Kalid Ouaya, Directeur général de l’Agence Urbaine Rabat-Salé : L’objectif, c’est l’amélioration du cadre de vie
Quatre ans après sa nomination, nous avons appelé le Directeur de l’Agence Urbaine de Rabat-Salé à un bilan. Il en ressort que celui-ci est positif tant au niveau des réalisations que des projets lancés.
Challenge : Votre 1ère interview a été donnée à Challenge en 2010, quelques mois après votre nomination à l’Agence Urbaine de Rabat-Salé. Nous revenons – pour savoir ce qui a été réalisé depuis.
Khalid Ouaya : Energique, je le suis toujours parce qu’il faut l’être et le reste longtemps si dieu le veut, surtout quand on est dans un domaine comme celui de l’urbanisme dont découle le développement des espaces et dépend celui des personnes, et vers lequel converge toutes les autres activités. Pour ce qui est des réalisations, celles en tout cas liées directement à nos attributions, elles concernent la planification et la gestion urbaines. Et à ce sujet, je renvoie à votre article que vous avez eu la gentillesse de consacrer à notre bilan présenté lors de notre 13ème session tenue le 12 juin dernier ; ce bilan a été jugé ce jour par les membres de notre conseil de positif ! et franchement, il l’est. Pourquoi ? parce que, si vous observez bien notre territoire, toutes les actions qui ont figuré une année ou une autre au plan d’action de l’AURS – avant même que je sois à la tête de cette institution et depuis 2010 que j’y suis – sont soit réalisées, en cours de réalisation ou projetées par les Collectivités Locales à court terme. D’ailleurs, plusieurs des conventions signées ces deux dernières années et plus particulièrement celles signées cette année même, ont pour objet plusieurs de ces actions dont l’objectif majeur est la mise à niveau urbaine de la conurbation par la réhabilitation du tissu ancien (les Médinas de Rabat et de Salé), la protection des espaces verts et naturels, la valorisation du patrimoine architectural de la ville de Rabat en tant que tissu classé ‘’patrimoine universel de l’Humanité’’ par l’UNESCO, la requalification et mise à niveau urbaine des quartiers et avenues de la Préfecture de Salé, le réaménagement des grandes artères de la Capitale, la réorganisation de la circulation et des transports,…lesquels projets sont menés avec les partenaires locaux concernés et visent l’amélioration du cadre de vie des habitants de la conurbation.
C. Y compris ceux de la ville de Témara qui ne relève plus de votre aire d’intervention ?
K.O. Oui, bien sûr ! Ecoutez, il y a moins d’un an, Témara relevait encore du domaine d’intervention de l’AURS. Et si je dis que la logique d’intervention de l’AURS est la cohérence d’aménagement entre toutes les composantes spatiales de la conurbation, Témara en faisait partie et en a bénéficié dans la mesure où les études engagées par l’AURS surtout dans le cadre du Plan d’Aménagement Unifié de Témara, comprennent toutes les dimensions (paysagères, architectural, environnemental,…) à même de garantir à long terme un développement à cette préfecture. Et toujours dans une logique de continuité, toutes ces études ont été confiées à l’Agence Urbaine de Témara que nous avons assistée par la mise à sa disposition des moyens humains et techniques et que nous continuons à assister techniquement quand il s’agit de projets entamés par nos soins et ce, parce que ce territoire m’interpelle en tant que l’un de ses anciens gestionnaires à y prêter une certaine attention, sans m’immiscer dans les affaires de sa gestion. Et urbanistiquement parlant, l’avenir urbain de Témara est indissociable du reste du territoire de la conurbation ! Et toujours dans une logique de complémentarité entre les territoires, pour répondre exactement à votre question, les attentes des habitants de Témara sont considérées et fortement prises en compte dans nos travaux relatifs aux déplacements, transport et circulation, accès aux espaces de détente et loisirs,…car la réussite des aménagements urbains prévus dans nos villes et par les gestionnaires de celles-ci, ne peut être atteinte qu’à travers la prise en compte – chacun en ce qui le concerne – des attentes de l’ensemble des habitants de la conurbation.
