La musique dans le son
Le festival Gnaoua d’Essaouira (12-15 juin) a tenu ses promesses avec une programmation alléchante et un public qui a massivement répondu présent.
Cette dix-septième édition avait tout pour séduire, ce qui n’a pas été démenti. Le ton est donné en ouverture avec le jazzman violoniste Didier Lockwood. Ses envolées menées d’archet de maître ont saisi, laissé le public coi. A ses côtés, le batteur et directeur artistique du festival Karim Ziad et Foulane au ribab. En fusionnant avec Maâlem Hassan Boussou, il se plie à des règles d’une autre sphère. Tagnaouite est décidément une étendue ouverte aux plongeons les plus périlleux. Et cela a le secret de se transformer en communion, en une espèce de nirvana souvent atteint. Autre exemple de cet improbable devenu signature du festival Gnaoua Musiques du Monde, les allers-retours entre Maâlem Abdeslam Alikane et les Français Sefarat al Khafaa. Moments troublants d’émotion que l’assistance consomme sans modération. Le deuxième soir, la place Moulay Hassan offre un tableau aux motifs d’une autre teneur. Le Martiniquais Mario Canonge déploie ses doigts sur un clavier habitué aux mélanges des plus époustouflants. Jadis cofondateur de l’ensemble Ultramarine auquel participe Mokhtar Samba, il dialogue, le temps d’une fusion, avec Maâlem Mohamed Kouyou. Le samedi tant attendu ne manque pas de faire vibrer grâce à des poids lourds. Il y a d’abord le show mouvementé du Franco-libanais Ibrahim Maalouf qu’une partie du public a déjà applaudi au dernier Jazzablanca. Il joue comme un boxeur cogne. Sa trompette répandant le quart de ton fait à elle seule l’effet de fusions. Mustapha Baqbou prend magistralement le relais cédant ensuite la place au bassiste technique Marcus Miller. La soirée s’achève avec une timide fusion entre les deux. Hamid El Kasri clôt dimanche la nouba pendant que plusieurs festivaliers empruntent leur chemin de retour. n