hydrogène vert.
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Ouvrant la séance de travail, le président du cluster, Mohammed Zniber, a insisté, dans son introduction liminaire, sur le rôle fédérateur du cluster et surtout son objectif, notamment celui d’être la locomotive de cette transition au couleur de l’hydrogène au sein de l’écosystème. Selon ce dernier, cette ambition s’articule autour de trois points clés, qui sont le positionnement du Maroc en tant qu’acteur compétitif (cela passe par une maîtrise des coûts économiques et de la technologie), la mise en place chaque décennie d’un schéma d’évaluation économique et technologique et la valorisation de la technologie du dessalement en tant qu’option de choix dans cette configuration de rareté de l’offre hydrique qui demeure une composante majeure du processus de l’électrolyse.
Zniber a par ailleurs tenu à mettre en lumière les potentielles en termes de pôle industriel, qui peuvent découler de cette filière tant dans le domaine du stockage que du transport de l’hydrogène. De son côté, Hatim Senhaji, le DG de Maghreb Steel, a mis en perspective, lors de son intervention, les enjeux que l’hydrogène représente au sein de l’écosystème de la métallurgie. « Avec une industrie qui est à l’origine de près de 8% de la production de CO2, l’hydrogène se positionne comme une véritable alternative de décarbonatation et de production d’acier vert », explique-t-il.
Une feuille de route en téléchargement
« Le Maroc peut devenir un acteur clé du développement de la filière de l’hydrogène vert au niveau régional et peut capter jusqu’à 4% de la demande mondiale en molécules vertes », explique une étude de Fraunhofer-Gesellschaft, l’institut allemand spécialisé dans la recherche en sciences appliquées. En 2050, elle annonce une part de marché de près de 200 milliards de dollars. Aujourd’hui, à la lumière de ce potentiel sous-jacent, une feuille de route pertinente et ambitieuse s’impose. Et, au sein du cluster, l’heure est à la tâche pour la construction de ce chantier dantesque. Dans son intervention, le vice-président, Badr Ikken à levé le voile sur les points clés de la feuille de route du cluster. Elle s’articule autour de 6 grands axes :
-Le développement d’une filière hydrogène au travers d’une vision à horizon 2030
-La mise en place du schéma directeur d’infrastructure : Transport/Stockage
-La mise en place de cadre réglementaire favorable à l’investissement dans la filiale
-Le développement des capacités électriques et des rendements des énergies renouvelables
-Le développement des solutions de proximité pour une production proches des points de consommation
-Et enfin la question de la croissance de la demande et l’industrialisation de l’électrolyse pour générer des économies d’échelles
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Pour ce dernier, le cluster souhaite se positionner comme une instance stratégique de développement de l’hydrogène. Pour cela, le cluster mise sur une approche concrète : suivre le plan d’action et être à l’écoute des tendances à l’international, former et faire de la recherche afin de développer un socle de compétence et surtout faire émerger un savoir-faire marocain en la matière. Et enfin ils souhaitent mettre en place d’une enveloppe de financement de 7 millions d’euros pour financer des projets d’hydrogène.
Une ambition affirmée !
Selon un rapport de la commission de l’hydrogène, le développement de cette filière sera concrétisé de manière progressive en vue d’assurer une exploitation optimale de l’ensemble du potentiel, aussi bien pour l’économie nationale que pour l’exportation. Le court terme (2020 – 2030), deux piliers seront envisagés pour le développement de l’industrie de l’hydrogène vert au Maroc :
– Le premier étant l’utilisation locale comme matière première dans l’industrie, en particulier pour la production de l’ammoniac vert dans l’industrie des engrais.
– Le deuxième porte sur l’exportation de produits issus de l’hydrogène vert vers des pays engagés dans des objectifs ambitieux de décarbonation. Durant cette période, les coûts des produits de l’hydrogène vert resteraient plus élevés que ceux des produits conventionnels. Le développement de l’industrie de l’hydrogène reposerait sur divers projets pilotes et de développement bénéficiant d’un soutien des pouvoirs publics et d’un financement bonifié des institutions financières nationales et internationales.