C. Vous avez eu en fin 2011, un nouvel organigramme différent de celui des autres Agences urbaines à l’exception de celui de l’Agence Urbaine de Casablanca. Pourquoi cette exception ?
K.O. Dans un registre commercial, quand on produit, cela sous-entend que la production répond aux attentes des clients et est suivie d’une action de vente. Dans le cas de l’AURS, nous concevons des plans d’aménagement (produit) en concertation avec les partenaires concernés et les représentants de la société civile qui bénéficient de ce que leur offrent ces plans d’aménagement comme espace de loisirs, de divertissement, de travail, d’investissement,…Et bien que le taux de mise en œuvre des documents d’urbanisme au niveau national est très faible, la nécessité de rendre les territoires compétitifs s’impose pour créer de la richesse, de l’emploi,… surtout que notre territoire dispose de potentialités diverses valorisées d’abord par les projets urbains structurants inaugurés par SM Le Roi Mohammed VI que Dieu le Glorifie, et ensuite dans le cadre des P.A unifiés élaborés par l’AURS et les études d’aménagement urbain engagées (restructuration urbaine, valorisation du patrimoine, rénovation urbaine,…). Néanmoins, ces potentiels pour contribuer au développement urbain de la conurbation doivent être accompagnés d’investissement, donc d’attraction de capitaux d’investissement car l’Etat à lui seul ne peut pas prendre à charge la réalisation de l’infrastructure de base, des équipements structurants,…Et en tant qu’entité en charge de la planification urbaine de la conurbation et des perspectives de son développement, l’AURS a pris en 2011 l’initiative volontariste d’aborder le Marketing territorial qui consiste en la présentation des opportunités d’investissement disponibles sur le territoire dont elle a la charge, aux corps diplomatiques accrédités à Rabat, aux délégations étrangères qui en expriment la demande, aux sociétés à la recherche de nouveaux territoires d’implantation en raison malheureusement, de l’instabilité de la situation politique dans plusieurs pays voisins et amis.
Aussi, nous nous sommes attelés, d’une part, au renforcement de nos actions de communication par la diversification de nos outils d’information et de vulgarisation à l’attention des partenaires et citoyens (l’ouverture, en 2010, de lignes de contact permanentes avec les citoyens et ce, via le portail institutionnel, prise en compte et traitement des réclamations et/ou suggestions des partenaires et citoyens) ; et d’autre part, à la modernisation de nos pratiques administratives en interne par l’instauration d’un système de travail selon des procédures métiers établies dans le cadre du SMQ mis en place au sein de l’AURS, avec le respect du principe de l’écoute-client à travers le lancement d’une enquête de satisfaction des clients annuelle auprès des partenaires immédiats et corps de métiers (architectes et topographes privés,…) en vue de mesurer le niveau de leur satisfaction et répondre à leurs attentes. De même, l’AURS a, dans le cadre des travaux du Comité National de l’Environnement des Affaires (CNEA), été chargée du
pilotage du groupe travaillant sur l’axe ‘’Amélioration de l’accès au foncier & urbanisme’’. Chose qui a été suivie en 2011, de la présentation par l’AURS, au siège de la Banque Mondiale en juillet 2011 et auprès des membres du CNEA, des réformes engagées en matière de simplification des procédures relatives à l’obtention des autorisations de construire.
D’ailleurs, M.Nizar Baraka, Ministre de l’Economie et des Finances, a invité l’AURS – en ma modeste personne – pour être présent à la conférence de presse donnée en octobre 2011 afin d’annoncer les performances réalisées par le Maroc et son classement en tant que Top Réformateur dans le ‘’Rapport du Doing Business 2011’’. Sans oublier bien sûr, que l’AURS s’est vu décerner le ‘’Prix d’Encouragement Emtiaz 2011’’, ouvrant ainsi la voie à la concurrence devant toutes les Agences urbaines.
