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La classe moyenne a du mal à se loger

Malgré ses moyens, la classe moyenne n’arrive pas à trouver une offre immobilière répondant à ses attentes. Que ce soit à Casablanca, à Marrakech, Rabat ou Tanger, elle se sent totalement exclue des programmes immobiliers.   

La classe moyenne a du mal à se loger. Et ce n’est pas faute de moyens. Les avis des opérateurs sont unanimes sur le sujet : il y a une déconnexion absolue entre l’offre et la demande dans le marché immobilier. « Il y a vraiment une inadéquation entre les besoins de cette frange de la population et l’offre qui existe », fait remarquer Anice Benjelloun, secrétaire général adjoint de la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI). Aujourd’hui, la majeure partie des opérateurs ont d’importants stocks d’invendus, pourtant on assiste à l’émergence d’une classe moyenne qui a les moyens de se loger décemment.

Selon les statistiques, la valeur des actifs immobiliers stockés aujourd’hui dépasse les 2 milliards de DH. « Souvent l’offre disponible ne s’adresse pas à cette frange de population parce que les prix ne sont pas abordables, par rapport à ses moyens », confie Anice Benjelloun, estimant que les mesures qui avaient été promues par l’ancien gouvernement en direction de cette classe sociale ont échoué.

D’ailleurs, les professionnels et autres acteurs du secteur ont, en effet, établi un check-up de la situation actuelle du secteur immobilier marocain, qui traverse un cycle de ralentissement, après une longue période d’euphorie, il y a encore une dizaine d’années, lors d’une rencontre organisée à Casablanca le 4 décembre dernier.

Pour sa part, Mohamadi El Yacoubi, ex-président et fondateur du Cercle des fiscalistes du Maroc (CFM), qui préside actuellement la Commission Investissement et Compétitivité et la Commission juridique & Mode alternatif de règlement des conflits de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), estime que le Marocain est plutôt demandeur en logement de moyen standing, économique ou économique plus, alors que les opérateurs ont développé pendant des années des villas et des appartements à partir de 30.000 DH le m2.

La FNPI appelle à des concertations

« Cette offre est hors de leur pouvoir d’achat. Et, c’est aux opérateurs d’adapter leurs offres aux besoins de la clientèle », ajoute-t-il. C’est le même constat que fait Karim Amor, vice-président de la FNPI. « Cette classe n’a pas encore sa place dans cet espace de structuration de l’immobilier et de gestion du parc de l’immobilier au Maroc. À force de pousser et d’encourager d’autres segments de logements, dont le Maroc a certainement besoin, notamment le social et le logement pour les classes défavorisées, cette cible a été oubliée », soutient-il.

Rappelons qu’en 2013, le ministère de l’Habitat a mis en place un dispositif fiscal spécialement dédié à la classe moyenne. «Malheureusement, cette initiative n’a pas encore connu un grand succès», reconnaît Nabila El Merini, directrice de la promotion immobilière au ministère de l’Habitat. Pour corriger le tir, ce département travaille actuellement, dans le cadre de son plan d’action, à la mise en place d’une approche et de nouveaux outils visant à élargir la production de nouveaux logements en faveur de la classe moyenne.

Mais, il y a aussi un problème d’incitation. Car, de nombreux opérateurs estiment que sur l’axe Marrakech-Casablanca-Rabat-Tanger, il est quasiment impossible de proposer des appartements à 6 000 DH le m2, correspondant aux attentes de cette classe. Aujourd’hui, tous les acteurs appellent à une concertation et des partenariats en vue de mettre en place des programmes précis pour répondre à l’urgence des besoins de la classe moyenne.

Dans ce sens, la FNPI exhorte l’ensemble des acteurs (architectes, bureaux d’études, promoteurs immobiliers, ministère de l’Habitat, celui de l’Intérieur…) à se réunir pour sortir des propositions concrètes, et aussi de mettre en place les conditions nécessaires pour répondre efficacement à ce besoin. 

 
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