L'édito

La pauvreté n’est pas une fatalité

Le 17 octobre est devenu, depuis 1987, une journée internationale pour l’élimination de la pauvreté. Des centaines de milliers de personnes s’étaient rassemblées à Paris, au palais Trocadéro, là où l’assemblée générale des Nations Unies a adopté, en 1948, la déclaration universelle des droits de l’homme. Ce rassemblement avait pour but de dénoncer l’extrême pauvreté, inséparable de la violence et de l’injustice sociale.

Au cours des deux dernières décennies, le Maroc a officiellement déclaré la guerre à cet «ennemi universel». La pauvreté est une réalité observable et quantifiable. Si les multiples approches convergent au niveau de la description de ce phénomène, il n’en est pas de même au niveau de l’explication. D’où des divergences, voire parfois des oppositions antagoniques, lorsqu’il s’agit du traitement de la pauvreté.

Certains considèrent la pauvreté comme étant une fatalité. Leurs actions sont fondées sur une logique caritative. D’autres perçoivent ce phénomène comme étant naturel. Pour ces derniers, le pauvre mérite l’état dans lequel il est. Là aussi, il est juste question d’atténuer, alléger les souffrances, sans espérer éliminer la pauvreté. Sont mis en place des mécanismes institutionnels pour gérer la pauvreté, la cantonner dans des «limites supportables».

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Enfin, une autre approche essaie d’expliquer ce phénomène dans ses causes, en vue de proposer des solutions radicales. Dans cette approche, il est question de s’attaquer aux causes structurelles générant la pauvreté. Parmi ces causes, figurent les inégalités sociales structurelles. La faillite de l’école en est une illustration. Celle-ci n’assure plus une égalité des chances et ne joue plus le rôle d’«ascenseur social». Avant d’être technique, ces solutions radicales contre la pauvreté sont de nature politique.

Au Maroc, les pouvoirs publics, dans la lutte contre la pauvreté, semblent avoir opté pour une approche éclectique traduisant un difficile compromis. Ainsi, la logique fataliste fleurte avec le «réalisme pragmatique», mais aussi avec des approches sociologiques explicatives prônant des actions d’éradication de la pauvreté, et s’inscrivant dans des objectifs de transformation sociale. C’est notamment le cas du principal chantier stratégique qu’est la généralisation de la protection sociale.

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L’action solidaire de l’OCP, en Afrique, est aussi un exemple qui va dans le sens de l’éradication de la pauvreté à travers le renforcement de la sécurité alimentaire. Mais, parallèlement, la refonte du système de santé demeure inscrite dans un dualisme qui fait obstacle à l’accès équitable aux soins. Il en est de même des établissements scolaires dont la stratification actuelle comporte des risques de forte résistance à la réhabilitation de l’«école de l’égalité des chances». C’est là un déficit de cohérence qui reste à combler.

 
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