La CNSS se penche sur les TIC et la bonne gouvernance
L’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC) et une gouvernance efficace sont impératives pour fournir des services de sécurité sociale de qualité, à l’heure où les besoins et les attentes ne cessent de croître. C’est la principale thématique de la 15ème conférence internationale de l’Association Internationale de la sécurité sociale (AISS), dont les travaux ont été ouverts mercredi 18 avril 2018 à Casablanca.
L’économie numérique transforme rapidement la façon de vivre, de travailler et d’organiser les sociétés. C’est pour cette raison que les moyens à disposition des institutions de sécurité sociale pour relever les défis en matière sociale ont été choisis pour être au cœur des discussions de cette conférence à laquelle prennent part, pendant trois jours, plus de 350 représentants de 80 pays. Les participants ont fait observer qu’une « utilisation réfléchie » des nouvelles technologies telles que l’intelligence artificielle, les données massives et les technologies de la chaîne de blocs (blockchain) peuvent améliorer l’administration de la sécurité sociale à bien des égards, de sa capacité à offrir un soutien adapté et en temps opportun (en communiquant avec les clients) au recouvrement des cotisations et au financement. Ils ont en outre relevé que la technologie peut en particulier jouer un rôle essentiel pour offrir une couverture de sécurité sociale à une main-d’œuvre de plus en plus mobile, notamment par l’intermédiaire de plateformes numériques.
En outre, dans les pays à la population vieillissante, les nouvelles technologies peuvent encourager la mise en œuvre de systèmes de soins à long terme s’appuyant sur des dispositifs médicaux et des assistants intelligents disponibles à domicile. Cependant, les administrations de la sécurité sociale doivent en même temps relever d’importants défis tels que la cybersécurité, ainsi que la protection des données et de la vie privée. Puisque la compréhension, l’expansion et l’amélioration de l’utilisation des TIC dans la sécurité sociale jouent un rôle de plus en plus important, désormais les TIC ne sont plus seulement l’affaire des spécialistes, ont-ils ajouté. « Les décisions relatives à l’utilisation des TIC revêtent par ailleurs une importance stratégique pour les organisations et doivent focaliser toute l’attention des dirigeants et des cadres supérieurs des institutions de sécurité sociale » ont-ils plaidé.
Ouvrant les travaux de cette conférence, Mohamed Yatim, ministre de l’Emploi et de l’Insertion professionnelle, a mis en exergue les efforts déployés par le Maroc dans le domaine de la sécurité sociale et la politique du royaume en matière de digitalisation, enclenchée depuis plusieurs années pour se mettre au diapason de la transition numérique. Dans un contexte de révolution technologique et numérique sans précédent, « les modèles qui fonctionnent actuellement seront bientôt dépassés laissant place à d’autres plus innovants et inattendus », a-t-il poursuivi. Selon le ministre, cette conférence offre une « précieuse occasion » pour insister sur le rôle et l’importance majeurs des TIC dans le domaine de la sécurité, et échanger autour des grands thèmes à l’ordre du jour, dont le big data et l’intelligence artificielle, et leurs impacts sur le secteur de la sécurité sociale. « Une bonne gouvernance des TIC garantit que les investissements dans ces technologies seront utilisés avec efficacité afin de réaliser les objectifs de la sécurité sociale », a-t-il fait remarquer, ajoutant que « malgré les nombreux acquis dans ce domaines, des défis persistent encore et cette conférence a pour principal but de formuler des suggestions et des solutions ».
Pour sa part, Hans-Horst Konkolewsky, secrétaire général de l’AISS, a souligné que « le développement et l’innovation n’ont jamais été aussi rapides, et les institutions de sécurité sociale doivent faire preuve de flexibilité et de souplesse pour s’adapter à l’évolution des besoins ». Cette conférence aura pour principaux objectifs de définir le rôle des TIC dans le façonnement de l’avenir de la sécurité sociale, mais également d’identifier le rôle des dirigeants et des cadres supérieurs dans la gouvernance des TIC, a-t-il déclaré. Il s’agit également de mettre en valeur l’impact des technologies de pointe sur la sécurité sociale, discuter de la façon dont l’innovation peut faire évoluer les standards et les solutions communes et présenter des expériences et des démonstrations sur l’utilisation des TIC dans le cadre de la sécurité sociale, a-t-il ajouté.
De son côté, Saïd Ahmidouch, directeur général de la CNSS, a indiqué qu’à l’ère du big data et du cloud computing, les institutions de sécurité sociale ont intérêt « plus que jamais » à exploiter les possibilités qu’offrent les TIC et à prendre « la juste mesure » de l’impact de ces dernières sur la gestion des établissements de sécurité sociale. « Ce qui mérite d’être relevé, c’est que bien que les programmes d’extension de couverture nécessitent l’utilisation d’outils administratifs complexes et le recours à des procédures longues et coûteuses, les institutions de sécurité sociale ont pris le train en marche et ont procédé depuis plusieurs années à l’automatisation et la digitalisation de leurs processus administratifs », a-t-il dit.
Cette conférence, à laquelle participent les représentants des organismes de sécurité sociale en provenance de différents pays du monde, d’organisations internationales, d’organisations spécialisées, est organisée par l’AISS à l’invitation de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), en collaboration avec les organismes membres de cette Association au Maroc à savoir le Régime collectif d’allocution de retraite (RCAR), la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG), la Caisse interprofessionnelle marocaine de retraite (CIMR), l’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM) et la Caisse des retraites (CMR).