La recette de Belmokhtar pour initier les jeunes à l’entrepreneuriat
Formation professionnelle. Le ministre de l’Education nationale et de la formation professionnelle veut inculquer la fibre entrepreneuriale aux jeunes marocains dès le collège. Parmi ses mesures phares, la mise en place d’un baccalauréat professionnel visant à former des profils bien adaptés à l’entreprise. par Roland Amoussou
Pour Rachid Belmokhtar, il faut absolument arrêter l’hémorragie. L’école marocaine ne doit plus former des candidats pour le chômage. Elle doit dorénavant répondre aux besoins des entreprises, puisque ce sont elles qui créent l’emploi. En clair, le ministre veut inculquer la fibre entrepreneuriale aux jeunes marocains, dès le collège. Sa stratégie vise surtout à stimuler l’auto-emploi chez les jeunes, lorsqu’on sait que le chômage chez les jeunes a atteint un niveau alarmant. La dernière livraison du Haut Commissariat au Plan(HCP) montre que le taux de chômage des jeunes âgés de 15 à 24 ans est passé de 18,6% à 19,3% en 2013. Une situation que les observateurs du marché de l’emploi attribuent à l’inadéquation entre l’offre et la demande, dans la mesure où les profils demandés par les entreprises ne sont pas forcément ceux disponibles sur le marché. L’école doit donc revoir son rôle. Mais pour ce faire, il lui faut toute une réadaptation. «La réforme de l’éducation doit permettre de transformer l’école marocaine », a assuré Rachid Belmokhtar, ministre de l’Education nationale et de la formation professionnelle, lors de son intervention à la Chambre française de commerce et d’industrie du Maroc (CFCIM), le 5 février. « La nouvelle école marocaine doit pouvoir offrir équitablement à tous les citoyens une éducation et une formation de qualité, leur permettant de se projeter sur l’avenir », a-t-il ajouté. Rachid Belmokhtar entend mettre un accent particulier sur la formation professionnelle. «La formation professionnelle est une voie de réussite. Mais, la seule manière de réussir ce défi, c’est de commencer à parler métiers aux enfants très tôt, c’est-à-dire dès le collège », a expliqué le ministre.
Une orientation précise dès le collège
La refonte du système éducatif en cours, prévoit que dès la première année, une cellule d’orientation, qui va permettre à l’élève, ne pouvant pas poursuivre un long cursus de l’enseignement général, de commencer très tôt une formation professionnelle, limitant, de cette manière, le décrochage scolaire. L’autre mesure de Rachid Belmokhtar, c’est le baccalauréat professionnel. C’est un baccalauréat, à l’esprit nouveau, dont les programmes sont définis par les entreprises », a précisé le ministre. L’objectif de ce « BAC pro » est de former des profils bien adaptés à l’entreprise. Soulignons que quelques expériences dans ce genre ont déjà commencé à germer sur le terrain, notamment concernant les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique et de l’exploitation agricole. A titre d’exemple, l’Amica(Association marocaine pour l’industrie et le commerce de l’automobile) et l’OFPPT (Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail), relevant du ministère de la Formation professionnelle ont signé, en marge de la 4ème édition de l’Automotive Meetings de Tanger tenue du 29 au 31 octobre 2014, une convention de partenariat, visant à adapter et développer l’offre de formation professionnelle initiale et continue dans le secteur de l’automobile et accompagner les dispositions du Plan d’accélération industrielle. Nul doute que ces conventions sont amenées à s’élargir à d’autres secteurs comme l’industrie, de façon générale, les services, le tourisme etc. Soulignons aussi que le ministère, en collaboration avec la fondation de Bank Al Maghrib, a lancé un programme d’initiation à l’entrepreneuriat et à l’esprit d’entreprise, suivi par 75000 jeunes. Rappelons que l’objectif de ce programme, qui est soldé chaque année par un concours entre les différentes écoles, est de permettre aux participants de créer une entreprise. Ce programme va progressivement être généralisé à toutes les régions du Royaume.