Investissement social et équilibres macroéconomiques
Depuis l’arrivée de l’équipe gouvernementale de Benkirane, la rédaction de la Lettre de cadrage budgétaire offre aux lecteurs la possibilité de constater les défis à affronter et les hésitations qui marquent l’affectation des ressources publiques aux différentes composantes de la dépense gouvernementale. Cette année a été marquée par l’arrivée de la Lettre de cadrage dans les délais. Le 6 août a été la date de sortie de cette Lettre du bureau du chef du gouvernement.
Avant de donner ses orientations aux grands ordonnateurs de la dépense et de la recette publique, le chef du gouvernement a fait état des améliorations des comptes de la nation. C’est une première en matière de rédaction de cette Lettre. La dimension donnée au bilan s’inscrit dans une logique politique «hantée» par les échéances électorales. Il fallait rassurer et dire que les perspectives sont bonnes pour continuer sur la lancée des réformes.
Le chef du gouvernement insiste sur les marges de financement qui pourraient résulter des économies au niveau des dépenses de fonctionnement et d’un éventuel effort de réforme de la compensation. Toutes les économies seraient affectées aux projets sociaux «attamassouk al ijtimaî» et aux programmes intégrés et pluriannuels relatifs à la réhabilitation des infrastructures et aux équipements du secteur de la santé.
La réforme fiscale doit être mise au centre du travail visant à élargir l’assiette et à lutter contre tous les dysfonctionnements entachant la recette publique comme la fraude, l’évasion et le secteur informel. Les autres axes de la Lettre de cadrage sont en réalité des appels à plus de discipline dans la gestion des ressources. Les seuls responsables visés par cet appel sont les ministres, et ceux-ci sont en principe engagés dans un programme gouvernemental. Entre les principes de la solidarité gouvernementale et les luttes pour un bon positionnement dans le processus électoral, il serait difficile de pousser les acteurs publics à une plus grande convergence de leurs actions.
Le chef du gouvernement est conscient de l’intérêt des messages de S.M. le Roi et de l’importance d’achever les projets lancés par le Souverain. Son appel est clair au terme de la Lettre de cadrage. Tous les projets doivent connaître une issue à travers la bonne exécution sur le terrain et, partant, la réalisation de la rentabilité attendue. La Lettre du chef du gouvernement ne dit point de mot sur la problématique du raffinage et la lourde facture qui sera engendrée par toute solution à une gestion qui est restée longtemps en dehors du contrôle public.