La nouvelle dimension du Maroc
La visite Royale en Afrique a suscité beaucoup de commentaires et quelques remous au sein des chancelleries. Nous sommes en face d’une véritable annonce du Maroc comme acteur incontournable en Afrique.
A
u Mali, il a été question d’économie, mais aussi de stabilité. Le président Malien a lui même insisté sur le rôle de facilitateur du Roi, dans le cadre du dialogue avec les groupes rebelles non affiliés à Al Qaïda. Mezouar, le ministre des Affaires étrangères a rappelé l’attachement du Maroc à l’intégrité territoriale du pays ami. Le porte-parole du MNLA, le mouvement touareg a lui aussi salué les efforts du Maroc pour une issue négociée.
Le discours d’Abidjan est tout simplement historique. S.M le Roi a rappelé que de nos jours, la diplomatie n’a plus uniquement pour but de renforcer les relations politiques, mais que les enjeux économiques priment. Devant le forum Maroco-Ivoirien, le Roi a plaidé, avec force pour une coopération Sud-Sud en rupture avec l’Afro-pessimisme. Dans ce discours, on peut ressortir plusieurs idées-force.
D’abord, que les relations diplomatiques doivent être évaluées en termes d’efficacité, de crédibilité, sur la base de critères objectifs. L’important étant les retombées sur le niveau de vie des populations. Ensuite, le souverain a dit clairement « il n’y a plus de chasse gardée », allusion directe à quelques diplomates qui n’ont pas compris que le continent Africain a changé.
La fin des illusions
Le Maroc a repris toute sa place sur le continent Africain. Le poids de l’histoire est important mais n’explique pas tout. C’est la vision développée depuis une décennie qui a permis cette percée diplomatique importante. Rabat a dépassé le conflit du Sahara, pour proposer aux pays du continent une coopération tous azimuts. Sans aucune ingérence dans les affaires intérieures des Etats, le Maroc soutient la stabilité, les démarches démocratiques. On l’a vu au Mali, en République Centrafricaine et auparavant au Congo Kinshasa. Le Maroc assume toutes ses responsabilités sécuritaires, politiques et humanitaires.
Cette nouvelle dimension irrite au plus haut niveau l’Algérie. Elle a bâti toute sa diplomatie sur l’illusion de couper le Maroc de ses racines africaines. Cette stratégie est aujourd’hui un échec total. C’est le Roi du Maroc qui intervient au Mali, pourtant pays frontalier de l’Algérie. Commandeur des croyants, l’on se tourne vers lui pour promouvoir l’Islam des lumières contre celui de l’intolérance. Le communiqué final de la visite d’Etat royale à Washington fait expressément référence à ce rôle. C’est dire si l’offre marocaine, globale, réfléchie, crédible suscite l’intérêt des grandes puissances.
Mais à part les illusions algériennes, certains opérateurs français voient eux aussi leurs schémas s’effondrer. Ils sont restés dans l’esprit des relations avec l’Afrique telles qu’elles ont pu être vécues le siècle dernier. Pourtant, il leur suffit d’élargir leur vision pour comprendre tout l’intérêt qu’ils ont dans une coopération triangulaire. Dans tous les pays visités par le souverain, des dizaines d’accords ont été signés. Les entreprises marocaines, les banques sont déjà implantées. Des projets d’envergure dans le domaine de l’habitat, du tourisme sont lancés. Tous ceux qui pensent, comme le Maroc, que l’Afrique a un avenir, ont leur place dans cette démarche. Mais comme l’a dit Sa Majesté «il n’y a plus de chasse gardée».