La fin du syndicalisme par ( Jamal Berraoui )
La FDT explose. Elle a déjà été très proche de la scission à l’issue de son dernier congrès. Fatihi majoritaire à l’époque, voulait détrôner Azzouzi contre l’avis de l’ancien Bureau politique. Les choses ont évolué depuis. Fatihi et Iwi, patrons du syndicat enseignant, sont dans le camp de Driss Lachgar, Azzouzi et ses soutiens dans celui de Zaïdi. La scission est consommée, il y a deux bureaux nationaux qui se disputent à coups de gourdin les locaux.
Parce que les centrales syndicales, à part l’UMT, n’ont pas réussi à préserver leur autonomie, le respect du cadre, importent des luttes partisanes qui les éloignent de leur vocation première, la défense des intérêts des travailleurs.
Pourtant, la nouvelle direction de l’USFP avait adopté une nouvelle ligue consistant à soutenir toutes les centrales syndicales « militantes » et à sortir du dogme du syndicat maison, du bras syndical. Cela a duré trois mois, avant que les vieux réflexes ne reprennent le dessus.
Ce contexte syndical a deux conséquences. La première c’est que le nombre de syndiqués ne cesse de diminuer et que des organisations catégorielles ont vu le jour sans lien avec les centrales, voir contre elles. La seconde c’est que l’exécutif a fermé la porte à un véritable dialogue social prétextant la « politisation » des syndicats.
Ces deux tendances ne peuvent que s’approfondir. La crise sociale profonde ne s’exprime pas à travers des centrales qui, au-delà de leurs propres turpitudes, subissent la dégradation de l’image des partis dont ils ne sont qu’un appendice. Ce n’est une bonne nouvelle pour personne. Car les mécontentements, les revendications finiront par s’exprimer. Et il est à craindre que cela soit dans le désordre et l’anarchie, avec toutes les difficultés de les contenir en dehors de tout encadrement.
Malheureusement, on n’assiste à aucune tentative de remodeler le paysage syndical, la promesse Usfpéiste ayant fait « pshitt ». Si l’UMT avait assuré un minimum de démocratie interne après le décès de Mahjoub, elle aurait pu récupérer son statut de véritable syndicat ouvrier. Pour l’instant, les couples PJD-UNTM, USFP-FDT, CNI-CDT, PI-UGTM, sont des liens incestueux qui ne présagent qu’une faillite commune des politiques et des syndicalistes. Avec quels outils va-t-on construire la démocratie ?