Toutes ces réalisations, aux côtés des missions de planification et de gestion urbaines qui incombent à l’AURS, lui ont valu – par reconnaissance implicite des instances compétentes en l’occurrence, le Ministère de l’Economie et des Finances qui appuie nos efforts – le mérite d’un nouvel organigramme qui, d’ailleurs a pris en compte les perspectives de développement de cette entité qui dispose aujourd’hui d’un département dédié à la réalisations d’opérations foncières et d’aménagement urbain pour justement prendre directement part au façonnage de l’espace urbain auprès de l’ensemble des intervenants publics et privés.
C. Quel en est le bilan ?
K.O. Nous avons pu engager plusieurs études – comme j’avais signalé tout à l’heure, avec nos partenaires qui visent l’offre d’un espace de vie conviviale aux habitants. Mais pour entamer l’urbanisme opérationnel, nous comptons au titre de 2014 sur une enveloppe budgétaire dédiée à ce domaine. Par ailleurs, et grâce à la confiance de tous nos partenaires que je remercie vivement, l’AURS a eu l’approbation des membres de son Conseil d’administration, réunis le 12 juin dernier pour percevoir un pourcentage (à définir en commun accord avec les parties concernées) du coût global des projets d’aménagement pour la maîtrise d’ouvrage assurée par l’AURS au profit des communes qui lui demandent ce service ; c’est en quelque sorte des frais sur service rendu qui vont nous permettre d’augmenter les ressources propres, chose que nous avons accueillie comme un cadeau fait à l’AURS à l’occasion de son 20ème anniversaire qui a coïncidé avec la tenue de cette 13ème session.
C. Qu’en est-il de la dématérialisation des services ?
K.O. Heureusement, l’AURS a pris très tôt conscience, en 2001, avec la première version de son portail institutionnel, de la nécessité d’être sur la toile. Mais y être, n’en est pas seulement le but. Car, ce qui importe le plus, c’est y être efficacement. En d’autres mots : cela veut dire ‘’être connectée’’ ce qui implique, primo, la mise à jour de ce portail et son enrichissement en données et informations, et secundo, la réactivité avec les internautes qui sont pour notre cas, les partenaires et citoyens qui font appel à l’AURS pour les services en rapport avec ses missions, à savoir : l’état d’avancement des Plans d’aménagement, le traitement des demandes de note de renseignements, des requêtes et des dossiers de demande des autorisations de construire, de lotir ou de morceler. Toutes les demandes en rapport avec ces volets sont traitées aujourd’hui à distance et ce, depuis le 22 novembre dernier, jour du lancement de la 5ème version de ce portail disponible en version arabe, amazighe et allemande (anglaise en cours), avec une version mobile en arabe et en français. Le renforcement de l’offre en services dématérialisés concerne :
PV en ligne (Procès Verbal) des résultats des travaux des commissions chargées de l’examen des dossiers de demande d’autorisation, avec indication de l’avis de chaque membre de la commission ;
NR en ligne comme service complètement dématérialisé (demande, paiement et enfin, réception du document en question) ;
Enquête de satisfaction en ligne ;
Réclamations en ligne ;
Prise de RDV en ligne.
Plus encore, nous sommes dans une action d’information proactive par la mise à disposition des rapports d’activité annuelle sur le site web de l’AURS et ce, avant même que la loi du Droit d’Accès à l’Information ne soit votée.
C. J’ai appris que vous allez bientôt entrer dans le monde de l’édition. Est-ce vrai et comment ?
K.O. C’est un peu trop dire ! Mais plutôt, la contribution à l’enrichissement de la documentation sur la conurbation par l’édition d’un livre, pour justement combler un besoin en ouvrage complet retraçant l’évolution urbaine de la conurbation de Rabat-Salé-Skhirat-Témara, et que nos partenaires vont découvrir très bientôt. Je dis ‘’partenaires’’, parce que c’est à eux que cet ouvrage est destiné en premier lieu comme une référence documentaire, sachant que le nombre d’impression ne dépasse pas les 200 exemplaires.
C. Et le grand public ne pourra-t-il pas en profiter ?
K.O. Je veux bien, mais nos moyens ne nous le permettent pas. Par contre, si un sponsor se propose de le rééditer, j’en serais plus que ravi !
Propos recueillis par R.A.