La SAMIR travaille pour ses créanciers
Désormais, la charge d’intérêt représente 125% de sa marge brute d’exploitation, ce qui est loin d’être un bon signe. En social, c’est le changement de méthode comptable qui a permis d’afficher des résultats en légère amélioration. Mais les ventes sont en forte baisse.
L
e raffineur Samir s’est fait une santé que l’on peut qualifier de purement comptable. En effet, grâce à un changement de méthode de comptabilisation de certaines charges, la société a pu améliorer ses produits d’exploitation de 58% à 951 millions de dirhams..
D’après les analystes de BMCE capital Bourse, «ces reprises seraient consécutives principalement au changement de la méthode prospective de comptabilisation des charges futures relatives au grand entretien au profit d’une activation des charges à engager réellement et répartition sur la période habituelle de réalisation du grand entretien, soit 5 ans». L’impact du changement de méthode comptable serait de 179 millions de dirhams. C’est pourquoi la provision qui avait été constatée pour ces travaux a été annulée à hauteur de ce montant.
Quoi qu’il en soit, cette nouvelle méthode a permis à la Samir d’afficher un résultat d’exploitation qui ne recule que de 7,8% à 494 millions dirhams. Autant dire que n’eut été ce changement, le résultat d’exploitation aurait été de 315 millions de dirhams, marquant ainsi une baisse de 41,2%, en droite ligne de l’évolution des autres indicateurs.
En effet, sur le plan commercial la Samir ne s’en sort pas très bien à cause d’un concours de malheureuses circonstances. En effet, la consommation nationale de produits pétroliers a fortement baissé, reculant même de 8% par rapport à la même période de l’année 2012. Un malheur n’arrivant jamais seul, les importations de produits raffinés par les distributeurs concurrents du raffineur ont augmenté de 30% sur cette période. C’est ce qui a naturellement occasionné une baisse de ses ventes de plus de 13% à 3,1 millions de tonnes seulement. De ce fait, les revenus sociaux de la Samir ont reculé de 17,8% à 22,6 milliards de dirhams. Néanmoins, soulignent les analystes de BMCE capital Bourse «l’orientation négative des ventes sur le marché local a été toutefois atténuée par la hausse de 23% des écoulements à l’export».
Dans le résultat de la Samir, le volet financier est particulièrement suivi, compte tenu du poids de la dette. Mais cette année, on commence à sentir les effets des efforts entrepris par le raffineur, notamment auprès de partenaires internationaux, mais aussi et surtout de l’évolution favorable des produits des titres de participations. Ainsi, le déficit financier est passé de 274 à 220 millions de dirhams, grâce notamment à la hausse de 23% de ces produits de participations à 102 millions de dirhams.
C’est donc grâce à des éléments n’ayant pas forcément un caractère récurrent que la Samir a pu afficher un résultat net en amélioration. La capacité bénéficiaire du raffineur s’est appréciée de 17,3% à 221 millions de dirhams.
Concernant l’endettement, l’inquiétude des analystes est très marquée dans la faible autonomie financière de la société matérialisée par le poids des fonds propres par rapport aux sources de financement et qui n’est que de 23,2% contre 25,4% une année auparavant.
Le niveau d’endettement est en forte augmentation de 21,1% à 18,9 milliards de dirhams. De ce fait, le gearing atteint 330,7% contre 292,7% à fin juin 2012. La Samir voit se dégrader sa capacité de remboursement de la dette. La charge d’intérêt est devenue largement supérieure à l’excédent brut d’exploitation, ce qui veut dire qu’à partir de ce premier semestre, la Samir ne travaille que pour rémunérer ses créancier. Ainsi, les intérêts représentent 125% de son EBE contre 46% à la même période de l’année dernière.