Irrigation : un autre PPP qui s’éternise à voir le jour
Décidément, les projets de partenariat public-privé (PPP) ont du mal à voir le jour au Maroc malgré l’entrée en vigueur de la « nouvelle » loi 86-12. Et cela n’a pas seulement trait au manque de dossiers traités annuellement par la Commission Partenariat Public-Privé, organe opérationnel majeur de l’arsenal législatif mis en place en la matière à partir de 2015, mais trouve son explication également dans la lenteur de la concrétisation des projets entérinés bien avant la promulgation de la loi 86-12 en fin 2014 !
Aussi, plus de cinq ans après avoir fait l’objet d’une convention de partenariat public privé, le projet d’irrigation à partir du Bassin Hydraulique de l’Oum Rabii ne voit toujours pas le jour et ce, au grand dam des centaines d’agriculteurs issus de la zone côtière atlantique entre Azemmour et Bir Jdid, auxquels il devait bénéficier. Pour l’instant, rien ne filtre sur les raisons du retard de ce projet dont l’enveloppe d’investissement initiale était estimée à près de 366 millions de DH dans le cadre d’une concession de 30 ans accordée à la Société nouvelle Doukkala des eaux (SNDKE),une filiale à 100% de Société nouvelle des conduites d’eau (SNCE), un groupe de BTP qui revendique un chiffre d’affaires consolidé de près d’un milliard de DH (incluant l’autre entité sœur Seprob, connue des casablancais pour être en charge de la construction du pont à haubans de Sidi Maârouf).
Mais, il semblerait de sources proches du dossier, que le concessionnaire a du mal à bien ficeler les paramètres financiers du projet qui consiste non seulement à concevoir et construire les infrastructures d’irrigation (ouvrage de prélèvement, station de pompage d’un débit de 1,3 m3/s, réseau d’adduction de 7,5 km et réseau d’irrigation de 160 km), mais également gérer et exploiter le système en assurant un tarif d’eau d’irrigation qui tient compte de la capacité à payer des agriculteurs (condition pour laquelle l’État met la main à la poche sous forme de subventions).
Ceci, alors que plusieurs autres régions côtières du Maroc qui souffrent de problèmes identiques, à savoir un recul de l’activité agricole à cause de la rareté et de la salinisation des eaux souterraines, seule ressource utilisée pour l’irrigation, ont les yeux braqués sur cette deuxième expérience pilote en 10 ans (après celle d’El Guerdane en exploitation depuis 2009) pour espérer bénéficier de projets similaires.