Joué d’avance ( Par jamal Berraoui )
Morsi est démis de ses fonctions. L’armée avec le soutien de l’opposition, mais aussi des autorités religieuses et plus étonnant, des Salafistes, a mis en place une phase intermédiaire qui ressemble comme deux gouttes d’eau à celle qui prévalait avant l’élection de Morsi.
Est-ce un coup d’Etat ? Oui, même si l’armée y met les formes et assure qu’elle n’a pas d’ambition politique. C’est un déni de la démocratie formelle.
Formelle parce qu’on ne peut réduire la démocratie à une élection, une majorité. Morsi, président légitime, s’est comporté en chef de clan. Il a piétiné toutes les institutions, voulu imposer une islamisation forcée à la société et nié tout droit à une opposition qu’il a réussi à unir. Il est responsable de la division du peuple qui a légitimé l’intervention militaire.
Maintenant c’est de l’attitude des frères musulmans que dépendra la suite. Pour l’instant, ils maintiennent leur attachement à la légitimité et donc leur opposition au processus mis en place. Ce qui ne peut que tirer l’Egypte vers une tension qui peut déraper à tout moment. Car, malgré leur défaite, les frères musulmans restent une force essentielle qui ne peut être exclue de la transition.
L’Egypte a été le premier pays du printemps arabe à connaître une deuxième révolution, il ne sera pas le dernier. Les peuples ont des revendications qui ne peuvent être satisfaites que par une transformation sociale en profondeur. Celle-ci n’est possible que dans le cadre d’une démocratie sociale. Ce n’est ni le projet des Islamistes, ni celui de la majorité des opposants. Il est donc probable que les convulsions s’installent pour une durée indéterminée. La révolution française a mis un siècle pour « s’installer », même si nous vivons une période d’accélération de l’histoire, il est peu probable que l’adéquation entre les aspirations populaires et les politiques menées se réalise rapidement. Or, c’est la condition de la stabilité en période révolutionnaire. L’Egypte n’est pas sortie de l’auberge.
P. S : L’armée a arrêté 300 dirigeants Islamistes, c’est une provocation, qui va dans le même sens parce qu’elle renforce les tentations de violence.