Blog de Jamal Berraoui

La rente : cet ennemi ( Par Jamal Berraoui )

Une commission créée par le Conseil de la ville de Casablanca, afin d’évaluer le patrimoine de la métropole a publié son rapport. Choquant, très choquant. La commission note d’abord qu’elle n’a pas eu la collaboration des fonctionnaires concernés, qu’elle n’a pas retrouvé une partie des fonds de dossiers et que des pages entières des registres étaient déchirées, rendant difficile voire impossible tout contrôle.

Sur ce qu’elle a pu analyser la commission évalue à un milliard de dirhams par an, le non-perçu par le Conseil de la ville. 

Un lieu historique, la Sqala, était loué à 750 dirhams par mois, les experts en tenant compte des investissements effectués, évaluent ce loyer à 60 000 dirhams par mois, le Paradise est loué à 12 000 dirhams par mois, des villas sur Zerktouni sont louées à 150 dirhams par mois, un ancien vice-président Kemmou loue un terrain sur lequel il a installé une station service à 1 000 dirhams, un membre actuel occupe plusieurs milliers de mètres carrés etc….La plupart ne paient même pas les prix symboliques.

Un milliard de dirhams par an, il y a de quoi rénover les voieries, faire de l’animation culturelle, rendre Casablanca un peu plus viable. Mais les choses ne sont pas aussi simples. Il faut des décisions, puis des jugements et enfin obtenir l’exécution de ces jugements. Même pour le Conseil de la Ville ce n’est pas chose aisée, surtout si l’on sait que les rentiers ont de la ressource.

Il y a un moyen de l’aider : la mobilisation populaire. Il faut que les casablancais manifestent leur refus de ces situations de rente, de l’accaparement des biens publics, que les ONG se saisissent de ce dossier qui promet des surprises encore plus grandes.

Ce n’est pas une situation purement casablancaise. Dans toutes les villes du Maroc le scandale s’affiche. Tout ce qui est public est bradé. Des terrains municipaux, des parkings, des campings font l’objet de contrats léoniens quand ils existent. A Casablanca seuls 67 parkings sont légalement loués à des prix symboliques, tout le reste, c’est-à-dire des milliers sont sauvages. Pourtant tous les automobilistes passent à la caisse, chaque fois qu’ils stationnent.

Il faut donc une véritable volonté politique pour remettre les compteurs à zéro. Cela décuplerait les recettes des collectivités locales et leur permettrait de mieux assurer les services publics à leur charge. Une commission nationale pour répertorier tous les biens, réévaluer les loyers et s’assurer de l’acquittement. Le ministère de l’intérieur a les moyens humains pour le faire.

Quant aux bénéficiaires il s’agit rarement d’indigents. Sur le boulevard des FAR, un immeuble fait partie des loyers au rabais. Il n’est occupé que par de grandes entreprises !

 
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