Ils sont fous
Abdelilah Benkirane dit à qui veut l’entendre que le gouvernement fonctionne normalement. Pour Chabat, il ne s’agit plus que d’un exécutif expédiant les affaires courantes. Les insultes continuent à fuser de part et d’autre, les menaces aussi. Tout le monde attend le retour du Roi, pour voir quelle sera l’issue de ce cirque.
Il est difficile d’essayer de rationnaliser l’absurde. Cette crise qui couvait depuis des mois pose une question fondamentale : avons-nous une classe politique à la mesure des enjeux de la construction démocratique ? La réponse est un non catégorique.
Benkirane et les siens menacent tout le temps de recourir à la rue alors qu’ils dirigent le gouvernement avec des prérogatives très élargies. Chabat et son appareil veulent tout renégocier et nient les résultats des élections qui ont mis le PJD loin, très loin devant.
Quand le dirigeant Istiqlalien réclame un gouvernement d’unité nationale qui excluerait le PPS, c’est absurde. Le Maroc n’est pas en guerre et il y a diverses formules pour trouver une majorité qui fonctionne et une opposition crédible. Tout ce qui s’écrit, se dit, n’est que de l’écume, désespérant d’une vie politique de caniveau.
Le mode de scrutin, véritable handicap devant la constitution d’une vraie majorité est à changer. Le PJD, avec un scrutin uninominal aurait eu la majorité à lui seul. Etait-ce un bien ou un mal ? Reda Chami, au nom de l’USFP, a raison quand il rappelle « qu’il n’y a pas lieu de craindre la victoire d’un parti quelconque ».
Pour l’instant, il faut sauver la continuité des institutions. Leur crédibilité dépend des acteurs. Ou ceux-ci s’élèvent au niveau de la Constitution, ou les Marocains se détourneront encore plus des instances représentatives. Il n’y a pas de démocratie sans citoyens et ils font tout leur possible pour nous dégoûter de leurs joutes. Un jour, on regrettera une vraie monarchie exécutive. Ce jour là, un jour assurément triste, les Marocains maudiront des politiques sans envergure, qui plombent la démocratie.