Abdelilah Benkirane, s’il est sensible aux symboles, ne doit pas se sentir très à l’aise. Devant le Parlement, il s’est attaqué aux femmes d’une manière très rétrograde, en les traitant de lustres. La volée qui s’en est suivi était très méritée, d’autant plus que dans le même discours, il a signifié que la place naturelle de la femme était la maison. 

Il a reçu une première réponse royale lors des causeries du Ramadan. Une femme théologienne, a été invitée à retracer le rôle des femmes dans l’histoire du Maroc. De Nafzaouia, Saïda Al Horra à Malika El Fassi, elles sont des dizaines à avoir joué un rôle important dans l’histoire de la nation marocaine.

Et puis, il y a la Fête du Trône. Cette année, le Souverain a choisi de décorer les Marocains et étrangers qui ont brillé dans le domaine du savoir. Il y avait presque la parité. Devant les yeux de Benkirane ont défilé les Marocaines au cursus impressionnant au Maroc, mais aussi à l’étranger. Elles sont reconnues dans leur domaine, pour leurs compétences. Et puis, le hasard a voulu que les notes exceptionnelles au baccalauréat ont été obtenues par des jeunes filles, comme un écho à Benkirane, lui prouvant qu’il se trompe d’avenir, que celui choisi par le pays, imposé par la modernité s’inscrit dans l’égalité.

La promotion des droits de la femme, est l’un des axes fondamentaux des quinze ans de règne. Il n’y a pas que le code de la famille, qui consacre l’égalité des époux, limite la polygamie et protège les intérêts de la femme en cas de divorce. Il y a une véritable approche globale qui va du soutien à la scolarisation de la petite fille aux nominations aux plus hautes responsabilités.

Les Associations féministes ont soutenu avec ferveur la nouvelle constitution, parce qu’elle fait de l’égalité une valeur intangible. Elles s’appuient sur les choix du Roi, la charte fondamentale, pour faire avancer leurs revendications. C’est une caricature que de croire que celles-ci se réduisent à la discrimination positive au sein des instances élues. Il y a un arsenal juridique à modifier et des mentalités à changer. 

La symbolique de la Fête du Trône, symbole du renouvellement du contrat entre l’institution monarchique et la Nation a pris, cette année, des couleurs féminines.

Les femmes décorées sont l’expression d’une réalité, celle de la réussite des Marocaines dans différents domaines, où elles atteignent  l’excellence. Souvent issues de milieux modestes, elles ont fourni d’énormes efforts pour y arriver. L’école publique a joué un grand rôle dans cette quête, faut-il souligner avec force.

Le chemin est encore long, mais le cap est fixé et le grand Timonnier, l’institution monarchique et celui qui l’incarne, tient bien le gouvernail.

La femme marocaine investira l’espace public et imposera l’égalité parfaite. C’est le sens de l’histoire, n’en déplaise à Benkirane et aux autres réactionnaires.